Ile Maurice : 250 ans pour le cimetière de l’Ouest

Article : Ile Maurice : 250 ans pour le cimetière de l’Ouest
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7 décembre 2021

Ile Maurice : 250 ans pour le cimetière de l’Ouest

L’année 2021 marque les 250 ans du cimetière de l’Ouest, l’un des plus vieux cimetières de l’Ile Maurice. Les rares célébrations se sont faites quelque peu tardivement, soit depuis le mois de novembre. Même si l’année 2021 arrive à sa fin, il m’est important de marquer cet évènement d’une pierre blanche. Suivez-moi pour un voyage dans le temps !

Cimetière de l’Ouest
Cimetière de l’Ouest. Photo: Elorac.

1999. Mort subite de ma tante Joyce. C’est à l’aube de l’an 2000 que l’enfant que j’étais découvre le Cimetière de l’Ouest, à Port-Louis. A cette époque, je ne réalisais pas que la plupart des pierres tombales de ce cimetière me précédaient de plus de deux siècles. Du haut de ses 250 ans, le cimetière de l’Ouest est un témoin de tout un pan de l’histoire mauricienne. Un trésor inestimable.

Stèle commémorant les 250ans du Cimetière de l’Ouest. Photo : Elorac.
Stèle commémorant les 250ans du Cimetière de l’Ouest. Photo : Elorac.

Le Cimetière de l’Ouest doit son existence à François-Julien du Dresnay, dit Chevalier des Roches ou Desroches, officier de marine et administrateur colonial français du XVIIIe siècle. Desroches fut nommé gouverneur des Isles de France et de Bourbon (actuelles Ile Maurice et Ile de la Réunion) le 22 juillet 1768. Il quitta la France en mars 1769 et arriva à l’Isle de France le 6 juin 1769. Deux des premières missions du Gouverneur Desroches, comme en témoigne le livre d’Adrien D’Epinay (1890), est l’alignement des rues de Port-Louis, ainsi que le déplacement du cimetière du centre-ville vers la périphérie.

Extrait du livre d’Adrien D’Epinay. Photo: Elorac.
Extrait du livre d'Adrien D'Epinay.
Extraits du livre d’Adrien D’Epinay (1890). Photo: Elorac.

C’est ainsi que le Gouverneur Desroches créa le cimetière de l’Ouest en janvier 1771. Depuis décembre 1772, le jardin de la Compagnie, dit de l’enfoncement – car trop marécageux, cesse d’être un cimetière.

Le Gouverneur Desroches séjourne à l’Isle de France jusqu’au mois d’août 1772. Il est succédé par M. de Ternay, qui est installé dans ses fonctions de gouverneur, le 24 août 1772. Pour la postérité, Desroches a laissé son nom à une rue de Port-Louis, mais c’est surtout le cimetière de l’Ouest qui est associé à l’ancien gouverneur de la colonie.

La rue Desroches à Port-Louis. Photo: Elorac.
La rue Desroches à Port-Louis. Photo: Elorac.

Anciennement appelé cimetière du Fort-Blanc, le cimetière de l’Ouest est toujours en activité et s’étend sur un espace de 14 arpents. Il contient près de 60,000 tombes, dont certaines des plus anciennes de l’île. D’ailleurs, c’est ce que j’aime beaucoup dans ce cimetière : son grand âge.

Déambuler au milieu de ces tombes centenaires et se dire qu’elles sont celles des premiers habitants de l’Ile Maurice, et aussi des premiers Mauriciens (premières personnes à être nées dans la colonie) procure le sentiment d’un voyage dans le temps. C’est comme un livre ouvert sur tout un pan du passé de l’Ile Maurice. Nous y trouvons de nombreuses tombes de grands tribuns, mais aussi l’héritage tangible du travail remarquable des artisans et tailleurs de pierre. Découverte en photos.

