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Le parasite

Se faire parasiter. Cela peut arriver à n’importe qui, sans que l’on s’en rende compte. Mais alors comment reconnaître un parasite ? Voici quelques pistes.

Photo: Focal Foto, Flickr.
Les parasites, un véritable danger! Photo: Focal Foto, Flickr, CC.

Parasite. Non non, je ne vous parle pas du film éponyme du Coréen Bong Joon-ho qui a remporté la Palme d’Or à Cannes en 2019. Même s’il y a carrément de cela. Et effet, nul besoin d’aller jusqu’en Corée du Sud pour rencontrer des parasites, puisque ces personnes pullulent ! Que ce soit volontairement ou pas, on en a presque tous fait la désagréable expérience.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, définissons ce qu’est un parasite. Selon l’étymologie, le mot « parasite » viendrait du latin « parasitus », lui-même provenant du grec « parasitos ». « Parasitos » est composé du prefixe « para- », qui indique «  à côté de » (ex. paramilitaire, parapharmacie, etc) et de « sitos », qui signifie, « grain semé », et donc par extension nourriture. Littéralement, le parasite est donc quelqu’un  qui prend la nourriture d’à côté.

Dans les faits, le parasite se nourrit de son hôte ou au dépend de celui-ci. A l’Ile Maurice, nous avons une expression en créole qui retranscrit ce phénomène : le bater bis. Cette expression peut être littéralement traduite par «frapper l’autobus », soit faire quelque chose de bien inutile, et désigne un pique-assiette et/ou un profiteur. Cependant, le parasitage ne se limite pas uniquement à la nourriture, bien au contraire ! Il contaminera toutes les sphères de la vie quotidienne, car le parasite ne sait et ne souhaite rien faire par lui-même. Le parasitage peut donc être un véritable mode de vie. Alors comment reconnaitre un parasite ? Voici 5 pistes !

  1. Aucune personnalité

Aidons-nous tout d’abord de la biologie ! Dans le monde animal, le parasite s’arrête souvent aux mollusques, insectes, tiques ou poux. Il n’existe pas de mammifère parasite. Ce dernier est donc en général un invertébré. C’est la même chose dans la « vraie vie », car un parasite est un être qui n’a pas de colonne vertébrale ! Comprenez par là que c’est quelqu’un qui n’a aucune personnalité, et qui est inapte à assumer des responsabilités, à prendre des décisions ou à planifier pour l’avenir. Incapable de faire preuve d’originalité ou d’avoir sa propre opinion, il se contente bêtement de suivre et de copier ou répéter ce que font, disent ou pensent les autres.

Le cadeau que vous avez offert à votre neveu ? Il achètera exactement le même au sien. La bouteille que vous lui avez acheté à Noel ? Il offrira la même à ses amis venus d’Australie. Vous imprimez un menu pour les grands repas ? O surprise, le parasite en fera de même ! Vous suivez des cours de coréen ? Il vous copiera. 

  1. L’illusion du connaisseur

Bien que n’ayant aucune personnalité, le parasite a généralement une très haute opinion de lui-même. Il se prend pour quelqu’un qui a accomplit beaucoup dans son existence et se permet ouvertement de juger les autres. « Pourquoi es-tu en retard dans ta vie ? » est le genre de phrases assassines que le parasite assène. De plus, l’apparence et le luxe comptent énormément pour lui. Grandes maisons de pâtisserie, grandes marques de champagne, de voiture, de vin, de vêtement… le parasite ne jure que par cela ! Il aime se donner des airs de connaisseur. Or, quand on gratte le vernis, on réalise que ce n’est qu’illusion ! Le parasite ne mène pas grand train de vie. Bien au contraire, il ne fait que parasiter celles et ceux qui, eux, le mènent ! La nuance est subtile, mais capitale. De plus, le parasite peut simultanément avoir plusieurs hôtes : amis, sœurs, petites-amies, partenaires, parents, etc.

  1. J’achète, tu payes
Le parasite ne va pas hésiter à vous saigner à blanc. Photo: Wikicommons.
Le parasite ne va pas hésiter à vous saigner à blanc. Photo: Maatkare via Wikicommons.

Vous l’aurez compris, le parasite est un profiteur qui vit aux dépends d’autrui. Il « parasite » le train de vie de son hôte, sauf qu’il n’a pas les mêmes moyens que ce dernier ! Et là, je pense que vous voyez où je veux en venir… je parle d’argent bien sûr. Si vous êtes en couple avec un parasite, celui-ci ne va pas hésiter à vous saigner à blanc. Au départ vous vous dites que c’est normal de régler la facture à deux, ou que ce soit vous qui payiez la totalité de montant de temps à autre. Cependant, le parasite va rapidement imposer cela en règle immuable : tout, absolument tout, doit se payer à deux, ou uniquement par vous !

Certes, il fera des efforts de temps en temps. Il vous offrira des cadeaux, mais exigera ensuite que… vous les payiez ! Ex. « Ma chérie je t’ai acheté une paire de chaussures. Ca te coûte Rs 1,000. Tu peux me payer dans trois jours si tu veux. » Ou encore, il vous emmènera choisir un bijou. Vous lui demandez, au préalable, son budget et il répond « Rs 50,000 ». Vous choisissez donc quelque chose qui coûte Rs 43,000. Et là, surprise ! A la sortie de la bijouterie, il vous demande tout de go « Combien d’argent me donneras-tu pour le bijou ? ».

  1. La paresse comme seconde nature

Le parasite est donc toujours en attente de quelque chose d’autrui. Il ne produit rien, car la paresse est une seconde nature chez lui. Grasses matinées quotidiennes, heures interminables à lézarder devant les écrans ou à flâner dans les magasins, procrastination, siestes à répétition… Disons-le sans langue de bois : le parasite est paresseux ! Languissant dans l’oisiveté, il ne construit rien de lui-même. C’est l’antagoniste du fameux « self-made man ».

Son entreprise et toute la clientèle qui va avec? Le parasite les a récupérés clés en main de cousin X, parti immigrer vers d’autres cieux. Sa nouvelle voiture ? Il l’a obtenue pour une bouchée de pain de cousine Z, qui voulait s’en débarrasser car elle venait de s’offrir sa troisième voiture neuve en cinq ans. L’appartement où il passe quelques fois les weekends ? C’est celui de tante B, qui n’a pas le temps de s’en occuper car elle parcourt les golfs du monde entier. Bref, le parasite a pour objectif de toujours tout détourner à son propre profit.

  1. Le parasite et la nourriture
Le parasite se veut gourmet, mais il n’est en réalité qu’un glouton ! Photo : Brownc Wikicommons.

La vie entière d’un pique-assiette se construit autour d’un ensemble de pratiques parasitaires. Cependant, l’étymologie nous rappelle que le mot « parasite » est lié à l’alimentation. Je ne pouvais donc pas conclure ce billet sans évoquer la relation qu’entretien le parasite avec la nourriture. Le parasite se veut gourmet, mais il n’est en réalité qu’un gourmand, voire qu’un glouton ! Il est toujours là où il y a de la nourriture gratuite. Le parasite ne perd ni une occasion, ni une bouchée.

Soulignons ici l’attitude du parasite au restaurant. Les us et coutumes diffèrent certes selon les pays. Mais en général, l’étiquette à suivre lorsque vous êtes invité à manger au restaurant est de ne pas commander le plat le plus cher (même si vos hôtes vous disent de choisir ce que vous voulez !). Il s’agit d’une forme de courtoisie envers vos hôtes : ils paient pour votre repas, donc la moindre des choses est de ne pas vider leur portefeuille ! Or, le parasite fait tout le contraire. Invitez-le à quelques reprises, et vous observerez qu’il est le convive qui choisit toujours le plat le plus cher. En sus du plat de résistance, il est aussi celui qui prendra deux entrées, trois bières, le dessert le plus onéreux et un café. C’est quelqu’un d’autre qui règlera la note de toute façon, alors pourquoi se priver ? Gloutonnerie sans gêne !

Voilà, dans les grandes lignes, les principales caractéristiques d’un parasite. Cependant, les pratiques parasitaires peuvent franchir des lignes rouges. Dans le temps, le parasite pourra chercher à s’accaparer et à jouir de vos biens fonciers ou à accéder à votre compte bancaire. Dans ce cas de figure extrême, la meilleure des choses à faire est de le mettre le parasite à la porte ! Pschitt !


Alsace : vive Notre-Dame de Thierenbach !

