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Petite visite à l’Ile Rodrigues, princesse de l’océan Indien

Mon premier billet de cette année 2016 sera doux et léger. Je vous invite à voyager avec moi… Cap sur l’île Rodrigues!

Bienvenue dans une île où les gens prennent le temps de vivre. L’Ile Rodrigues se trouve au coeur de l’océan indien, soit à  560 km à l’est de l’Ile Maurice. Elle n’est pas très grande et s’étend sur une superficie de 109 kilomètres carrés. Rodrigues fait partie de la République de Maurice, mais elle est autonome depuis octobre 2002.

J’apprécie beaucoup l’Ile Rodrigues. On peut y accéder par bateau ou après deux heures d’avion de l’Ile Maurice. Qu’est-ce que j’aime tant à Rodrigues ?

Port-Mathurin : une capitale humaine et chaleureuse

Je ne peux imaginer une visite à Rodrigues sans un petit détour à Port-Mathurin et à son fameux marché. La capitale se trouve au nord et abrite aussi la principale gare de bus de l’île. Je dirais qu’un voyage en bus à Rodrigues est un must ! Le trajet se fait au rhytme du séga (et cette fois c’était le fameux Dipain Griyé), et ne soyez pas étonnés si une dame demande un arrêt improvisé pour récupérer un ourite sec en cours de route. Le tout se fait sans stress et dans la bonne humeur!

Vue de Port Mathurin, la capitale de Rodrigues. Crédit photo: M. Garreau
Vue de Port Mathurin, la capitale de Rodrigues. 
La principale gare routière de Rodrigues est située à Port Mathurin. Crédit photo: M. Garreau.
La principale gare routière de Rodrigues est située à Port Mathurin.
Voyage en bus en musique et en toute quiétude. Crédit photo: M. Garreau.
Voyage en bus en musique et en toute quiétude.

 

Pays de l’artisanat
Qui dit Rodrigues dit aussi chapeaux rodriguais! Et avec un soleil qui cogne dès 7 heures du matin, avoir un chapeau à Rodrigues est presque une question de survie. Ces chapeaux faits de plantes comme le vacoa ou le vétiver représentent l’artisanat rodriguais par excellence. Outre les chapeaux, des paniers, des dessous de plats, des bijoux et gravures sur noix de cocos sont également des production de l’artisanat local. De nombreux Rodriguais vivent de l’artisanat et viennent également vendre leurs productions à l’Ile Maurice où elles sont très appréciées.

Vente corbeilles, paniers, chapeaux et autres produits artisanaux rodriguais. Crédit photo: M. Garreau.
Vente corbeilles, paniers, chapeaux et autres produits artisanaux rodriguais. 

La cuisine rodriguaise

Les aliments et plats de Rodrigues sont tellement succulents qu’ils figurent en troisième position dans mon hit-parade culinaire international ! Parmi les spécialités rodriguaises que je préfère sont les ourites secs (pieuvres qui sèchent naturellement sous le soleil torride de l’île)  et les saucisses (qui sèchent aussi au soleil), le poisson (frais ou séché), le calamar, ainsi que les piments confits et achards (condiments épicés à base de fruits ou de légumes) en tout genre.

Un de mes gros gros pêchés mignons : le fameux ourite sec de Rodrigues! Crédit photo: M. Garreau.
Un de mes gros gros pêchés mignons : le fameux ourite sec de Rodrigues! 
Les saucisses de Rodrigues: tout simplement irrésistbles! Crédit photo: M. Garreau.
Les saucisses de Rodrigues: tout simplement irrésistbles! 
Les succulents achards de fruits ou de légumes et autres piments confits promettent de dynamiser vos repas! Crédit photo: M. Garreau.
Les succulents achards de fruits ou de légumes et autres piments confits promettent de dynamiser vos repas! 

