Madame ou mademoiselle ?

Article : Madame ou mademoiselle ?
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20 juillet 2018

Madame ou mademoiselle ?

Madame ou mademoiselle ? A mon grand regret, c’est une question à laquelle j’ai très souvent eu droit à l’Ile Maurice, essentiellement en milieu professionnel. Je n’ai jamais compris non seulement ce besoin de s’immiscer dans la vie personnelle des gens (surtout des femmes !), mais encore moins ce besoin d’autrui d’enfermer les gens dans une boîte. Bref !

Madame ou mademoiselle? Crédit: HCE.
Madame ou mademoiselle? Crédit: HCE.

Lorsque l’on me posait la question, j’avais ainsi pris l’habitude de rétorquer, le plus sérieusement du monde, «Et vous ça va ? Vous avez fait l’amour hier soir ?». Fermé le caquet ! Un beau soir, lors d’un dîner professionnel à l’Ile Maurice, j’étais assise à côté d’un collègue néo-zélandais. Une autre variante de la charmante question lui avait été posée, soit : êtes-vous marié ? Sa réponse : «I’m married if you want me to.» Une fois de plus, fermé le caquet !

A l’oral, ça va, on peut user et abuser de notre sens de répartie. Mais à l’écrit, comment faire ? Surtout, comment faire quand le fameux «Madame ou mademoiselle» est institutionnalisé dans la communication publique, dans les formulaires administratifs à remplir, etc ? Le problème ne se pose pas à New York d’où j’écris ces quelques lignes, mais le thème m’est revenu à l’esprit en écoutant une émission de RFI sur l’aspect sexiste de la langue française.

On dit rarement d’un homme qu’il est « hystérique ». Normal, ce bel adjectif a la même racine que le mot « utérus ». C’est un truc de nana de s’énerver et de parler trop fort ! Les exemples comme celui-ci sont légions. L’une des intervenantes à cette émission était Françoise Vouillot, du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les homme (HCE). Certes c’est un peu en  retard, mais j’ai été tellement heureuse d’apprendre que le HCE avait publié un Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe.

Comme j’ai été assez déçue de ne pas connaitre l’existence de ce guide plus tôt, j’ai donc décidé d’en partager les 10 recommandations avec vous :

1. Éliminer toutes expressions sexistes
2. Accorder les noms de métiers, titres, grades et fonctions
3. User du féminin et du masculin dans les messages adressés à tous et toutes
4. Utiliser l’ordre alphabétique lors d’une énumération
5. Présenter intégralement l’identité des femmes et des hommes
6. Ne pas réserver aux femmes les questions sur la vie personnelle
7. Parler «des femmes» plutôt que de «la femme », de la «journée internationale des droits des femmes » plutôt que de la «journée de la femme» et des «droits humains» plutôt que des «droits de l’homme»
8. Diversifier les représentations des femmes et des hommes
9. Veiller à équilibrer le nombre de femmes et d’hommes
10. Former les professionnel.le.s et diffuser ce guide.

Et voilà ! A travers ce billet tout simple, j’espère contribuer à la diffusion de ce guide très bien fait, à faire évoluer les mentalités et à lutter contre les stéréotypes de sexe. A vous de jouer !

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Commentaires

Serge
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c'est vrai que quand on dit mademoiselle, on prie toujours pour qu'on ne nous réponde pas :"pardon, c'est madame."

Warda
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Moi je veux être madame le Ministre, le Docteur, le Préfet. Je veux être un auteur et un journaliste, un médecin. Je ne comprends pas l'utilité de féminiser les fonctions. Il n'y a pas de neutre en français. Et ça induit le fait qu'une auteure, ou une autrice, ce n'est pas pareil qu'un auteur; pareil pour la Préfète (qui jusqu'alors était la femme du Préfet) Pour moi, c'est de la peinture rose pour cacher la misère : combien de femmes accèdent à ces fonctions, et combien parmi elles sont payées autant qu'un homme à compétences égales ? Ce n'est pas la langue en elle même qui est sexiste, mais ceux qui la parlent... Par ailleurs, si c'est rare, l'hystérie masculine, ça existe aussi. Quand un ignare parle d'hystérie, je lui réponds qu'il est emménagogue. Quant à "Présenter intégralement l’identité des femmes et des hommes" et "Ne pas réserver aux femmes les questions sur la vie personnelle" : je crois que c'est même une question d'éducation, de bonnes manières...