En ce mois de juin, je vous propose une petite visite à la Basilique de Notre-Dame de Thierenbach. Situé au cœur de la région Grand-Est, en Alsace, entouré de vignes verdoyantes, Notre-Dame de Thierenbach est un lieu exceptionnel !

Notre-Dame de Thierenbach, lieu exceptionnel ! Photo: CR

Le site de Notre-Dame de Thierenbach est chargé d’histoire. En effet, c’est aux alentours de l’année 1130 que des moines clunisiens y construisirent un prieuré. Ils y restèrent jusqu’en… 1790 ! Le lieu est témoin, voire victime, de la plupart des guerres qui ont secoué les 18e, 19e et 20e siècles : Guerre de Trente Ans, Révolution Française, Première Guerre Mondiale, Seconde Guerre Mondiale, etc.

C’est vers 1723 qu’un certain Peter Thumb, architecte autrichien, érige la basilique actuelle. Inscrite dans un pur style baroque l’architecture de Notre-Dame de Thierenbach est impressionnante ! Mention spéciale pour l’imposant clocher orné d’un gigantesque bulbe d’oignon. Cela m’a beaucoup fait penser à l’architecture russe orthodoxe. Par ailleurs, j’ai adoré l’immense esplanade devant l’église, ainsi que le grand parvis. Et oui, tout est… grand ! Les  proportions font que tout est dégagé. Cela procure une agréable sensation d’espace, de liberté et de sérénité.

Photo du clocher orné d’un bulbe d’oignon, prise de la façade arrière de la basilique 🙂 CR

Une fois les portes de la basilique franchie, l’émerveillement continue. L’intérieur de Notre-Dame de Thierenbach est tout simplement époustouflant ! Fidèle au style baroque, avec un foisonnement de couleurs et une profusion de décors, la basilique est splendidement ornée de dorures, de colonnes, de vitraux, de tableaux et de fresques. Je suis vraiment tombée sous le charme. Mélange d’opulence, d’humilité, de théâtralité et de piété,  l’intérieur de Notre-Dame de Thierenbach ne laisse personne indifférent.

De style baroque, la basilique est splendidement ornée de dorures, de vitraux, de tableaux et de fresques. Photo: CR

Thirenbach et Pietà

Au cœur de cette profusion de décors flamboyants, un élément de la basilique attire instinctivement l’attention. Il s’agit d’une sculpture de la Pietà, l’un des thèmes majeurs de l’art religieux catholique. La Pietà est une représentation de Marie qui tient sur ses genoux le corps sans vie de son fils Jésus, avant sa mise au tombeau. La Pietà de Notre-Dame de Thierenbach, qui mesure un peu plus d’un mètre, a été sculptée dans du bois de tilleul. L’artiste a également pris le parti de sculpter un Jésus de petite taille, en comparaison à celle de sa mère. Outre sa taille, la Pietà impressionne par la rutilance des ornements d’apparat que porte la Vierge.  Vêtue de dorures et de dentelles, et trônant au milieu d’un somptueux décor exubérant, cette Pietà dégage quelque chose de très puissant.

Trônant au milieu d’un somptueux décor exubérant, cette Pietà m’a impressionnée! 🙂 Photo: CR

Vous l’aurez compris, j’ai littéralement été subjuguée par l’architecture et la décoration baroque, et le style grandiose de Notre-Dame de Thierenbach. Cependant, je ne saurais conclure ce billet sans évoquer le cadre magnifique dans lequel se situe la basilique. En effet, une fois sortie des ors de la Notre-Dame de Thierenbach, nous retrouvons la belle commune de Soultz et la magnifique campagne alsacienne, avec ses coteaux en pente et ses vignes.

La magnifique campagne alsacienne, avec ses coteaux en pente et ses vignes. Photo: CR

Ce décalage entre la somptuosité des décors de la basilique et la simplicité de la nature environnante m’a beaucoup plu. La vue des vignes m’a aussi laissée rêveuse… Muscat, Riesling, Pinot Gris ou Gewurztraminer, je ne sais ce qu’elles donneront… Cependant, je suis certaine que l’on continuera de célébrer la beauté de Notre-Dame de Thierenbach avec un excellent vin alsacien ! 🙂


L’Ile Maurice vue par Charles Darwin

Qui ne connait par Charles Darwin ? L’éminent naturaliste britannique est une figure respectée du 19e siècle, si bien qu’il a donné son nom au darwinisme. Mais ce que peu gens savent, c’est que Charles Darwin a déjà visité l’Ile Maurice !

Le HMS Beagle. Photo: Wikicommons.
Le HMS Beagle. Photo: Wikicommons.

29 avril 1836. Charles Darwin accoste au nord de l’Ile Maurice, qu’il appelle aussi Isle de France. Il y restera jusqu’au 6 ou 9 mai de la même année, soit un séjour d’environ une semaine. Les détails du passage de Darwin à l’Ile Maurice nous sont parvenus grâce à son fameux livre The Voyage of the Beagle.

The Voyage of the Beagle a été publié en 1839. Darwin nous y raconte, sous forme de récit de voyage, le tour du monde qu’il a effectué entre 1831 et 1836 à bord d’un navire de la Royal Navy : le HMS Beagle. Le beagle est une race de chien originaire de l’Angleterre. Il figure parmi les canins ayant le sens de l’odorat le plus développé. On utilise ainsi les beagles comme chiens de détection ou comme chiens renifleurs. Quel heureux hasard que le navire à bord duquel voyage Darwin se nomme ainsi !

Le beagle figure parmi les canins ayant le sens de l’odorat le plus développé. Photo: Negative Space.
Le beagle figure parmi les canins ayant le sens de l’odorat le plus développé. Photo: Negative Space.

En parfait syllogisme avec la fine truffe d’un beagle, le périple à bord du HMS Beagle permet à Darwin d’explorer la planète. Il fait de nombreuses escales et observe les habitants, les reliefs, l’environnement, la nature, la faune et la flore de plusieurs pays. L’escale à l’Ile Maurice se fait en avril et en mai, après une étape aux Îles Cocos, aussi appelées Îles Keeling.

Élégance parfaite

Véritable récit de voyage, Darwin rédige un carnet de bord des quelques jours qu’il passe à l’Ile Maurice. Voici ses premières impressions :

« 29 avril. – Le matin nous avons contourné l’extrémité nord de l’île Maurice, ou l’Isle de France. De ce point de vue, l’aspect de l’île était à la hauteur des attentes suscitées par les nombreuses descriptions bien connues de ses magnifiques paysages. La plaine en pente des Pamplemousses, parsemée de maisons et colorée par les grands champs de canne à sucre d’un vert vif, composait le premier plan (…). Vers le centre de l’île, des groupes de montagnes boisées s’élevaient de cette plaine très cultivée ; leurs sommets, comme cela arrive souvent avec les anciennes roches volcaniques, sont déchiquetés jusqu’aux pointes les plus acérées. Des masses de nuages blancs étaient rassemblées autour de ces sommets, comme pour plaire à l’œil de l’étranger. L’île entière, avec sa frontière en pente et ses montagnes centrales, était ornée d’un air d’une élégance parfaite (…). »

Sous le charme, Darwin profite de son premier jour à l’Ile Maurice pour se promener à Port-Louis. Celle-ci est, à l’époque, l’unique ville de la colonie. « La ville est d’une taille considérable et compterait, dit-on, 20 000 habitants ; les rues sont très propres et régulières. Bien que l’île ait été sous le gouvernement anglais pendant tant d’années, le caractère général de l’endroit est tout à fait français : les Anglais parlent à leurs domestiques en français, et les boutiques sont toutes françaises ; (…) Il y a un très joli petit théâtre dans lequel les opéras sont excellemment joués (…). Les différentes races d’hommes qui se promènent dans les rues offrent le spectacle le plus intéressant de Port-Louis. »

Une rue de Port-Louis, telle que Darwin aurait pu la voir. Photo: Wellcome Collection. CC.
Une rue de Port-Louis, telle que Darwin aurait pu la voir. Photo: Wellcome Collection. CC.