Agriculture et nature pittoresque

L’agriculture a une place importante à Rodrigues. Le maïs et les harricots rouges sont largement cultivés et sont des aliments de base. Bien qu’ils aient d’autres occupations professionelles à côté, les habitants de l’île élèvent souvent boeufs, poulets, cabris et cochons et autres volailles. Les animaux qui paissent paisiblement au bord de l’eau, dans les terres sur les pentes escarpés font partie intégrante du quotidien rodriguais. L’île est magnifique et surtout très propre. Anse aux Anglais, Port Sud Est ou encore Les paysages rodriguais sont à en couper le souffle :

Une scène magique de la vie rodriguaise, avec ce cabri blanc au bord des falaises. Crédit photo: M. Garreau.
Une scène magique de la vie rodriguaise, avec ce cabri blanc au bord des falaises.
Les Rodriguais accordent une place importante à l,agriculture. Crédit photo: M. Garreau.
Les Rodriguais accordent une place importante à l,agriculture. 
La nature rodriguaise est pittoresque et paradisiaque. Crédit photo: M. Garreau.
La nature rodriguaise est pittoresque et paradisiaque.
Un paysage de carte postale... Crédit photo: M. Garreau.
Un paysage de carte postale… 

Un billet est loin d’être suffisant pour partager avec vous tout ce que j’ai à dire sur Rodrigues. Il y a tant à raconter et à découvrir sur ce petit paradis. A bientôt pour la suite 🙂


From Dakar with love

La récente formation des Mondoblogueurs à Dakar au Sénégal a été une belle aventure. Retour sur une expérience unique!

17 heures de vol et quatre plateaux repas

C’est au terme de longues heures d’avion et de moultes (més)aventures que la plupart d’entre nous avons débarqué à la terre promise. La palme revient à Mahmoud blogueur de Mauritanie qui a battu le record du plus long vol, soit 30 minutes de Nouakchott à Dakar!

Pour ma part, c’était 17 heures, escale excluse. Et comme le hasard, ou les organisateurs, font bien les choses, j’étais assise à côté d’Emmanuelle, Mondoblogueuse qui vit au Sri Lanka. L’occasion pour moi de découvrir un nouvel univers et d’entrer dans l’ambiance Mondoblog sans descendre de l’avion!

Ces 17 heures, je les ai aussi passé à photographier mes quatre plateaux repas et à regarder Mission Impossible, à (re)regarder Les 4 Fantastiques et surtout à (re)(re)regarder la Reine des Neiges….

plateau dakar senegal mondoblog

plateau repas2 dakar senegal mondoblog

Libérée et délivrée du stress du départ, bagage en main et sac au dos, je peux enfin dire bonjour à Dakar!

Manger au bol

Non, je ne savais pas ce que c’était que de manger au bol! Ce fut ma grande découverte, et ce dès ma première nuit à Dakar. Pour résumer, nous sommes tous attablés et avons une cuillère mais pas d’assiette! Et pour cause, le repas est servi dans un immense  »bol » et chacun y pioche. A Thialy, notre pied à terre le temps du séjour, nous avons tous les soirs mangé au bol. Pour moi qui ne connaissais pas, je m’y suis rapidement habitué! C’est une manière très conviviale de partager un repas!

manger au bol dakar mondoblog

 

Poulet yassa, tiep, attiéké…

Après les plateaux repas de l’avion, les repas au bol, place maintenant aux plats eux mêmes! Comme le dit Roger de Dakar, le tiep, soit le riz, est roi au Sénégal. Moi qui vient d’une île dite exotique, j’ai découvert de délicieux plats aux noms et aux noms encore plus exotiques, et surtout je me suis mis à aimer les oignons (yassa oblige)! Les plus marquants pour moi ont été l’attiéké (à base de manioc), la dibiterie et le succulent poulet yassa que je n’ai pas hésité à reproduire :

poulet yassa dakar senegal mondoblog

 

Formation et émission radio

Après avoir parlé de repas et de nourriture en long et en large, revenons à des choses plus sérieuses. Mondoblog à Dakar, c’était aussi la rencontre des différents blogueurs de la plateforme pour une formation dans une superbe ambiance avec une super équipe!

Je suis ravie d’être arrivée au bout des ateliers radios et d’avoir participé à l’émission de l’Atelier des médias. Je salue au passage Jean-Christ de Côte d’Ivoire,  mon binome pour l’émission. Merci à tout ceux qui sont venus nous raconter leurs expériences et projets, dont Clément Abaifouta et Xuman et son super JT rappé:

Le fameux car rapide

Un de mes coups de coeur lors de ce séjour à Dakar a été le car rapide. Bien que je n’y ai jamais voyagé, cette sorte de minibus décoré, très coloré et souvent plein à craquer fait partie du paysage dakarois. J’en ai photographié autant que possible, mais la tâche n’a pas toujours été facile, car comme l’indique son nom, le car rapide s’en va rapidement!

car rapide dakar senegal mondoblog

Cette semaine à Dakar a été exceptionnelle! Nous avons beaucoup appris et fait d’enrichissantes découvertes. Vive la communauté des Mondoblogueurs!

