Longue vie au français mauricien!

Article : Longue vie au français mauricien!
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21 février 2015

Longue vie au français mauricien!

Peut-être que certains d’entre vous, chers lecteurs, resteront perplexes à l’opinion que j’exprime dans ce billet. Pas de panique car cela est tout à fait normal. Et pour cause, en cette Journée internationale de la langue maternelle, j’ai choisi de célébrer l’une des miennes : le français mauricien!

L’Ile Maurice est un pays multilingue où se côtoient plusieurs langues diversement pratiquées, chacune ayant des valeurs sociales et/ou symboliques bien distinctes. Tout cela m’a fascinée et c’est naturellement que j’ai choisi de me spécialiser en sociolinguistique à la fac. Le français mauricien se situe dans un continuum linguistique qui va du créole mauricien au français standard – comprenez par là français de France, voire de Paris, voire encore des médias parisiens….

 

Le continuum linguistique dans lequel se trouve le français mauricien.
Le continuum linguistique dans lequel se trouve le français mauricien.

Bien que plusieurs de mes compatriotes pensent que le français mauricien n’existe pas, j’opte pour l’inverse. Il existe bel et bien avec son accent, ses particularités lexicales et ses expressions types. Le français mauricien est loin d’être une entité figée. Au contraire, c’est avec beaucoup de liberté et de fluidité que cette langue s’enrichit d’emprunts. C’est avec tout autant de liberté, d’intelligence et de facilité que les Mauriciens se baladent entre les deux pôles du continuum, selon les interlocuteurs et les contextes – parlant tantôt un créole francisé, tantôt un français créolisé!

Quant à moi, c’est avec une mari fierté et avec beaucoup de malice que je parle le français de mon île. Une phrase type serait : « Ayo j’ai mari faim! Attends-moi au bus-stop un coup, je vais acheter une paire de dholl-puri, je reviens. »

Un incontournable de la cuisine mauricienne: le dholl-puri.
Un incontournable de la cuisine mauricienne: le dholl-puri.

Et j’entends déjà la réaction de certains puristes de mon île et d’ailleurs qui s’offusquent : « Mais quelle est cette phrase ? Ce n’est pas du vrai français! On n’utilise pas cela en France! »

Et alors? On est à l’Ile Maurice et je revendique le droit d’utiliser le français de mon pays. Une langue vivante, croustillante et, au combien, amusante!

De plus, la question du pseudo vrai français, se révèle être une véritable boîte de Pandore que je préfère ne pas ouvrir. Par exemple, en quoi est-ce que le basque, le français mauricien, le français québécois ou le breton seraient de faux français ? Voire moins français que le vrai français?

En cette Journée internationale de la langue maternelle, je n’aurais pu trouver meilleure plateforme que Mondoblog! N’ayons pas honte de nos langues. Parlons-les! Célébrons ensemble leur richesse, ainsi que la richesse de la diversité linguistique créolophone et  francophone!

Longue vie aux langues!

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Commentaires

rima
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Tout mon respect et mon admiration pour votre attachement à votre langue maternelle et bravo pour le billet.

Elorac
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Merci beaucoup Rima!