Je gravis Le Pouce

Darwin poursuit son séjour avec une balade au nord du pays. Il déchante quelque peu, et estime que l’Ile Maurice est moins belle que… Tahiti ! Eh oui, eh oui. « Le paysage peut être décrit comme étant d’un caractère intermédiaire entre celui des Galapagos et celui de Tahiti ; mais cela donnera une idée précise à très peu de personnes. C’est un pays très agréable, mais il n’a ni les charmes de Tahiti, ni la grandeur du Brésil », compare-t-il. Tout comme les Mauriciens d’aujourd’hui, l’explorateur s’offre une randonnée en montagne. « Le lendemain, je gravis Le Pouce, montagne ainsi appelée à cause d’une projection en forme de pouce, qui s’élève derrière la ville à une hauteur de 2,600 pieds. Le centre de l’île est constitué d’une grande plate-forme entourée de vieilles montagnes basaltiques brisées, dont les strates plongent vers la mer. »

Grâce à cette ascension, Darwin fait des observations pertinentes sur la géologie de l’île, ainsi que sur la culture de la canne à sucre.

« De notre position surélevée, nous bénéficions d’une excellente vue sur l’île. Le pays de ce côté paraît assez bien cultivé, étant divisé en champs et parsemé de fermes. On m’a cependant assuré que sur l’ensemble du pays, pas plus de la moitié n’est encore en état de production ; si tel est le cas, compte tenu de l’importance actuelle des exportations de sucre, cette île, dans le futur lorsqu’elle sera densément peuplée, sera d’une grande valeur. Depuis que l’Angleterre en a pris possession, il y a seulement vingt-cinq ans, l’exportation du sucre aurait été multipliée par soixante-quinze. L’une des principales causes de sa prospérité est l’excellent état des routes. » Darwin ne croit pas si bien dire ! La production et l’exportation de sucre devinrent par la suite le pilier économique de l’Ile Maurice du 20e siècle.  

Hôte 5 étoiles 

Outre son travail d’explorateur et de scientifique, Darwin nous raconte aussi ses « vacances ». Et qui dit vacances, dit forcément gîte ! Comme une sorte de Tripadvisor ou de Airbnb avant l’heure, Darwin explique qu’il a passé deux nuits chez un hôte 5 étoiles ! Il s’agit du Capitaine John Augustus Lloyd, ingénieur britannique mondialement connu pour ses travaux préliminaires pour la construction du Canal de Panama.

« Dans la soirée, le capitaine Lloyd, arpenteur général, si bien connu pour son examen de l’isthme de Panama, a invité M. Stokes et moi-même dans sa maison de campagne, qui est située à la limite des plaines de Wilhem, et à environ six heures milles du port. Nous avons séjourné dans cet endroit charmant deux jours ; à près de 800 pieds au-dessus de la mer, l’air était frais, et de chaque côté il y avait de délicieuses promenades. A proximité, un grand ravin a été creusé jusqu’à une profondeur d’environ 500 pieds à cause des ruisseaux de lave légèrement inclinés qui se sont écoulés depuis la plate-forme centrale. » La résidence du Capitaine Lloyd existe encore aujourd’hui. Après de nombreux achats, ventes et legs, elle appartient désormais au Diocèse de Port-Louis. Cette maison porte aujourd’hui le nom de Thabor.

Le seul éléphant de l’île

Force est de constater que le Capitaine Lloyd a réussi à réconcilier Darwin avec les paysages mauriciens. En effet, avec des balades à Rivière-Noire, le charme opère à nouveau !

« Le capitaine Lloyd nous a emmenés à la rivière Noire (…), afin que je puisse examiner quelques rochers de corail élevés. Nous traversâmes d’agréables jardins et de beaux champs de canne à sucre poussant au milieu d’immenses blocs de lave. Les routes étaient bordées de haies de mimosas, et près de nombreuses maisons il y avait des allées de manguiers. Certaines des vues, où les collines culminantes et les fermes cultivées étaient vues ensemble, étaient extrêmement pittoresques ; et nous étions constamment tentés de nous écrier : « Comme il serait agréable de passer sa vie dans des demeures si tranquilles ! ». Le capitaine Lloyd possédait un éléphant et il l’envoya à mi-chemin avec nous, afin que nous puissions profiter d’une promenade à la manière indienne. (…). Cet éléphant est le seul actuellement sur l’île ; mais on dit qu’on en fera venir d’autres », écrit Darwin.

Charles Darwin. Photo: Wikicommons.

C’est sur cette note que Charles Darwin clôt le chapitre mauricien : « Nous partîmes de Port-Louis, et, faisant escale au cap de Bonne-Espérance, le 8 juillet, nous arrivâmes au large de Sainte-Hélène. Cette île, dont l’aspect sinistre a été si souvent décrit, s’élève brusquement comme un immense château noir sur l’océan. » De l’Ile Maurice à Sainte-Hélène, Darwin enchaine ainsi avec un autre rendez-vous de son histoire : marcher dans les derniers pas de Napoléon !


Musique : Starmania, l’intemporelle

L’opéra-rock Starmania célèbre en ce 10 avril 2024 ses 45 ans. Et pourtant, le temps n’a pas de prise sur ses chansons, qui sont aujourd’hui des classiques. Starmania et moi, que d’émois.

Luc Plamondon et la troupe de Starmania pour la 500ᵉ du spectacle à Montréal, le 14 septembre 1995. © PONOPRESSE / Gamma-Rapho / Getty Images

1979 – 2024. Cela fait déjà 45 ans que la comédie musicale Starmania a été présentée pour la première fois, à Paris. Avec ses tubes d’une actualité et d’une pertinence incroyable, Starmania a toujours fait partie de l’environnement ambiant dans lequel j’ai baigné. Les chansons passaient régulièrement à la radio et lors d’émissions à la télévision. De plus, il y avait toujours quelqu’un qui avait l’excellente idée de reprendre une chanson de l’opéra-rock lors de concerts à l’école ou lors de karaokés.

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La renaissance grandiose de Starmania

Bref, les tubes de Starmania se distillaient dans mon existence avec un naturel déconcertant ! Ces chansons, qui datent pourtant de 1979, n’ont pris aucune ride. Intemporelles, elles sont devenues des grands classiques de la variété française. Et il faut dire que la distribution 5 étoiles de l’opéra-rock à sa création a grandement contribué au succès de Starmania. Imaginez-vous : Daniel Balavoine et France Gall, deux immenses stars ! Une autre grande vedette de cette comédie musicale n’est nul autre que… Michel Berger !

Avec Starmania, Michel Berger a montré qu’il était très en avance sur son temps! Photo: Wikicommons.
Avec Starmania, Michel Berger a montré qu’il était en avance sur son temps! Photo: Wikicommons.

Impossible d’écrire ce billet sans mentionner celui qui, avec Luc Plamondon, a créé Starmania. Chanteur et parolier de génie, Michel Berger est connu pour ses textes et ses chansons mélodieuses. Bien qu’il soit décédé en août 1992 à l’âge de 44 ans, il demeure l’un des incontournables de la musique française et francophone. Par ailleurs, les personnages créés pour Starmania confirment que Berger avait une immense créativité et qu’il était surtout très en avance sur son temps.

Starmania : devenir une star

Présenté en 1979, Starmania se déroule dans un avenir qui se veut proche, au sein d’une capitale occidentale : la ville de Monopolis. Voyez le jeu de mots ! Les élections présidentielles approchent – sont en lice, le milliardaire Zéro Janvier et le baba-cool Gourou Marabout. Les habitants de Monopolis quand à eux, n’ont qu’une seule obsession : devenir une star. C’est d’ailleurs ce rêve que leur vend la charmante Cristal, animatrice-vedette de l’émission Starmania, diffusée sur Télé Capitale, chaîne d’Information en continu. 

Loin de tout cela, terrée dans un café souterrain, Marie-Jeanne est prise dans la routine d’un morne quotidien. La serveuse automate travaille et observe, tout en rêvant au grand amour. Pendant ce temps, les Étoiles Noires, groupe terroriste qui fait régner la terreur en ville, préparent des attentats. Johnny Rockfort, chef du groupe, est sous l’emprise de Sadia, étudiante travestie. Cette dernière veut donner plus d’ampleur médiatique aux attaques du groupe. Elle réussie à négocier une interview entre Johnny et Cristal…

France Gall dans le rôle de Cristal. Photo: Bene Bouvier, Flickr, CC.
France Gall dans le rôle de Cristal. Photo: Bene Bouvier, Flickr, CC.

Ce qui me frappe, en 2024, c’est que le Starmania de 1979 nous semble étrangement familier et moderne. Les thèmes qui y sont abordés sont universels et intemporels : amour, solitude, démocratie, emprise des médias, inégalités sociales, terrorisme, identités sexuelles, quête du bonheur et de la réussite, obsession de l’image, etc. Et tout cela, une trentaine d’années avant l’avènement des réseaux sociaux. Berger et Plamondon avaient vu loin, très loin !

