Influenceurs et suiveurs 

Article : Influenceurs et suiveurs 
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23 juin 2019

Influenceurs et suiveurs 

Influenceur. Voici un terme à la mode depuis quelques années déjà. Qui sont ces influenceuses et influenceurs ? Ceux qui ne payent ni leurs billets d’avions, ni leur paire de baskets dernier cri, ni leurs nouvelles paires de fesses, ni leurs séjours tout-compris dans de luxueux 5-étoiles. Ce billet tentera de traiter le thème des influenceurs d’un autre angle.

Vous attendiez à lire le Top 10 des meilleurs influenceurs de New York, de l’Ile Maurice ou de Paris ? En ben, vous allez être déçus. Je laisse le soin à mes confrères et consœurs du marketing, ainsi qu’à Instagram, Facebook et Youtube, de vous présenter la liste des influenceurs tout beaux, tout chauds.

La genèse de ce billet découle plutôt d’un re-tweet. Celui-ci :

En réaction au re-tweet ci-dessus : tweets de joie et de félicitations, et désir de découvrir qui sont ces fameux 15 influenceurs, mais aussi une petite discussion pour voir dans quelle mesure l’influenceur en question influençait. Pour ma part, j’ai tout de suite eu envie de savoir qui avait compilé ce Top 15 ! Résultat : une compagnie spécialisée en transport et livraison de colis.

Rien de surprenant, puisque que le but des influenceurs, et des marques qui les chaperonnent, est de vous faire consommer toujours plus, et de vous faire acheter des choses venues de toujours plus loin et toujours plus différentes, car vous avez envie de vous dé-marquer. Et oui, vous avez une sacro-sainte horreur de ressembler à toutes vos pâles copies qui pullulent sur Instagram – qui soit dit en passant, sont influencées par les mêmes influenceurs que vous… Bref ! Il y a de quoi devenir chèvre !

Qui dit influenceurs, dit implicitement… influençables ! Dans son livre L’art d’influencer : analyses des technique de manipulation, Mucchielli (2009) nous explique que : « Toute communication constitue une tentative d’influence. »  Les phénomènes d’influence, de persuasion, de propagande, et de manipulation, seraient donc consubstantiels à la communication. Alors, parlons-en des influençables, de ceux qui « subissent » les influenceurs.

Parlons-en de cette masse d’individus comme vous et moi, ces « suiveurs »… Ah oui, c’est vrai que c’est plus tendance de dire « followers » plutôt que « suiveurs ». En effet, il y a un petit côté mouton de Panurge dans le mot « suiveur ». Selon le Larousse, un Mouton de Panurge est une personne qui modèle sa conduite sur celle du plus grand nombre, qui suit aveuglément l’exemple des autres. Le mouton étant réputé pour être un animal peu intelligent, on emploie aujourd’hui l’expression suivre comme un Mouton de Panurge pour désigner une personne qui se plie à un règlement sans réfléchir à son bien fondé. Peu flatteur !

Certes, le fait d’être influenceur mode, beauté, cuisine, etc. est aujourd’hui devenu un métier à part entière qui peut rapporter des millions. Cependant, j’ai eu, pour ma part, bien du mal à démontrer mon émerveillement quand une fille a proclamé, non sans une pointe d’arrogance : « Mon job c’est influenceuse ! J’ai 950,895 followers sur Instagram et 300,900 sur Facebook ! ». Et j’ai encore plus de mal avec les « Woah félicitations! C’est génial », de circonstance.

Dans la vraie vie, le fait d’être un suiveur, un influençable, est souvent connoté négativement. Tout comme le sont les notions de persuasion, de propagande, et de manipulation, qui portent souvent un implicite négatif. Alors pourquoi accepter, en ligne, d’être un « influençable » ? Et pire, pourquoi être béat devant l’influence qu’un individu exercerait sur nous ?  Et ainsi concéder une part de notre esprit critique à autrui ?

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Commentaires

Benjamin Yobouet
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Joli billet !

C’est un thème d’actualité, que j’ai traité également sur mon blog.

Bien à toi,

Elorac
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Bonjour Benjamin et merci pour ce commentaire! J'ai beaucoup aimé ton billet aussi. Comme tu le dis si bien, être suivi sur la toile ne fait pas de nous des influenceurs ou des coachs.

PASCAL ET MARIE
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Bon sujet malheureusement toujours d'actualité, en 2004 le PDG de TF1 déclarait que son métier était "d'aider Coca-Cola" et de "vendre du temps de cerveau" aux annonceurs. Le but ultime de la télévision, c'est de mettre au repos le cerveau des téléspectateurs pour mieux leur imposer la publicité !!!