Le parasite
Se faire parasiter. Cela peut arriver à n’importe qui, sans que l’on s’en rende compte. Mais alors comment reconnaître un parasite ? Voici quelques pistes.
Parasite. Non non, je ne vous parle pas du film éponyme du Coréen Bong Joon-ho qui a remporté la Palme d’Or à Cannes en 2019. Même s’il y a carrément de cela. Et effet, nul besoin d’aller jusqu’en Corée du Sud pour rencontrer des parasites, puisque ces personnes pullulent ! Que ce soit volontairement ou pas, on en a presque tous fait la désagréable expérience.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, définissons ce qu’est un parasite. Selon l’étymologie, le mot « parasite » viendrait du latin « parasitus », lui-même provenant du grec « parasitos ». « Parasitos » est composé du prefixe « para- », qui indique « à côté de » (ex. paramilitaire, parapharmacie, etc) et de « sitos », qui signifie, « grain semé », et donc par extension nourriture. Littéralement, le parasite est donc quelqu’un qui prend la nourriture d’à côté.
Dans les faits, le parasite se nourrit de son hôte ou au dépend de celui-ci. A l’Ile Maurice, nous avons une expression en créole qui retranscrit ce phénomène : le bater bis. Cette expression peut être littéralement traduite par «frapper l’autobus », soit faire quelque chose de bien inutile, et désigne un pique-assiette et/ou un profiteur. Cependant, le parasitage ne se limite pas uniquement à la nourriture, bien au contraire ! Il contaminera toutes les sphères de la vie quotidienne, car le parasite ne sait et ne souhaite rien faire par lui-même. Le parasitage peut donc être un véritable mode de vie. Alors comment reconnaitre un parasite ? Voici 5 pistes !
- Aucune personnalité
Aidons-nous tout d’abord de la biologie ! Dans le monde animal, le parasite s’arrête souvent aux mollusques, insectes, tiques ou poux. Il n’existe pas de mammifère parasite. Ce dernier est donc en général un invertébré. C’est la même chose dans la « vraie vie », car un parasite est un être qui n’a pas de colonne vertébrale ! Comprenez par là que c’est quelqu’un qui n’a aucune personnalité, et qui est inapte à assumer des responsabilités, à prendre des décisions ou à planifier pour l’avenir. Incapable de faire preuve d’originalité ou d’avoir sa propre opinion, il se contente bêtement de suivre et de copier ou répéter ce que font, disent ou pensent les autres.
Le cadeau que vous avez offert à votre neveu ? Il achètera exactement le même au sien. La bouteille que vous lui avez acheté à Noel ? Il offrira la même à ses amis venus d’Australie. Vous imprimez un menu pour les grands repas ? O surprise, le parasite en fera de même ! Vous suivez des cours de coréen ? Il vous copiera.
- L’illusion du connaisseur
Bien que n’ayant aucune personnalité, le parasite a généralement une très haute opinion de lui-même. Il se prend pour quelqu’un qui a accomplit beaucoup dans son existence et se permet ouvertement de juger les autres. « Pourquoi es-tu en retard dans ta vie ? » est le genre de phrases assassines que le parasite assène. De plus, l’apparence et le luxe comptent énormément pour lui. Grandes maisons de pâtisserie, grandes marques de champagne, de voiture, de vin, de vêtement… le parasite ne jure que par cela ! Il aime se donner des airs de connaisseur. Or, quand on gratte le vernis, on réalise que ce n’est qu’illusion ! Le parasite ne mène pas grand train de vie. Bien au contraire, il ne fait que parasiter celles et ceux qui, eux, le mènent ! La nuance est subtile, mais capitale. De plus, le parasite peut simultanément avoir plusieurs hôtes : amis, sœurs, petites-amies, partenaires, parents, etc.