 


Tchad: Espoir après la dictature d’Hissène Habré

Une fois n’est pas coutume, ce billet sera consacré à un événement hors des côtes mauriciennes. Le procès contre l’ex-dictateur tchadien Hissène Habré se tient actuellement à Dakar, au Sénégal. Mes amis Mondoblogueurs et moi avons écouté le témoignage d’un rescapé de cet enfer.

Clément Abaifouta, Président de l'Association des victimes du régime d'Hissène Habré.
Clément Abaifouta, Président de l’Association des victimes du régime d’Hissène Habré.

Le fossoyeur. C’était le surnom de Clément Abaifouta pendant ses quatre années d’emprisonnement sous le régime dictatorial d’Hissène Habre. Son rôle quotidien : enterrer les nombreux détenus morts victimes de tortures, de violence, de maladie ou de faim, entre autres. La machine à tuer d’Hissène Habré aurait fait 40, 000 morts selon les estimations d’une commission d’enquête tchadienne.

Clément Abaifouta est aujourd’hui le Président de l’Association des victimes du régime d’Hissène Habré. En compagnie d’Henri Thulliez, Chargé de mission à Human Rights Watch, Clément Abaifouta est courageusement et dignement revenu sur les atrocités que ses semblables et lui ont vécues dans les geôles de la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS), police politique et répressive d’Hissène Habré. Le régime dictatorial a duré huit ans, soit entre 1982 et 1990.

Les séquelles de l’horreur sont à jamais gravées dans l’âme et l’existence de Clément Abaifouta. «Je suis un homme complètement brisé. Les cauchemars suite à ma détention persistent jusqu’à aujourd’hui», raconte-t-il. Clément Abaifouta estime parfois être comme un mort-vivant. Il avoue qu’il ne se souvient parfois même pas du nom de ses propres enfants. «Hissène Habré a utilisé le tissu social pour diviser et subdiviser la population tchadienne. Et cela persiste, les gens sont devenus très méfiants», témoigne l’ancien prisonnier.

Mais l’homme ne compte pas vivre dans le passé et se bat pour la justice. «Je reviens de très loin. Cette lutte nous la faisons pour l’Afrique et aussi au-delà de l’Afrique, nous la faisons pour l’Histoire», déclare Clément Abaifouta avec détermination. Il projette de publier un livre et attend la fin du procès de l’ex-dictateur pour l’achever.

Ce procès s’est ouvert à Dakar le 20 juillet 2015. Selon Human Rights Watch, il s’agit d’un tournant historique, car «c’est la première fois au monde qu’un ancien chef d’État est poursuivi par des juridictions d’un pays étranger pour graves violations des droits de l’Homme». «Ce procès peut être vu comme un test qui pourrait mener à la création d’une cour panafricaine», estime Henri Thulliez, Chargé de mission à Human Rights Watch pour l’affaire Hissène Habré.

Pour lui la tenue même de ce procès est synonyme de réussite. «Ce qui est fort, c’est que des gens du fin fond du Tchad ou du fin fond de leur cellule comme Clément ont réussi à faire de sorte à ce que ce procès ait lieu. Ils témoignent et rappellent à Hissène Habré, ainsi qu’à tous les dictateurs du monde qu’un jour ou l’autre, ils risquent de faire face aux personnes qu’ils ont tenté d’assassiner. C’est déjà une bonne leçon de justice», déclare Henri Thulliez.

Le message de Clément Abaifouta pour la jeunesse africaine et mondiale est également orienté vers la justice. «Le moment est venu pour la jeunesse de bâtir une stratégie et de s’engager afin que l’impunité, ou qu’elle se trouve, soit éradiquée. La jeune génération doit contribuer à réécrire l’histoire», conclut-il.

Pour ma part, bien que je vive loin des réalités tchadiennes, je ne peux rester insensible aux atrocités du régime d’Hissène Habré. Je salue le courage de tous les rescapés qui ont témoigné lors du procès. Je remercie également Clément Abaifouta pour son témoignage.


Île Maurice : regards sur les livres en kreol

Avec le Festival International Kreol 2015 et les débats autour du kreol au Parlement, cette langue est au coeur de l’actualité mauricienne. A l’approche des fêtes, zoom sur les livres écrits en kreol.