1. Les épitaphes romancées

Les épitaphes gravées dans la pierre sont les marques d’une époque. Nous découvrons, grâce à elles, la vie et le parcours de tous ces gens venus de Chandernagor, de Lorient, de Paris ou de Portsmouth. Les épitaphes du 18e, début 19e,étaient très poétiques et romancées, comme en témoignent quelques-unes de mes épitaphes préférées !

Epitaphe sur pierre tombale
Epitaphe sur pierre tombale. Photo: Elorac.
Epitaphe sur pierre tombale
Epitaphe sur pierre tombale. Photo : Elorac

2. Le travail remarquable des artisans et des tailleurs de pierre

Outre les épitaphes, ce sont bien d’autres éléments qui sont gravés en relief sur la pierre basaltique des anciennes tombes. Symboles maçonniques, bouquets ou couronnes de fleurs, ornements, têtes de mort. 250 ans plus tard, tous ces éléments en parfait état témoignent du talent et du savoir-faire des artisans et tailleurs de pierre d’antan.

Magnifique gravure dans la pierre, d'un crâne posé sur des tibias croisés, soit la fameuse « tête de mort »! Photo: Elorac.
Magnifique gravure dans la pierre, d’un crâne posé sur des tibias croisés, soit la fameuse « tête de mort » ! Photo : Elorac.
Gravure pierre-Cimetière de l’Ouest
Gravure pierre-Cimetière de l’Ouest

3. Les tombes de grands personnages

Le cimetière de l’Ouest est la dernière demeure de bon nombre de grands tribuns, ceux qui ont écrit l’histoire de Port-Louis, voire de l’Ile Maurice. Ce sont souvent de véritables monuments funéraires qui leur sont érigés en hommage, illustration, une fois de plus, du savoir-faire des artisans de l’époque. Parmi les monuments impressionnants figure celui de Sir Lionnel Smith, gouverneur de la colonie de 1840 à 1842.

La splendide tombe de Sir Lionnel Smith, gouverneur de la colonie de 1840 à 1842. Photo: elorac.
La splendide tombe de Sir Lionnel Smith, gouverneur de la colonie de 1840 à 1842. Photo: Elorac.

Prosper D’Epinay (1780 – 1856), Procureur général de Maurice, est aussi inhumé au Cimetière de l’Ouest. S’il est connu pour la lutte qu’il a menée pour empêcher la libération des esclaves sans indemnité pour les propriétaires, c’est tout de même lui, qui, en 1835, proclama le texte de loi sur l’abolition de l’esclavage. Prosper D’Epinay présenta aussi une loi permettant de corriger sur les registres de l’état civil, les patronymes de la honte infligés par des propriétaires à leurs anciens esclaves. Il est le demi-frère d’Adrien D’Epinay (1794 – 1839), dont la statue est au jardin de la Compagnie.

Prosper D'Epinay proclama le texte de loi sur l’abolition de l’esclavage en 1835. Photo: Elorac.
Prosper D’Epinay proclama le texte de loi sur l’abolition de l’esclavage en 1835. Photo: Elorac.

La tombe de Charles Henry Leal (1829 – 1883), journaliste et rédacteur en chef de La Sentinelle, est aussi un très beau monument. Aux côtés d’autres grands noms de l’île tels que Remy Ollier, Evenor Hitié et Onésiphe Beaugeard, Charles Henry Leal est de ceux qui ont âprement lutté pour l’émancipation des gens de couleur. Fin polémiste, il aura contribué à défier les monopoles de l’époque et à jeter les bases de la liberté d’expression à l’Ile Maurice!

Charles Henry Leal journaliste et rédacteur en chef de La Sentinelle
Charles Henry Leal journaliste et. rédacteur en chef de La Sentinelle
Photo: Elorac.
Photo: Elorac.

Référence

D’EPINAY, Adrien (1890) : Renseignements pour servir à l’histoire de l’Île de France jusqu’à l’année 1810, inclusivement; Nouvelle Imprimerie Dupuy.

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