14 septembre 2016

Ile Maurice : le rêve d’une certaine démocratie

En ce 15 septembre 2016, le monde célèbre la journée internationale de la démocratie. Lancée en 2007 par l’Organisation des Nations Unies (ONU), cette journée a pour but de sensibiliser l’opinion publique sur les valeurs de la démocratie et de promouvoir celles-ci.

Selon l’ONU, ‘La démocratie est une valeur universelle qui suppose que les peuples choisissent leur propre système politique, économique, social et culturel, en exprimant librement leur volonté, et qu’ils aient voix au chapitre en ce qui concerne tous les aspects de leur existence ».

En tant que citoyenne et membre de la société civile, je me devais d’écrire ces quelques lignes. Non pas que je veuille gloser sur ce qu’est ou sur ce que devrait être une démocratie en 2016. Encore moins que je veuille pavaner et archi-présenter mon pays en exemple de démocratie ou en contre exemple de démocratie. Mes collègues journalistes le font déjà très bien, en double, triple ou quadruple lecture. Mon propos sera donc une opinion en toute subjectivité.

Démocratie. La dernière fois que j’ai utilisé ce mot remonte à juin 2016, lors d’échanges avec des amis Britanniques sur le Brexit. J’avais alors été émerveillée par leurs propos et par le sentiment de fierté qui en émanait: «Ce choix marque le retour de la démocratie au Royaume-Uni» ou encore «C’est la démocratie qui s’est exprimée». Je me suis alors demandé s’il m’était déjà arrivé de m’exprimer de la sorte. La réponse: non.

Certains pourront, certes, mettre en avant l’exemple des élections législatives mauriciennes. Mais est-ce bien là le résultat d’un véritable exercice démocratique ? Quand on sait que les primaires sont quasi inexistantes dans le système politico-électoral mauricien et que ce sont les leaders des partis politiques qui choisissent les candidats aux législatives (bien souvent selon leur nom et/ou appartenance ethnique), on peut se permettre quelques questions…

Un petit détour par l’étymologie nous rappelle que le mot démocratie vient du grecque dêmos (« peuple ») et kratos (« pouvoir »). Dans le cas mauricien, le peuple dispose-t-il réellement du pouvoir? Ou se contente-t-il simplement de transvaser, au gré de ses griefs, ce pouvoir aux récipiendaires autoproclamés (souvent peste ou choléra)? La nuance entre ces deux questions est subtile. Peut-être l’est-elle un peu moins aux Mauriciens familiers aux expressions  »pouvwar dan nou la main » et  »pa less pouvwar sap dan nu la main ».

«Ce choix marque le retour de la démocratie à l’Ile Maurice». Cette phrase illustre, à mes yeux, le rêve d’une certaine démocratie. Si je ne l’ai, jusqu’ici jamais prononcée, je souhaite bien le faire un jour. Espérer si fort et rêver quelque fois d’un… référendum ! Ça y est, le gros mot est lâché. Oui, pourquoi ne pas laisser les Mauriciens s’exprimer et décider d’eux mêmes sur des thèmes relatifs à l’avenir de leur pays.

Cependant avant de monter sur mes grands chevaux, une étude analytique de la constitution locale s’impose, et des questions se posent. La société civile mauricienne est-elle, dans son ensemble, suffisamment mature et consciente de son pouvoir pour se lancer dans un exercice de référendum?

Mieux, notre système politico-électoral sclérosé, avec ses symptomatiques et dynastiques papa-piti (comprenez par là père-fils, ou quand le poste de Premier ministre serait une affaire d’héritage familial), bénéficierait-il d’un tel exercice? Oui. Non. Le débat est ouvert.

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