Si le kreol éprouve des difficultés à faire son entrée officielle au Parlement, il n’a pas de mal à se trouver dans les rayons des librairies. En effet, un nombre croissant de livres écrits exclusivement ou partiellement en kreol sont disponibles sur le marché. Avec les fêtes de fin d’années qui approchent à grands pas, offrir un livre écrit en cette langue peut être un beau présent.

Pour Alain Ah-Vee de la librairie Book Lover de Ledikasyon pou Travayer, la littérature en kreol est actuellement dans une dynamique de croissance. « Literatir en kreol pe kontinye develop ek context aktyel favorab. Kreol in rent dan lekol ek linn krée ene dinamik de valorisation de la langue ek de kreativite. Mauritius Institute of Education pe bizin bann oter ki ekrir en kreol. Boukou profeser ek paran vinn rod bann liv dan nou libreri », déclare-t-il. Notre interlocuteur estime que 75 à 80 % des livres de Book Lover sont en kreol et le reste est en français ou en anglais.

Amandine Pernot, qui s’occupe de la communication et du marketing à la librairie Le Trèfle, estime elle aussi que la littérature en kreol est un créneau porteur.« Le domaine de la littérature créolophone évolue et attire de plus en plus de clients. Les lecteurs sont très curieux. Ce qui attire, ce sont surtout les sirandannes et les petites histoires sous forme de nouvelles », explique-t-elle.

Sont disponibles en kreol : des bandes dessinées, des nouvelles, des romans des livres jeunesses, des recueils de poèmes, des livres sur l’économie, entre autres. Et comme le déclarent nos interlocuteurs, le succès est au rendez-vous. Le fait que le kreol soit une langue endogène mauricienne semble y être pour beaucoup.

« La première année où je suis partie en France pour mes études, je n’ai pas hésité à mettre le Dictionner Kreol et un livre en kreol dans mes valises. Mo ti extra kontan et très fière de faire découvrir la langue de mon pays à mes amis issus des quatre coins de la planète, et aussi à mes professeurs de la fac », explique Christabelle, étudiante mauricienne. Pour elle, les livres écrits en kreol sont des ambassadeurs de la culture mauricienne, mais aussi des instantanés uniques de la vie locale.

Depuis l’Etude sur le patois créole mauricien publié par Charles Baissac en 1880, le kreol a connu une évolution croissante au fil des années, si bien qu’il possède aujourd’hui graphie et dictionnaire. En franchissant l’étape de l’écriture, le kreol se voit ouvrir un boulevard de possibilités en terme de publications. Les amateurs de lecture en tout genre trouveront facilement leur compte car les livres en kreol sont accessibles à toutes les bourses. Chez Book Lover de Ledikasyon Pou Travayer, ils sont proposés à partir de Rs. 10 et et à la librairie Le Trèfle à partir de Rs 300.

Les livres ont le pouvoir d’ouvrir les esprits, d’apprendre et de faire rêver et voyager. L’écriture et la littérature en kreol semblent avoir un bel avenir.


L’Ile Maurice à la mode des smart cities

Il y aura du changement dans le paysage urbain mauricien! Annoncé comme l’un des grands projets du gouvernement actuel, il est prévu que pas moins d’une dizaine de villes intelligentes (smart cities) sortent de terre dans les années à venir.

 

Les principaux journaux locaux en parlent, ici et ici. Qu’est-ce qu’une smart city? Pour vendre le projet, les autorités mauriciennes ont adopté un concept en triade : work-live-play. Outre, le fait de me faire penser à David Guetta et à son fameux work hard play hard, cette triade telle qu’elle est présentée, semble quelque peu réductrice. Et pour cause, les enjeux d’une smart city vont au-delà du work-live-play.

 

Une smart city est caractérisée par son aspect multicaractère, porté par des thèmes transversaux. Les principaux éléments d’une smart city sont le gouvernement, la société civile et les technologies de l’information et de la communication (TIC). Une smart city digne de ce nom doit pourvoir à une gestion efficace de la mobilité et des transports, tout en assurant la croissance économique, ainsi que le bien-être et l’épanouissement des citadins; le tout dans un esprit de collaboration citoyenne et de développement durable, et ce avec l’aide des TIC.