Dystopie

D’un point de vue musical, Starmania est une véritable mine à tubes ! Le blues du businessman, Ziggy, Le monde est stone, SOS d’un terrien en détresse, pour ne citer que cela, figurent parmi les titres les plus populaires de la comédie musicale. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas Starmania, je vous invite vivement à écouter  ces chansons! Et en guise de mise en bouche, découvrez le sublimissime Quand on arrive en ville, l’un de mes titres préférés:

Starmania qui, en 1979, se voulait être une sorte de dystopie, décrit parfaitement la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui en 2024. C’est sans doute la raison pour laquelle ces chansons restent toujours aussi populaires, 45 ans durant. C’est parce qu’elles parlent de nous, nous en 2024. Et même quand viendra l’an 2044, elles seront toujours aussi contemporaines. Que ce soit en 1979, en 2024 ou en 2044, nous tout ce qu’on veut c’est être heureux! 😉

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Starmania, le célèbre Opéra Rock, de retour sur les planches


Nou zil, nou pays

En ce mardi 12 mars 2024, l’Ile Maurice célèbre le 56e anniversaire de son accès à l’indépendance. Cependant, pour beaucoup cette indépendance fut payée au prix fort : celui de l’excision de l’archipel des Chagos du territoire mauricien. Ce drame hante encore les mémoires.

Vue de l'archipel des Chagos. Photo: Jeff Laitila
Vue de l’archipel des Chagos. Photo: Jeff Laitila, Flickr, CC.

Ce billet part de deux timbres ! Alors que je vérifiais machinalement mon courrier (et oui, le courrier postal existe encore :-)), deux timbres côte à côte sur une même enveloppe m’ont soudainement interpellée. Le premier, à gauche, de couleur bleue, illustrant l’archipel des Chagos ; le second, à droite, de couleur orangée, célébrant le 50e anniversaire de l’indépendance de l’Ile Maurice.

Ces deux timbres m’ont interpellée. Photo: CR.

Cette juxtaposition était non seulement celle de deux timbres, mais surtout celle de deux événements inscrits dans l’ADN de l’Ile Maurice. Le pays acquit son indépendance de la Grande-Bretagne en 1968. Mais pour beaucoup, elle fut payée au prix fort : celui de l’excision de l’archipel des Chagos du territoire mauricien. L’archipel est désormais nommé British Indian Ocean Territory par les Britanniques, qui le louent aux Etats-Unis d’Amérique. Ces derniers y ont construit une importante base navale militaire. Néanmoins, en 2019, l’Organisation des Nations Unies a reconnu la souveraineté de l’Ile Maurice sur l’archipel des Chagos. Cependant, l’archipel est toujours occupé et la base militaire étasunienne est encore en activité.

Pour concrétiser un tel projet, il a fallut dépeupler l’archipel des Chagos de tous ses habitants. C’est ainsi que les autochtones furent progressivement expulsés de leurs îles natales vers la fin des années 1960s. On les déporta de force vers l’Ile Maurice ou les Seychelles. Selon plusieurs récits, c’est le Nordvaer, cargo norvégien, qui embarqua les derniers habitants des Chagos loin de leurs îles d’origine. Le Nordvaer avait été vendu au gouvernement britannique vers 1968. Il ravitaillait les Chagos chaque deux mois, transportant du courrier, du bois et d’autres fournitures cruciales.

Chagos et silence

Les récits et la transmission orale ont joué un grand rôle dans ce que nous savons aujourd’hui du drame vécu par les Chagossiens. Par ailleurs, il semble exister une sorte de tabou, d’omerta quand il s’agit d’évoquer l’excision et le dépeuplement des Chagos, qui font pourtant bel et bien partie de l’histoire de l’Ile Maurice. C’est peut-être cela qui a inspiré à l’écrivaine Shenaz Patel le titre de son roman Le silence des Chagos. C’est sans doute cela qui a aussi poussé le Pôle Régional des Musiques Actuelles de La Réunion à enregistrer les chansons de la militante chagossienne Charlesia Alexis en 2003. Le disque produit à la suite de cette initiative est intitulé Charlesia, la voix des Chagos.

Je souhaite moi aussi mettre en avant ces voix, ces récits, ces musiques. Donner voix à des voix. Qu’on les transmette, qu’on les entende, qu’on les écoute. Au dessous de chaque vidéo, se trouve un extrait des paroles en créole, suivi d’une traduction en français.

1.              Claude Lafoudre – Bourik mo tonton

Mo tonton rakonte so la vi deracine, li pa ti espere si enn zour li ti pou kit so later natal. Bato Nordvaer ti vini pou vinn pren zot pou ale. Embarke dan bato, regre dan leker, larm koule.

Mo tonton so bourik so bann zanimo ki li ti ena finn res la-ba. So la rap ki li ti abitie rap koko, so marmit ki li ti abitie kwi seraz, tousala finn res la-ba.

Bato Nordvaer pe soufle pou li kit Chagos pou li ale. Mo tonton so bourik linn rant dan dilo, li ti krwar li ousi li pou ale. Kan nou mazine tousala inn arive dan bann zil l’ocean, se ki konn listwar kone mem, se ki pa kone pa konn ditou.

Mon oncle raconte sa vie de déraciné, il n’aurait jamais cru qu’il aurait eu à quitter sa terre natale. Le bateau Nordvaer était venu pour les prendre et partir. Embarqués dans le bateau, le cœur plein de regrets, les larmes aux yeux.

L’âne de mon oncle et tous les animaux qu’il possedait sont restés là-bas. La râpe avec laquelle il râpait la noix de coco, la marmite dans laquelle il préparait le seraz, tout est resté là-bas.

Le bateau Nordvaer souffle pour quitter les Chagos. L’âne de mon oncle est entré dans l’eau car il pensait qu’il partirait également. Quand on pense que tout cela s’est passé dans nos îles de l’océan, ceux qui connaissent l’histoire le savent, ceux qui ne la connaissent pas n’en savent rien.

2. Cassiya – Diego

Mo bien sagrin nou finn perdi enn zoli ti zil Diego, lwin la-ba kot larzan pa ti tro necessaire. Zot la sante ti proteze, (…) koko rafresi, ti enn zoli la vi natirel. Zot ti bizin ale, ale mem, kit ti zil natal non na pa vir derier (…) enn gran tonton ti rakonte kouma ti zoli la-ba, non pa ti komplike dimounn ti viv normal. Wouais, pa ti mank manze la-ba, isi missie la boutik, si pena larzan pa manze, non pa ti mank nanye la-bas, zot paradi finn vende, donn zot zot necessaire!

Guet zoli ti zil perdi, kitt bann gran-fami la-bas, kiltir disparet. Vremen sa fer leker fer mal kan fet la mor finn arive, enn bouke fler pena pou zot!

Je suis très triste que nous ayons perdu une belle petite île, Diego, loin là-bas, où l’argent n’était pas trop nécessaire. Leur santé était protégée (…), la noix de coco qui rafraîchit, c’était une belle vie naturelle. Ils ont dû partir, avancer, quitter leur île natale et ne pas se retourner (…). Un grand oncle racontait combien c’était beau là-bas, ce n’était pas compliqué, les gens vivaient normalement. On ne manquait pas de nourriture là-bas. Ici, Monsieur, à la boutique, si vous n’avez pas d’argent vous ne mangez pas. Non, il ne manquait de rien là-bas. Leur paradis a été vendu, donnez-leur le nécessaire !

Regardez notre belle petite île perdue, nous y avons laissé nos aïeux, notre culture disparaît. Vraiment, cela nous brise le cœur, quand vient la Fête des morts, il n’y a même pas un bouquet de fleurs pour eux !

3. Double K – Nu Zil

Retourn nou zou zil, retourn nou nou pays, Peros Banhos, Salomon, Diego Garcia. Gran-mama mo dir non pa bizin plore, mo dir ou mo souye ou lizie, enn zour mo kone sa li pou arive, zot pou trouv zot zil ek zot pou viv ere. Tou seki gran-papa la pe rakonte, mo kone sa li vre, la verite, vre mem zot la vi ti zoli la-ba (…) finn deracine, finn embarke, nou kiltir la-ba finn abandone, se pour sa gran-papa kan li rakonte so leker li fer mal parski linn deracine.

