Le Brexit, c’est chic ?
Le « Vieux Continent » a retenu son souffle. Le 23 juin, les Britanniques ont voté contre le maintien de leur pays au sein de l’Union européenne (UE). Le Brexit l’a emporté.
Fin du suspense ! Le Royaume-Uni a voté pour sa sortie de l’Union européenne (UE). 51.9 % se sont prononcés pour le Brexit et 48.1% contre. La campagne en vue du #EUReferendum, comme il est connu sur les réseaux sociaux, a cristallisé l’attention des médias du monde entier. Des déclarations chocs de l’ancien maire de Londres Boris Johnson, en passant par des rumeurs les unes les plus farfelues que les autres, c’est surtout l’assassinat de la député travailliste Jo Cox qui a fait la une des médias internationaux.
Maintenant que les dés sont jetés, de nombreux experts détailleront tous les enjeux et effets économiques du Brexit. Je ne m’y hasarderai pas, préférant céder la plume à mes ami(e)s journalistes. Je me suis plutôt intéressée à ce qu’en pensent certains jeunes adultes. Au lendemain du vote en faveur du Brexit, voici les opinions à chaud de trois jeunes actifs britanniques :
Nick : «Ce choix marque le retour de la démocratie au Royaume-Uni»
«Je n’ai pas voté car je n’ai pas pu le faire. Si un citoyen britannique vit hors du Royaume-Uni pendant plus de 15 ans, il ne peut pas voter. Cependant, je me suis assuré à ce que ma famille vote, et vote pour quitter l’UE.
Je suis très heureux du Brexit. Ce choix marque le retour de la démocratie au Royaume-Uni. Nous ne serons plus gouvernés par des bureaucrates européens que nous n’avons pas élus et auxquels nous ne sommes pas redevables. Le Parlement britannique et la loi britannique ont retrouvé leur souveraineté.
A l’issue de ce vote, rien ne changera pour moi personnellement. Cela n’a jamais été une question d’immigration ou d’économie. Tout cela n’a été qu’un écran de fumée propagé par les colporteurs de peur : les pro UE et les Européens. Par contre, cela a toujours été une question de démocratie. Aujourd’hui, le Royaume-Uni est à nouveau un pays indépendant et souverain.»
Jana: « Ils ont regardé ma couleur de peau et en ont jugé que je n’étais pas Britannique.»
«J’ai voté et toute ma famille l’a fait. C’était crucial d’avoir notre mot à dire pour le futur de notre pays. Ce vote et ce référendum étaient plus importants que les élections législatives de l’an dernier. Cela s’est aussi vu au niveau national, car le taux de participation au référendum tourne autour des 72 %, contre 66 % lors des législatives de 2015.
Je suis surprise, mais heureuse des résultats. Ma famille et moi avons voté pour la sortie de l’UE. Tout en gardant leur religion et leur culture, mes parents se sont activement intégrés à la société britannique, et ils nous ont éduqués, mon frère et moi, de sorte à ce qu’on en fasse de même. Notre nationalité britannique est très importante à nos yeux, et elle est compatible à notre ethnicité, à notre foi et à notre culture.
Au cours de la campagne, je considérais que celle du « remain » prédominait. Il y avait comme une connotation associée au Pro-Brexit: implicitement, si vous votiez pour le Brexit, vous seriez raciste, anti-immigration et vous condamneriez le Royaume-Uni à un sombre futur. Je pensais que cela empêcherait les gens de voter pour le Brexit, mais cela n’a pas été le cas.
Je ne suis pas raciste ou anti-immigration, mais je suis d’avis qu’il est temps pour nous de prendre nos propres décisions et d’agir à notre avantage, au lieu de servir de valet à l’Europe. Ironiquement, le seul racisme dont j’ai été victime ces dernières années vient d’individus de l’Europe de l’Est. Ils ont regardé ma couleur de peau et en ont jugé que je n’étais pas Britannique.
Je ne m’attends pas à ce que le Brexit ait des effets immédiats dans ma vie. Notre sortie prendra deux ans et il y a tellement de travail à faire en vue de s’assurer que nous avons une infrastructure qui supporte notre nouveau statut indépendant. J’essaie d’ignorer la rhétorique des Pro-UE. Je la trouve plus émotionnelle qu’intellectuelle ou factuelle. Par exemple, des citoyens âgés de la vingtaine qui blâment ceux de la soixantaine et qui les rendent responsables du Brexit. 52 % de notre population n’a pas plus de 60 ans.
Personnellement, j’ai constaté que certains citoyens britanniques d’origine immigrée ont déclaré que c’était hypocrite de voter pour le Brexit. Ils le considèrent comme un acte anti-immigration. Cependant, aucune de ces personnes, à l’exception d’une petite minorité, ne se considère comme Britannique, et encore moins comme Européenne. Elles s’accrochent à leurs ancestral labels : Indien, Punjabi, Pakistanais etc.
Peu importe comment les gens ont voté, nous avons tous une même responsabilité: nous assurer que le pays progresse de la meilleure façon qui soit. Après tous, c’est la démocratie qui s’est exprimée – un thème mis en avant par les deux camps.»
Tom: «Je pensais que la majorité voterait rationnellement et je suis déçu.»
«J’ai voté car c’est mon droit. J’espère que nous ne regretterons pas notre choix. Cela m’inquiète si les gens ont voté pour des raisons plus liées à la xénophobie, qu’à des décisions économiques rationnelles. Le sectarisme prévaudrait-il, alors qu’il est à peine déguisé sous forme de contrôle aux frontières?
Je pensais que la majorité voterait rationnellement et je suis un peu déçu. La campagne du « Leave » gravitait autour du contrôle aux frontières. Je ressens comme une connotation de mauvais goût. Je pense que c’est une tentative de retour au temps de l’Empire britannique. Mais le problème est que nous n’avons plus d’Empire, le monde est bien plus différent. Et faire les choses seul sera délicat. »
Entre surprise, satisfaction et déception, les avis divergent. Un merci chaleureux à ceux qui ont bien voulu partager leurs opinions et ressentis. Je retiendrai un mot: démocratie. Oui, la démocratie s’est exprimée et son opinion se doit d’être respectée.
Le Brexit, c’est chic ? Les années à venir nous le diront.
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