 

La dernière fois qu’une ville présentée comme intelligente est sortie des terres mauriciennes remonte à 2004. Il s’agit de la cybercité d’Ebène. Je ne peux m’empêcher de faire la comparaison avec les smart cities à venir. 11 ans après la mise en opération de la CyberTour 1, quel est le visage d’Ebène?

 

 

Avec ces gratte-ciels modernes, dont la plupart sont des bureaux, Ebène est bel et bien une ville. Mon premier réflexe sur place : vérifier la disponibilité d’un signal Wi-Fi public et gratuit. Réponse : passons. Ebène c’est surtout un labyrinthe d’innombrables voitures. Il y en a tellement que des espaces censés être verts se transforment en parkings, que les doubles lignes jaunes s’effacent pour accueillir les quatre roues et que les flèches sur la route perdent leurs sens :

 

Des espaces censés être verts se transforment en parkings.
Des espaces censés être verts se transforment en parkings.

 

Les doubles lignes jaunes s'effacent pour accueillir les quatre roues.
Les doubles lignes jaunes s’effacent pour accueillir les quatre roues.

 

Les flèches sur la route perdent leurs sens.
Les flèches sur la route perdent leurs sens.

Aujourd’hui en 2015, en quoi Ebène est-il plus intelligent que les autres villes mauriciennes? En quoi est-il plus smart pour quelqu’un de travailler à Ebène au lieu de la capitale Port-Louis, par exemple?
Ebène est très loin de ce qui se fait ailleurs en matière de smart. À titre d’exemple, je citerai Amsterdam et son projet de Flexible Street Lighting. Celui-ci permet l’évaluation, le contrôle et la modification de l’éclairage des lieux publics en temps réel. Autres exemples : la disponibilité des parkings libres ou de l’itinéraire des transports en commun en temps réel, ou encore des panneaux sur les autoroutes indiquant des éventuels bouchons (causés par des accidents ou autres incidents) en temps en réel…
L’Ile Maurice est encore loin de cela. Dans un pays où les autoroutes sont à moitié plongées dans le noir à la nuit tombée et où la plupart des transports en commun sont indisponibles après 21 heures, il y a du « progress » à faire.

 

L’initiative est certes à la portée du pays, mais la route vers les smart cities risque d’être très longue…


Célébrer la France à l’Ile Maurice, oui mais…

En cette fin du mois de septembre, l’Ile Maurice est parée de tricolores français en vue de  marquer le tricentenaire de la première colonie de peuplement du pays, celle des Français. Au programme : conférences, expositions et diverses activités. L’initiative est à saluer, mais…

 

A l’Ile Maurice, ces événements sont présentés sous l’appellation Célébrations du tricentenaire de la présence française à Maurice, soit de septembre 1715 à septembre 2015. Certes, l’initiative est à saluer car la colonisation française, avec tout ce qu’elle a apporté de bon et de mauvais, a marqué l’un des tournants de l’Ile Maurice moderne.

 

 

Mais, d’un point de vue sémiologique et sémantique, il y a un élément gênant dans cette appellation. Célébrations du tricentenaire de la présence française à Maurice (le gras est de moi). Le terme présence est incongru, car il connote une sorte d’impérialisme implicite. Oui, il y a eu des colons français qui sont arrivés, mais le terme présence connote qu’ils n’ont eu cesse d’arriver et d’être présents 300 ans durant…  Ce qui n’est pas correct. De plus, l’Ile Maurice est devenue une colonie britannique en 1810.

 

A l’expression Célébrations du tricentenaire de la présence française à Maurice, peut-être qu’il serait plus donc judicieux d’utiliser celle du 300e anniversaire du débarquement des Français à l’Ile Maurice (le gras est de moi), comme c’est le cas dans l’Hexagone :

 

Il est bon de remettre les pendules de l’histoire à l’heure. C’est le 20 septembre 1715 que le capitaine Guillaume Dufresne d’Arsel a pris possession de Mauritius, inoccupée depuis le départ des Hollandais, en 1710. Les premiers colons n’arriveront qu’en 1721.

 

Certains diront que la preuve de cette  »présence » de trois cents ans est que l’Ile Maurice est un pays francophone. Or, n’en déplaise à Rivarol, cet état des choses n’est pas dû à la prétendue beauté ou clarté de la langue française. Il résulte surtout de l’Acte de Capitulation de 1810, qui spécifiait que même si l’île était devenue une colonie britannique, les colons français pouvaient conserver «leurs religion, lois et coutumes», ce qui inclut la langue française.