Rendez-nous nos îles, rendez-nous notre pays, Peros Banhos, Salomon, Diego Garcia. Grand-mère, non, ne pleurez pas, séchez vos larmes. Je sais qu’un jour cela arrivera : vous retrouverez votre île et vous vivrez heureux. Tout ce que grand-père racontait… je sais que c’est vrai, que c’est la vérité. Votre vie était vraiment belle là-bas (…). Nous avons était déracinés, nous avons été embarqués, notre culture a été abandonnée. C’est pour cela que grand-père a le cœur brisé quand il raconte, c’est parce qu’il a été déraciné.

4. Ton Vie – Peros Vert

Peros Vert tou entour li, sa so pep nwar, so pep nwar, so pep nwar. (…) Nou ti ena nou lakaz lapay, nou pirogue trwa plass, toute la zourne mo la vi fini bor la mer. Asise, nou mazine kot nou bann risess noun fini kite lor nou ti zil, dan l’ocean. Peros Vert, Peros Vert, so pep nwar, nou pep nwar, nou pep nwar noun deracine (…) Zozo criye, lisien zape, monn perdi mo zil. Goodbye Peros Vert, goodbye Salomon, goodbye Diego, pli zamais mo pou trouv zot mo lil, mo lil. Soley, later mo nombril, mo lil, mo lil, mo lil.

Peros Vert tout autour d’elle, son peuple noir, son peuple noir, son peuple noir (…) Nous avions nos cases en paille, nos pirogues à trois places, toute la journée, je passais ma vie au bord de la mer. Asseyons-nous, imaginons où sont toutes nos richesses que nous avons déjà quittées sur notre petite île dans l’océan. Peros Vert, Peros Vert, son peuple noir, notre peuple noir, notre peuple noir, nous avons été déracinés (…). Les oiseaux crient, les chiens aboient, j’ai perdu mon île. Au revoir Peros Vert, aurevoir Salomon, au revoir Diego, plus jamais je ne vous reverrai, mon île, mon île. Le soleil, la terre de mon nombril, mon île, mon île, mon île.

Déchirement

Déchirement, désarroi, détresse, tristesse… voilà les sentiments qui m’envahissent quand j’écoute ces ségas. Je ressens toute la nostalgie d’un paradis à jamais perdu, tout le déchirement d’un peuple à jamais expulsé de ses îles, toute une culture à jamais effacée. Et oui, parce que bien avant le dépeuplement, ces îles avaient une vie, des us et des coutumes. Les principales activités étaient essentiellement liées à la transformation de la noix de coco et à la production de coprah.

Ancienne plantation et cocoteraie en ruine sur Diego Garcia en 1970. Photo: Wikicommons.
Ancienne plantation et cocoteraie en ruine sur Diego Garcia aux Chagos, en 1970. Photo : Steve Swaye, Wikicommons.

Spiritain aux Chagos

J’ai été très émue en lisant Naufrage de la barque Diégo à l’Ile d’Aigle aux Chagos, 20 juin 1935, du Père Roger Dussercle, missionnaire spiritain en poste aux Chagos. Certes, son récit est empreint des idéologies de son temps, mais il parvient surtout à nous décrire en détail la vie quotidienne dans l’archipel. Les Chagos étaient autosuffisantes, notamment grâce à la bien nommée île Diamant :

« L’île Diamant, qui ne fait pas mentir son nom, est un véritable bijou. Là pas de plaines rocailleuses, comme dans les autres endroits ; la verdure des cocotiers et de l’herbe fine qui tapisse le sol prend les teintes chaudes d’une vie abondante. C’est le jardin du groupe Peros Banhos ; on y trouve en effet quantité de fruits et de légumes : bananes, giraumons, bringelles, pomme d’amour, piments… »

Naufrage de la barque Diégo à l’Ile d’Aigle aux Chagos, 20 juin 1935, du Père Roger Dussercle
Livre du Père Roger Dussercle missionnaire spiritain aux Chagos.
Livre du Père Roger Dussercle missionnaire spiritain aux Chagos. CR

Plat typique des Chagos

Il nous décrit également le seraz poul ou serage, plat typique des Chagos : « C’est un sérage d’oiseaux de mer : fricassée de yayés, de mariannes et de mandarins, assaisonnés au lait de coco ». Et voici ce qu’il raconte des cocotiers et de la toponymie des îles de l’archipel :

« L’île d’Aigle est entièrement plantée de cocotiers, la plupart appelés cocos Bon Dié parce qu’ils ont poussé sans aucun soin, dons de la nature ou amenés par les courants sur les cotes de l’Ile. (…) Chaque pointe récif, chaque sentier, chaque coin de cocoteraie porte son nom particulier transmis par la tradition des anciens ».

Naufrage de la barque Diégo à l’Ile d’Aigle aux Chagos, 20 juin 1935, du Père Roger Dussercle

Aujourd’hui en 2024, la plupart des membres de la première génération des natifs chagossiens qui furent déportés sont hélas décédés. Cependant, similairement à un cycle, tout nous ramène à la thématique de la voix, du récit des anciens et de la transmission. Je conclurai donc ce billet, en égrenant, telle une litanie, ces noms transmis par la tradition des anciens. Que leurs voix raisonnent dans la mienne.

Ile Diamant

Salomon

Ile Vache Marine

Diego Garcia

Ile Boddam

Péros Banhos

Ile du Coin

Six Iles

Ile d’Aigle

Pointe Marie Louise

Ile Poule

Pointe dans le Sud

Ile Grand Coquillage 

Ile Petit Coquillage

Pointe Marianne

Ile Grande Sœur

Ile Petite Sœur

Moresby

Iles du Nord

Pointe Noroit

Ile Tatamaka

Pointe de l’Est

Ile Pierre


Alsace : visite à la cathédrale de Strasbourg

En ce mercredi 14 février 2024, les catholiques du monde entier célèbrent le Mercredi des Cendres. Ce jour culminera vers la fête de Pâques. A cette occasion, suivez-moi en Alsace, à la découverte de l’une des plus anciennes cathédrales de France : la Cathédrale de Strasbourg !

La Cathédrale de Strasbourg est classée Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1988. Photo: CR.

Strasbourg et ses… strass ? Pas du tout ! C’est plutôt Strasbourg, siège du Parlement européen. Mais aussi Strasbourg et ses belles bâtisses à colombages, son incontournable marché de Noël, et surtout sa magnifique cathédrale. Classée Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1988, elle est l’un des monuments les plus célèbres de toute l’Alsace.

Bien qu’elle soit connue de tous du nom de Cathédrale de Strasbourg, l’édifice s’appelle en réalité la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg. Elle est dédiée à la Vierge-Marie. Presqu’aussi connue que sa grande sœur de Paris, la Cathédrale Notre-Dame représente une véritable encyclopédie de l’architecture médiévale. Elle a été construite entre 1180 et… 1490 !

L’architecture de la Cathédrale de Strasbourg témoigne du temps où la ville était germanique, puis allemande. Elle conjugue à partir du 13e siècle le gothique français et germanique. L’édifice arbore également une flèche qui culmine à 142 mètres, ce qui était une prouesse technique inégalée jusqu’au 19e siècle. L’entrée dans la cathédrale se fait par la façade occidentale. Les nombreuses sculptures et dentelles de pierre qui ornent cette façade témoignent du savoir-faire des tailleurs de pierre de l’époque. De plus, l’édifice est fait de grès rose des Vosges – couleur qui ressort magnifiquement bien, surtout par une belle journée d’été ! Vous l’aurez compris, la façade de la cathédrale m’a laissée bouche-bée!  

Horloge astronomique

Après avoir fait la queue et passer les contrôles de sécurité, me voici enfin à l’intérieur de la cathédrale ! Et la, c’est la…pénombre. En effet, il y fait relativement sombre en comparaison à d’autres églises. Heureusement qu’une magnifique rosace et de grands vitraux permettent à la lumière extérieure d’éclairer quelque peu les lieux. De plus, les nombreux lumignons qui entourent les différents oratoires diffusent une atmosphère chaleureuse.

Une magnifique rosace et de grands vitraux permettent à la lumière extérieure d’éclairer les lieux. Photo: CR.
Le grand orgue de la cathédrale. Photo: CR.

Outre les oratoires, l’intérieur de la cathédrale abrite de nombreux autres éléments, telle que des chapelles où l’on peut se recueillir, ainsi qu’un grand orgue qui se situe dans la nef. J’ai aussi été heureuse d’admirer le chaire gothique flamboyant. Une cinquantaine de statuettes orne le chaire, qui s’illumine quand on y dépose une petite pièce de monnaie ! Mais bien plus impressionnant que le chaire qui s’illumine, figure l’horloge astronomique !