- J’achète, tu payes
Vous l’aurez compris, le parasite est un profiteur qui vit aux dépends d’autrui. Il « parasite » le train de vie de son hôte, sauf qu’il n’a pas les mêmes moyens que ce dernier ! Et là, je pense que vous voyez où je veux en venir… je parle d’argent bien sûr. Si vous êtes en couple avec un parasite, celui-ci ne va pas hésiter à vous saigner à blanc. Au départ vous vous dites que c’est normal de régler la facture à deux, ou que ce soit vous qui payiez la totalité de montant de temps à autre. Cependant, le parasite va rapidement imposer cela en règle immuable : tout, absolument tout, doit se payer à deux, ou uniquement par vous !
Certes, il fera des efforts de temps en temps. Il vous offrira des cadeaux, mais exigera ensuite que… vous les payiez ! Ex. « Ma chérie je t’ai acheté une paire de chaussures. Ca te coûte Rs 1,000. Tu peux me payer dans trois jours si tu veux. » Ou encore, il vous emmènera choisir un bijou. Vous lui demandez, au préalable, son budget et il répond « Rs 50,000 ». Vous choisissez donc quelque chose qui coûte Rs 43,000. Et là, surprise ! A la sortie de la bijouterie, il vous demande tout de go « Combien d’argent me donneras-tu pour le bijou ? ».
- La paresse comme seconde nature
Le parasite est donc toujours en attente de quelque chose d’autrui. Il ne produit rien, car la paresse est une seconde nature chez lui. Grasses matinées quotidiennes, heures interminables à lézarder devant les écrans ou à flâner dans les magasins, procrastination, siestes à répétition… Disons-le sans langue de bois : le parasite est paresseux ! Languissant dans l’oisiveté, il ne construit rien de lui-même. C’est l’antagoniste du fameux « self-made man ».
Son entreprise et toute la clientèle qui va avec? Le parasite les a récupérés clés en main de cousin X, parti immigrer vers d’autres cieux. Sa nouvelle voiture ? Il l’a obtenue pour une bouchée de pain de cousine Z, qui voulait s’en débarrasser car elle venait de s’offrir sa troisième voiture neuve en cinq ans. L’appartement où il passe quelques fois les weekends ? C’est celui de tante B, qui n’a pas le temps de s’en occuper car elle parcourt les golfs du monde entier. Bref, le parasite a pour objectif de toujours tout détourner à son propre profit.
- Le parasite et la nourriture
La vie entière d’un pique-assiette se construit autour d’un ensemble de pratiques parasitaires. Cependant, l’étymologie nous rappelle que le mot « parasite » est lié à l’alimentation. Je ne pouvais donc pas conclure ce billet sans évoquer la relation qu’entretien le parasite avec la nourriture. Le parasite se veut gourmet, mais il n’est en réalité qu’un gourmand, voire qu’un glouton ! Il est toujours là où il y a de la nourriture gratuite. Le parasite ne perd ni une occasion, ni une bouchée.
Soulignons ici l’attitude du parasite au restaurant. Les us et coutumes diffèrent certes selon les pays. Mais en général, l’étiquette à suivre lorsque vous êtes invité à manger au restaurant est de ne pas commander le plat le plus cher (même si vos hôtes vous disent de choisir ce que vous voulez !). Il s’agit d’une forme de courtoisie envers vos hôtes : ils paient pour votre repas, donc la moindre des choses est de ne pas vider leur portefeuille ! Or, le parasite fait tout le contraire. Invitez-le à quelques reprises, et vous observerez qu’il est le convive qui choisit toujours le plat le plus cher. En sus du plat de résistance, il est aussi celui qui prendra deux entrées, trois bières, le dessert le plus onéreux et un café. C’est quelqu’un d’autre qui règlera la note de toute façon, alors pourquoi se priver ? Gloutonnerie sans gêne !
Voilà, dans les grandes lignes, les principales caractéristiques d’un parasite. Cependant, les pratiques parasitaires peuvent franchir des lignes rouges. Dans le temps, le parasite pourra chercher à s’accaparer et à jouir de vos biens fonciers ou à accéder à votre compte bancaire. Dans ce cas de figure extrême, la meilleure des choses à faire est de le mettre le parasite à la porte ! Pschitt !
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