 

Au fil des siècles, cette langue s’est adaptée et enrichie grâce aux diverses vagues immigratoires qu’a accueillies l’Ile Maurice. Et de là est né le français mauricien, avec ses toutes ses particularités! Je suis Mauricienne plurilingue francophone et, sans doute francophile, comme en attestent respectivement ma présence sur Mondoblog et mon parcours personnel (clin d’oeil à Tours et à la Vendée!).

 

Pour ma part, je célébrerai ce tricentenaire en publiant ce billet sur mon blog et en contribuant, à ma façon, au rayonnement de la francophonie!


Père Laval, apôtre de l’Ile Maurice

Une fois n’est pas coutume, je consacrerai ce billet à un homme religieux. Il s’agit du Bienheureux Père Jacques Désiré Laval, qui est vénéré à l’Ile Maurice et célébré chaque année le 9 septembre. 

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Photo du père Laval à Sainte-Croix. Crédit : Paroisse Mont Carmel.

 

C’est en septembre 1841 que ce médecin et prêtre missionnaire français débarqua à Port-Louis, la capitale mauricienne. Sa mission : assurer l’apostolat des Noirs. Il est bon de rappeler que l’île était alors une colonie britannique et que cela ne faisait même pas 10 ans que l’esclavage y avait été aboli. Cependant, quelques analyses divergent sur l’activité du Père Laval. Pour certains historiens, les anciens esclaves étaient contraints de se convertir au christianisme de force. Donc, rien de bien chrétien en somme…

Mais ce que l’Histoire et l’imaginaire collectif mauricien ont retenu du Père Laval, c’est surtout l’image d’un homme au service des pauvres et des malades. Lors de son décès, le 9 septembre 1864, des milliers de Mauriciens ont convergé à pied vers Sainte-Croix, afin de saluer la mémoire du prêtre lors de son inhumation. Et depuis, cette tradition perdure. En effet, chaque année ce sont des milliers de Mauriciens, mais aussi des étrangers de la région et d’ailleurs, qui se rendent en pèlerinage au tombeau du Père Laval. Cette année se tient le 151e pèlerinage.

Vitrail de l'église de Sainte Croix représentant le decès du Père Laval.
Vitrail de l’église de Sainte Croix représentant le decès du Père Laval.

Au fil du temps, le pèlerinage de Père Laval est aussi devenu un événement fédérateur et folklorique pour la diaspora mauricienne en Europe et en Australie. En Europe, la diaspora se donne chaque année rendez-vous à Pinterville, village originaire du Père Laval en France. En Australie, c’est le Mauritian Australian Association qui organise annuellement la  »Fête Père Laval ». Le Père Laval a été béatifié par le pape Jean-Paul II le 29 avril 1979.

Pour Simone, le pèlerinage au tombeau du Père Laval relève de la tradition.  »Depuis que j’étais petite, ma mère m’y emmenait chaque année. Je vais aller prier en ce jour spécial », dit-elle.

Même son de cloche du côté d’Indiren.  »Je vais au pèlerinage pour aller prier. Cela a traditionnellement été ainsi depuis de nombreuses années. Et aujourd’hui, je fais une prière spéciale pour mon pays. Comme le thème de la messe de 2015 est Père Laval « béni nou fami », je lui demanderai de bénir la grande famille mauricienne », déclare Indiren.

La prière d’Indiren tombe à point nommée. Après les incidents à caractère ethnique qui ont secoué le sud de l’Ile Maurice après la profanation d’un temple hindou le samedi 5 septembre, la famille métisse mauricienne doit rester unie.

Père Laval, toi qui as guéri les malades, puisses-tu aussi guérir l’Ile Maurice de l’un de ses pires maux : le sectarisme.

 

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Le tombeau du Père Laval. Crédit : Filles de Saint François de Sales.

 

 


La guerre des plages fait rage à Maurice

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En cette fin du mois d’août, l’un des principaux sujets d’actualité à l’Ile Maurice est la construction d’un établissement hôtelier à La Cambuse. Celle-ci est l’une des rares plages mauriciennes ayant, jusque-là, échappé au bétonnage intensif et excessif.