L’horloge astronomique fut édifiée entre 1571 et 1574. Photo: CR.
L’horloge astronomique permettait de lire les astres et les planètes. Photo: CR.

Jouissant d’une renommée internationale, l’horloge astronomique, édifiée entre 1571 et 1574, est l’une des principales attractions de la cathédrale. Le terme astronomique ne signifie pas ici élevés ou très grands, au sens moderne du mot. Il faut lui donner son sens premier, c’est-à-dire relatif aux astres et aux planètes. Fruit de la collaboration entre artistes, horlogers, mathématiciens et techniciens, cette remarquable horloge représente un véritable chef d’œuvre de la Renaissance. Les rouages et engrenages datent de 1842 et sont toujours fonctionnels.

Les rouages et engrenages de l’horloge datent de 1842. Photo: CR.

Par ailleurs, l’Horloge attire surtout les visiteurs grâce à son jeu d’automates. En effet, l’horloge prend vie tous les jours à 12h30 précises, avec des automates qui font défiler les douze apôtres devant le Christ. Un automate se met aussi en mouvement pour quelques secondes à chaque quart d’heure et à chaque heure. Comme de nombreuses personnes, j’étais impatiente d’admirer ces fameux personnages d’un autre temps en action. C’était tout simplement magique !

Place de la Cathédrale

La Place de la Cathédrale, lieu de passage mais aussi de rencontre, de culture, de spectacle et de convivialité! Photo: CR

Visiter la Cathédrale de Strasbourg constitue un événement en soi ! La ville est belle et dynamique, sans compter la Place de la Cathédrale, qui est un lieu de passage mais aussi de rencontre, de culture, de spectacle de rue et de convivialité. J’ai adoré déambuler dans les rues de la ville et voir les plaques de noms des rues, à la fois en allemand et en français, témoignant ainsi du passé franco-germanique de l’Alsace. La Cathédrale de Strasbourg est un lieu unique, qui mérite vivement le détour !

La Cathédrale de Strasbourg est un lieu unique! Photo: CR.


Ile Maurice : Bernardin, Paul et Virginie

Bernardin de Saint Pierre est né le 19 janvier 1737. Botaniste et écrivain français, il est mondialement connu pour son roman Paul et Virginie qui se déroule à l’Ile Maurice. Suivez-moi au cœur de l’Océan Indien, sur les pas de Bernardin, Paul et Virginie.

J’adore admirer cette statue de Paul et Virginie au Jardin des Plantes! Photo: CR.

287 ans ! C’est l’âge qu’aurait eu aujourd’hui Bernardin de Saint Pierre. Bien qu’il soit décédé en 1814 à l’âge de 77 ans, la mémoire de ce natif du Havre a traversé les siècles. Ecrivain et botaniste, Bernardin de Saint Pierre est un globe-trotter avant l’heure. En 1768, après de nombreuses péripéties à travers l’Europe, il part pour l’Isle de France (actuelle Ile Maurice). Il y trouve un emploi de botaniste. Le Jardin Botanique de Pamplemousses, où a œuvré Bernardin de Saint Pierre contient d’ailleurs un très beau buste du Français. L’une de ses citations figure aussi sur la Colonne Liénard, mini-obélisque qui trône au centre des principales avenues du jardin:

Citation du botaniste qu'était Bernardin de Saint Pierre.
Citation du botaniste qu’était Bernardin de Saint Pierre. Photo: CR.

Un autre jardin, et non des moindres, rend également hommage à Bernardin de Saint Pierre. Il s’agit du Jardin des Plantes à Paris. En effet, Bernardin de Saint Pierre fut nommé intendant du Jardin des Plantes en 1791. J’ai été très heureuse d’y admirer l’imposante sculpture de l’écrivain lors de mes flâneries parisiennes. Le monument est constitué d’une statue représentant Bernardin de Saint Pierre. Sur le haut-relief du piédestal figurent Paul et Virginie, avec leur chien Fidèle, entourés d’une végétation tropicale.

Bernadin, Paul et Virginie au Jardin des Plantes à Paris. Photo: CR.
Bernadin, Paul et Virginie au Jardin des Plantes à Paris. Photo: CR.

Bernardin et le paradis perdu

De Pamplemousses à Paris, il est impossible de dissocier Bernardin de Saint Pierre du roman qui a fait sa gloire. Ecrit en 1788, Paul et Virginie est l’un des premiers « best sellers » mondiaux de l’histoire de la littérature. Alors qu’ils ont grandi ensemble à l’Isle de France dans une nature luxuriante et bienveillante, Paul et Virginie sont séparés quand Virginie est envoyée en France pour parfaire son éducation. Le Saint Géran, navire sur lequel voyage Virginie fait naufrage lors de son retour à l’Isle de France. La jeune fille, victime des scrupules et valeurs acquises lors de son éducation en France, se laisse emporter par les flots par pudeur.

L’œuvre de Bernardin de Saint Pierre est complexe. Elle traite de thèmes intemporels : l’amour, l’esclavage, le naturalisme, la corruption de la société et le paradis perdu, entre autres. Ce paradis perdu où se déroule l’essentiel de Paul et Virginie se nomme aujourd’hui Ile Maurice. Entre mythe et réalité, le souvenir de Paul et Virginie est bien présent dans divers lieux de l’île. De Pamplemousses à Port-Louis, suivez-moi à la rencontre de ces deux amoureux qui ont à jamais marqué l’histoire de la littérature.

Pamplemousses, dernière demeure de Virginie

Pamplemousses, situé au nord de la capitale mauricienne, est un lieu incontournable du roman. C’est à l’église de Pamplemousses que les mères de Paul et de Virginie vont à la messe dominicale. Elles « ne portaient de souliers que pour aller le dimanche, de grand matin, à la messe à l’église des Pamplemousses, que vous voyez là- bas. », écrit Bernardin de Saint Pierre. Cette église qui porte le nom de Saint-François d’Assises, existe encore, et j’aime beaucoup m’y rendre :

J’aime beaucoup me rendre a l'eglise de Saint-François d’Assises :-) Photo: CR
J’aime beaucoup me rendre a l’eglise de Saint-François d’Assises 🙂 Photo: CR

Outre, les messes qui y sont dites, l’église de Pamplemousses est d’une prime importance. Ses terres seront la dernière demeure de Virginie.

« M. de la Bourdonnays m’envoya avertir secrètement que le corps de Virginie avait été apporté à la ville par son ordre, et que de là on allait le transférer à l’église des Pamplemousses. Je descendis aussitôt au Port- Louis, où je trouvai des habitants de tous les quartiers , rassemblés pour assister à ses funérailles, comme si l’île eût perdu en elle ce qu’elle avait de plus cher (…) On l’enterra près de l’église des Pamplemousses, sur son côté occidental, au pied d’une touffe de bambous, où, en venant à la messe avec sa mère et Marguerite, elle aimait à se reposer, assise à côté de celui qu’elle appelait alors son frère ». Un peu plus loin dans le roman, nous apprenons que Paul y a ensuite été prier : «je lui demandai pourquoi il avait été prier Dieu au pied de ces bambous ; il me répondit :  » Nous y avons été si souvent ! »

Sculpture et sépulture

Comme pour donner corps au mythe, une sculpture des deux jeunes gens, signée Szuszanna Szemok a été érigée en 2005 dans les jardins de l’église de Pamplemousses :

Sculpture de Paul et Virginie dans les jardins de l’église de Pamplemousses. Photo: CR
Sculpture de Paul et Virginie dans les jardins de l’église de Pamplemousses. Photo: CR

Le souvenir de Paul et Virginie est si étroitement lié au village de Pamplemousses que ce dernier recèle même une « sépulture » dédié aux amoureux. En effet, au bout de l’avenue Paul et Virginie au Jardin de Pamplemousses se trouve un socle qui représente symboliquement le tombeau des jeunes gens. La légende raconte que le socle portait jadis une statue de Paul et de Virginie…

La légende raconte que le socle portait jadis une statue de Paul et de Virginie… Photo: CR
La légende raconte que le socle portait jadis une statue de Paul et de Virginie… Photo: CR