Dans un résumé, certes réducteur, je serais tentée de présenter cette affaire d’une façon manichéenne. D’un côté, les riches promoteurs du projet qui s’accapareront et privatiseront une grande partie de la plage; et  de l’autre, des écologistes qui contestent cet accaparement sous prétexte qu’il abîmera davantage le parc marin de Blue-Bay, qui soit dit en passant est déjà en piteux état. Pour ceux et celles qui souhaitent en savoir plus sur cette guerre promoteurs v/s écologistes, je vous laisserai le soin de lire les articles des divers groupes de presse mauriciens ici, et un peu plus loin.

Cependant, sachez chers lecteurs, qu’une autre guerre des plages fait rage à l’Île Maurice. Celle-là est beaucoup plus sournoise. Elle se déroule insidieusement, au détour d’une balade en famille ou entre amis, loin des médias. Les belligérants : des Mauriciens eux-mêmes ! Des éclaircissements s’imposent me direz-vous ! Et bien, cet éclaircissement sera d’une blancheur à (presque) toute épreuve. La preuve vue hier :

Panneau du ministère de l'Environnement barbouillé de peinture blanche.
Panneau du ministère de l’Environnement barbouillé de peinture blanche.

 

Ce panneau a été posé là, à Pointe D’Esny, par le ministère de l’Environnement afin d’indiquer aux citoyens la direction du sentier menant à la plage. Cependant, certains Mauriciens qui ne souhaitent manifestement pas que leurs compatriotes profitent de cette pseudo plage privée ont eu l’idée de barbouiller le panneau de peinture blanche. Brillant, n’est-ce pas ?

 

Coincé entre deux murs, l'unique accès publique à la plage de Pointe d'Esny.
Coincé entre deux murs, l’unique accès publique à la plage de Pointe d’Esny.

 

Revenons à ces pseudo plages privées. Pourquoi le qualificatif de pseudo ? Tout simplement parce que toutes les plages à Maurice sont publiques ! Elles appartiennent à tous les Mauriciens, indistinctement.

Cette idée fausse de plages privées découle des années 1950 où des écriteaux du style Accès privé ou encore No trespass qui ont trop longtemps fleuri sur le long des plages mauriciennes. Sans compter les mentions de dobermans, de rottweilers ou autres Chiens méchants visant à dissuader d’éventuels pique-niqueurs téméraires. A quand une fin de cette guerre des plages ?

Pour conclure, mentionnons une des bien fameuses spécificités des réalités mauriciennes. C’est le niveau de marrée, soit la ligne de marrée haute, qui définit si un Mauricien peut, légalement, lézarder sur une plage.

Bientôt, ce sera le taux d’humidité dans l’air qui définira si un Mauricien peut, légalement, respirer dans son île!

 

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Cachez ce drapeau que je ne saurais voir

Comme de nombreux habitants des îles de l’océan Indien, je suis avec attention les Jeux des Iles de l’océan Indien (JIOI). Malheureusement, ces jeux sont ternis par de nombreux scandales,  voire par de nombreux cas de manque de respect…
Les JIOI 2015 offrent un bien triste spectacle. En guise d’entrée en matière, je m’attellerai à égrainer la liste d’événements qui ont obscurci ce qui devait être la grande fête de la fraternité sportive indiaocéanique à l’île de La Réunion. On y va… Départ des athlètes comoriens du stade lors de la cérémonie d’ouverture, retrait de la délégation comorienne des JIOI, décision de ne pas attribuer l’organisation des JIOI 2019 aux Comores comme initialement convenu, interdiction d’hymnes nationaux et de drapeaux lors de la remise des médailles…

Le quadricolore mauricien.
Le quadricolore mauricien.

Et c’est là que le bât blesse. Un drapeau représente un pays, une nation ou une ville. Qui plus est, c’est l’un des éléments les plus fédérateurs de toute nation. Tout drapeau, national de surcroît, doit être traité avec tout le décorum et le respect qui lui est dû.

Or, mes voisins malgaches ont subi un véritable affront lors de ces JIOI 2015. En effet, un drapeau malgache a vulgairement été repris des mains d’une athlète qui se trouvait sur la première marche du podium. C’est un membre du Comité d organisation des JIOI qui s’est attelé à cette sale besogne, sous les huées de ceux présents au stade…

Incroyablement honteux. Le drapeau malgache a été arraché et traité comme un vulgaire torchon sale, et ce en pleine cérémonie de remise des médailles. Comment justifier un tel manque de respect et de diplomatie, surtout venant d’un membre du Comité d’organisation des JIOI ?