Poudre d’Or et le drame du Saint Géran

Quittons désormais Pamplemousses pour nous rendre à Poudre d’Or. Ce village côtier du Nord-Est de l’Ile Maurice est un autre lieu clé du roman. En effet, c’est au large de ses côtes que le Saint Géran fait naufrage, emportant ainsi la douce Virginie. Bernardin de Saint Pierre mentionne plusieurs fois le nom de Poudre d’Or dans son récit :

« C’était un noir qui s’avançait à grands pas. Dès qu’il nous eut atteints, je lui demandai d’où il venait, et où il allait en si grande hâte. Il me répondit : « Je viens du quartier de l’île appelé la Poudre- d’Or : on m’envoie au port, avertir le gouverneur qu’un vaisseau de France est mouillé sous l’île d’Ambre. Il tire du canon pour demander du secours ; car la mer est bien mauvaise.  » (…) Je dis alors à Paul :  » Allons vers le quartier de la Poudre d’Or, au- devant de Virginie ; il n’y a que trois lieues d’ici.  » »

Pudeur

Mais Virginie, par pudeur, refusa tout sauvetage. Poudre d’Or restera a jamais un lieu de malheurs pour Paul : « Nous arrivâmes sur le milieu du jour au quartier de la Poudre- d’Or. Il descendit précipitamment au bord de la mer, vis- à- vis du lieu où avait péri le Saint- Géran . A la vue de l’île d’Ambre, et de son canal alors uni comme un miroir, il s’écria :  » Virginie ! ô ma chère Virginie !  » et aussitôt il tomba en défaillance. »

Si le tombeau de Paul et Virginie allie mythe et réalité, le naufrage du Saint Géran est lui bien réel. Le navire français partit de Lorient le 24 mars 1744 et fit naufrage au large de l’Ile d’Ambre, au nord est de l’Ile Maurice, dans la nuit du 16 au 17 août 1744. Un monument érigé au village de Poudre-d’Or nous fait le recit de ce ce tragique évènement.

Par ailleurs, il semble que Bernardin de Saint Pierre se soit inspiré de l’une des passagères du Saint Géran pour le personnage de Virginie. En effet, lors de leurs dépositions, des matelots sauvés du naufrage font état d’une certaine Mademoiselle Caillon, qui refusa de se jeter à la mer. «Mademoiselle Caillon était sur le gaillard d’avant avec MM. Villarmois , Gresle , Guiné et Longchamps de Montendre, qui descendit le long du bord pour se jeter à la mer, et remonta presque aussitôt pour déterminer mademoiselle Caillon à se sauver », expliquèrent-ils.

Scène d’anthologie

Mademoiselle Caillon refusa de se jeter à l’eau. Elle inspira ainsi l’une des scènes d’anthologie de la littérature française : la mort de Virginie.

« C’était Virginie (…) elle nous faisait signe de la main, comme nous disant un éternel adieu. Tous les matelots s’étaient jetés à la mer. Il n’en restait plus qu’un sur le pont, qui était tout nu, et nerveux comme Hercule. Il s’approcha de Virginie avec respect : nous le vîmes se jeter à ses genoux, et s’efforcer même de lui ôter ses habits ; mais elle, le repoussant avec dignité, détourna de lui sa vue. On entendit aussitôt ces cris redoublés des spectateurs :  » Sauvez- la, sauvez-la ! ne la quittez pas ! » Mais, dans ce moment, une montagne d’eau d’une effroyable grandeur s’engouffra entre l’île d’Ambre et la côte, et s’avança en rugissant vers le vaisseau (…). A cette terrible vue, le matelot s’élança seul à la mer ; et Virginie, voyant la mort inévitable, posa une main sur ses habits, l’autre sur son cœur, et, levant en haut des yeux sereins, parut un ange qui prend son vol vers les cieux. »

Tragiques destins

Le trépas de Virginie s’en suivra de celui de Paul qui mourra deux mois après son aimée. Il reposera auprès d’elle, au pied d’une touffe de bambous à l’église des Pamplemousses. Paul et Virginie inspira bien des artistes, dont le célèbre sculpteur mauricien Prospser d’Epinay. L’une de ses œuvres les plus connues est la sculpture en marbre de Paul et Virginie. On peut aujourd’hui la voir au Blue Penny Museum :

Sculpture en marbre de Paul et Virgnie signée Prosper d’Epinay :-) Photo: CR
Sculpture en marbre de Paul et Virginie signée Prosper d’Epinay 🙂 Photo: CR

Une réplique de la sculpture trône aussi dans les Jardins de la mairie de la ville de Curepipe:

Paul et Virginie dans les jardins municipaux de Curepipe. Photo: CR

De l’Ile Maurice à Paris, Paul et Virginie est partout (ségas, écoles, rues, hôtels, etc). Outre les monuments dédiés à Bernardin, Paul et Virginie, il y a une autre représentation, bien moins connu, qui me tient à cœur. Nul besoin de voyager bien loin pour l’admirer, puis ce qu’il s’agit d’un portrait de Paul qui fut offert à mes parents en 1979. L’image a certes été jaunie par le temps, mais cet objet a pour moi une grande valeur car il fait affectueusement partie de mes souvenirs d’enfance. Et c’est sans doute la raison pour laquelle je vous ai écrit ces quelques lignes sur Bernardin, Paul et Virginie 🙂

Ce portrait jauni de Paul avec son chien Fidèle fait affectueusement partie de mes souvenirs d’enfance 🙂 Photo: CR

Références :

DE SAINT PIERRE, B (1788) : Paul et Virginie.

ZURCHER & MARGOLE (1872) : Les naufrages célèbres, Librairie Hachette et cie.


Alsace : visite au mont Sainte-Odile

En ce jeudi 14 décembre 2023, le calendrier catholique fête la Sainte Odile. A cette occasion suivez- moi au cœur de l’Alsace à la découverte d’un sanctuaire exceptionnel : le mont Sainte-Odile !

Vue du sanctuaire du mont Sainte Odile.
Vue du sanctuaire du mont Sainte-Odile. CR

Bonne fête aux Odiles ! Et oui, en ce 14 décembre, nous célébrons toutes celles qui portent cet ancien prénom médiéval d’origine germanique. L’une des Odiles les plus connues est Odile de Hohenbourg, qui deviendra plus tard Sainte Odile. Elle est la patronne de l’Alsace. Avant de découvrir le mont Sainte-Odile, je vous propose un aperçu de l’histoire fort intéressante de Sainte Odile.

Bienvenue au mont Sainte-Odile :-) Photo: CR
Bienvenue au mont Sainte-Odile 🙂 Photo: CR

Nous sommes vers les années 660 dans le Bas-Rhin, alors qu’Aldric, Duc d’Alsace attend un héritier mâle, son épouse accouche d’une fille, aveugle de surcroit. Furieux d’avoir une enfant infirme, Aldric veut la tuer, mais y renonce que sur la promesse qu’il ne la reverra jamais. La mère de la petite Odile la confie alors à une nourrice qui se réfugie dans un village lointain. Selon la légende, un évêque fut informé en songe d’aller y baptiser l’enfant. Au moment du baptême, les yeux d’Odile s’ouvrirent à la lumière. C’est ainsi qu’Odile est aussi la sainte patronne des aveugles.

Venez et voyez

Le mont Sainte-Odile nous accueille avec un beau clin d’œil : venez et voyez ! Photo: CR
Le mont Sainte-Odile nous accueille avec un beau clin d’œil : venez et voyez ! Photo: CR

Après cette petite halte historique, revenons au mont Sainte-Odile, qui nous accueille avec un très beau clin d’œil : venez et voyez ! Et il y a tant à voir ! Le mont Sainte-Odile est un lieu qui allie spiritualité, sport, et beauté ! Situé à 753m d’altitude au cœur d’une magnifique forêt, le sanctuaire est une ancienne abbaye fondée par Sainte Odile, il a y plus de 1,300 ans. Chaque année, il accueille des milliers de pèlerins qui viennent y prier et se recueillir sur le tombeau de Sainte Odile. Les reliques de la sainte se trouvent dans un sarcophage du VIIIe siècle.

Le tombeau de Sainte Odile. Photo: CR
Le tombeau de Sainte Odile. Photo: CR
Les reliques de Sainte Odile se trouvent dans un sarcophage du VIIIe siècle. Photo: CR
Les reliques de Sainte Odile se trouvent dans un sarcophage du VIIIe siècle. Photo: CR

Juste à côté du tombeau se trouve l’église Notre-Dame de l’Assomption, autre lieu de culte du sanctuaire. On y célèbre plusieurs messes quotidiennement. De plus, une Adoration Perpétuelle du Saint-Sacrement, qui y est exposé, est assurée 24h/24, 7j/7 depuis 1931. En effet, il y a toujours une ou deux personnes qui se relaient devant le Saint-Sacrement. On y prie pour l’Alsace, pour la paix et la réconciliation, et pour les vocations sacerdotales et religieuses.