Après cet incident, le ministère malgache de la Jeunesse et des Sports a officiellement exigé des excuses publiques du comité susmentionné. Cet impair n’a laissé personne indifférent, que ce soit à Maurice,  la Réunion, aux Seychelles, Mayotte, Maldives et, bien entendu, à Madagascar. Les nombreuses réactions d’internautes sur les réseaux sociaux en témoignent.

Les JIOI prétendent se calquer sur les Jeux olympiques. Imaginez donc des Jeux olympiques sans drapeaux ni hymnes nationaux…


Il s’en passe des choses à l’Ile de la Réunion

Une fois n’est pas coutume, je consacrerai ce billet à l’île voisine de la mienne : l’île de la Réunion. De par leur proximité géographique, l’Ile Maurice et l’Ile de la Réunion sont appelées Iles Sœurs.

L’Ile de la Réunion se trouve en avant plan de l’actualité mondiale depuis quelques jours. Et pour cause, débris d’avions retrouvés en mer, irruption volcanique et événement sportif indiaocéanique, chacun semble avoir une bonne raison de s’intéresser à cette petite île de l’océan Indien. Jadis appelée Bourbon, l’île de la Réunion est un département français d’outremer de 2 512 km2.

Le Piton de la Fournaise, une des principales attractions de la Réunion, en irruption depuis hier. (Photo: Pierre Marchal via zinfos974.com)
Le Piton de la Fournaise, une des principales attractions de la Réunion, en irruption depuis hier. (Photo: Pierre Marchal via zinfos974.com)

La Réunion est plus connue pour ses volcans, ses montagnes et ses cirques que pour ses plages. Et oui, les belles plages paradisiaques se trouvent à côté à l’Ile Maurice, bref chez moi ! Ah, la bonne vieille rivalité Maurice-Réunion. Rivalité qui sera d’autant plus palpable que les Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) commencent aujourd’hui à l’Ile de la Réunion !

Les 9ème Jeux des Iles de l'océan Indien débutent officiellement aujourd'hui.
Les 9ème Jeux des Iles de l’océan Indien débutent officiellement aujourd’hui.

Sept pays, deux milles athlètes et quatorze disciplines… c’est parti pour la 9ème édition des JIOI. En effet Malgaches, Comoriens, Seychellois, Maldiviens, Mahorais, Reunionais et Mauriciens se donnent rendez-vous en terre bourbonnaise pour un bel échange sportif qui se tiendra du 1er au 9 août.

Du moins, c’est ce qui était prévu, sauf que les Comores se sont officiellement retirés des jeux ce matin. La délégation comorienne s’est vue atrophié suite à de nombreux refus de visas. A cela, s’est ajouté un problème d’ordre diplomatique et politique. En effet, la délégation de Mayotte a défilé sous le tricolore français lors de la cérémonie d’ouverture des jeux. Or, la Charte de JIOI ne reconnaît pas Mayotte comme un département français. Les Comores ont ainsi manifesté leur désaccord suite à ce qu’ils estiment être une violation de la Charte de JIOI.

Ce seront donc sans les Comores que se tiendront les mini jeux olympiques des îles de l’océan Indien. Tibayoun, un hérisson qui est la mascotte des jeux, est en pleine forme. Il est prêt pour la cérémonie d’ouverture qui aura lieu aujourd’hui au stade olympique de Saint-Paul.

 

C'est Tibayoun, un hérisson, qui est la mascotte des jeux.
C’est Tibayoun, un hérisson, qui est la mascotte des jeux.

Pour la petite histoire, sachez que l’idée d’organiser ces jeux germait depuis les années 50. Mais ce n’est en 1979 que s’est tenue la première édition des jeux à l’Ile de la Reunion. Depuis, les JIOI sont organisés à intervalles de quatre ans dans différents pays de l’océan Indien. La précédente édition s’était tenue en 2011 aux Seychelles.

Cet événement comprend aussi un Camp des Jeunes. Ce camp permet aux jeunes de vivre des échanges culturels et artistiques. Il a eu lieu pour la première fois en 2007 à Madagascar. Pour la présente édition le Camp accueillera six jeunes (3 filles et 3 garçons) par pays participant. Ce seront donc 42 individus qui partageront la culture de leurs îles respectives.

A vos marques, prêts, partez ! Bons jeux, que le fair-play et la fraternité indiaocéanique règne ! Rendez-vous au Comores en 2019 pour la prochaine.

Allez Maurice !

Allez Maurice!!