Outre le tombeau et l’église, plusieurs autres éléments et édifices composent le sanctuaire du mont Saint-Odile. Il y a notamment un magnifique Chemin de Croix avec des mosaïques qui orne les flancs de la montagne :

Chemin de Croix du mont Sainte-Odile! 🙂 Photo: CR.

Outre, le Chemin de Croix, la Chapelle des Larmes et la Chapelle des Anges sont aussi des éléments qui font la singularité des lieux. La première tiendrait son nom du fait que Sainte Odile y aurait pleuré et prié pendant plusieurs jours afin que son père, mort, puisse être pardonné de ses péchés terrestres et accéder au paradis céleste. La deuxième tiendrait son nom du fait que la chapelle soit consacrée aux anges, tout simplement.

Source miraculeuse

Entre larmes et anges, la piété populaire transmet d’une génération à l’autre plusieurs récits autour de Sainte Odile. L’un des plus connus est celui du Miracle de la source. Alors qu’elle montait au cœur de la forêt pour rejoindre le monastère, Odile entendit des gémissements. Elle découvrit auprès d’un rocher un homme malade, extenué et peut-être aveugle. Trop affaiblit, il ne pouvait gravir la montagne jusqu’au monastère. Se souvenant de Moïse qui avait frappé le rocher pour faire jaillir l’eau pour désaltérer les hébreux dans le désert, Odile en fit de même. Aussitôt une source limpide en aurait jaillit, permettant au pauvre homme de retrouver des forces. 

Une source miraculeuse coule. Photo: CR.
Une source miraculeuse coule. Photo: CR.

Depuis lors, la source miraculeuse coule… On y accède du haut comme du bas de la montagne. Pour ma part, je m’y suis rendue au terme d’une petite randonnée en forêt en descendant sur des sentiers du haut du mont. Les pèlerins boivent ou recueillent l’eau miraculeuse, et demandent la guérison des maux du cœur et du corps, notamment ceux des yeux. J’étais très heureuse de découvrir cette magnifique source, d’y prier et …d’y boire ! Et j’avais grand besoin de m’hydrater, car après la descente… ben place à l’ascension ! Et je peux vous dire que c’est du sport !

L’imposante statue de Sainte Odile tournée vers les plaines d'Alsace! Photo: CR
L’imposante statue de Sainte Odile tournée vers les plaines d’Alsace! Photo: CR

Mais quelles joie et fierté de gravir la montagne ! De la terrasse du sanctuaire, nous avons une vue à en couper le souffle sur les plaines d’Alsace. L’imposante statue de Sainte Odile et la beauté des paysages environnants font du mont Sainte-Odile un lieu magique et hors du temps, propice à la contemplation et au resourcement. J’ai été très émue en déambulant dans les magnifiques jardins du sanctuaire et en mettant mes pas dans ceux de Sainte Odile !


L’Acropole : pole position sur l’histoire

Lieu mythique, dans tous les sens du terme, l’Acropole évoque la Grèce, les Dieux, et l’histoire avec un grand H. Suivez-moi à Athènes, à la découverte de ce Patrimoine mondial de l’UNESCO !

L'Acropole, lieu mythique! :-) CR
L’Acropole, lieu mythique! 🙂 CR

L’Acropole. Qui ne connaît pas ce site emblématique de la capitale grecque ? Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987, il est l’un des sites les plus visités de toute la planète. Situé au cœur d’Athènes, l’Acropole nous contemple du haut d’une colline de 156 mètres, et surtout riche de près de 4,000 années d’histoire !

Au départ de cette visite dans le temps, il est important de souligner que l’Acropole n’est pas un élément unique, mais un site constitué de divers vestiges et monuments. L’histoire de l’Acropole est très ancienne. Les pentes de la colline où elle se trouve étaient déjà habitées au temps de la préhistoire, notamment grâce à la présence de sources d’eau. A l’époque classique, le site devint un important centre intellectuel, culturel et religieux de la vie athénienne. Au VIe siècle avant Jésus-Christ, un sanctuaire ainsi qu’un théâtre dédiés à Dionysos (Dieu du vin) y furent établis. Le théâtre de Dionysos est le tout premier théâtre de l’histoire ! Il accueillit ainsi les premières tragédies grecques !

Le théâtre de Dionysos, le tout premier théâtre de l’histoire !
Le théâtre de Dionysos, le tout premier théâtre de l’histoire ! CR
Le théâtre de Dionysos a accueilli les premières tragédies grecques ! 🙂 CR

Au Ve siècle avant notre ère, les Grecs construisirent deux monuments additionnels sur les pentes de la colline, non-loin du théâtre de Dionysos. Il s’agit de l’Odéon de Périclès (important homme d’état de la Grèce antique), où des concours musicaux étaient organisés lors des Panathénées, et du Temple d’Asclépios (Dieu de la médecine). On rajouta d’autres monuments au fil des siècles, tels que le portique d’Eumène (stoa d’Eumène), passage couvert reliant les divers sites entre eux, et l’Odéon d’Hérode Atticus (sénateur romain). L’Odéon d’Hérode Atticus date de l’an 161. Parfaitement restauré et conservé, il accueille encore des spectacles à ce jour.

L’Odéon d’Hérode Atticus date de l'an 161 :-) CR
L’Odéon d’Hérode Atticus date de l’an 161 🙂 CR

Porte d’entrée de l’Acropole

Outre les réjouissances théâtrales et musicales, le site de l’Acropole avait un rôle central dans la vie religieuse de l’Athènes antique. Dirigeons nous maintenant vers les nombreux temples antiques érigés au sommet de la colline. L’accès au sommet se fait à travers les fameuses Propylées. Ces dernières constituent une sorte de vestibule précédant l’entrée au principal sanctuaire. Et je peux vous dire qu’une fois qu’on y est, on a le cœur qui bat à cent à l’heure, car il s’agit littéralement de la monumentale porte d’entrée de l’Acropole ! Avec leurs marches et leurs immenses colonnes de marbre, les Propylées m’ont subjuguée ! Je remontais dans le temps au fur et à mesure que j’avançais. Un sentiment incroyable !

Les Propylées, porte d'entrée de l'Acropole! CR
Les Propylées, porte d’entrée de l’Acropole! CR

Une fois les Propylées franchies, c’est le crescendo ! Le Parthénon, le temple d’Athéna Nikè, et l’Érechthéion. Tous ces temples grecs, que je ne connaissais qu’au travers de mes lectures, étaient là, devant mes yeux, exhibant fièrement leurs colonnades de marbre et leur histoire presque trois fois millénaires. J’ai été submergée par une émotion intense. Mélange d’excitation et de joie d’être enfin dans ces lieux mythiques, d’émerveillement devant la beauté des lieux, et d’humilité de littéralement marcher dans les pas d’une si riche histoire. Ces premières minutes m’ont bouleversée !

Joie de littéralement marcher dans les pas de l'Histoire :-) CR
Immense joie de marcher dans les pas de l’Histoire 🙂 CR

Le Parthénon

Remise de mes émotions, je suis d’abord allée à la découverte du plus connu de tous les temples grecs : le Parthénon ! Dédié à la déesse Athéna Parthenos, patronne et protectrice de la cité, le Parthénon était le temple le plus important de la Grèce antique. Sa construction date de 447 à 438 av. J.C. De forme rectangulaire, tout en marbre, l’édifice de 15 mètres de haut impressionne surtout grâce à ses imposantes colonnades. Il y en 17 sur chaque longueur et 8 sur chacune des largeurs. Le Parthénon abritait jadis une statue d’Athéna de 12 mètres, faite de chryséléphantin (soit d’or et d’ivoire).

De plus, des fresques sculpturales décoraient autrefois les frontons du temple. La plupart des fresques ont hélas été mutilées. Le musée de l’Acropole en expose aujourd’hui certaines. Bien que ses colonnades se dressent fièrement, le Parthénon est en restauration depuis quelques décennies. Des crampons de fer furent utilises lors d’une campagne de restauration datant des années 1980s. Cependant, le fer s’est progressivement oxydé, provoquant de la rouille qui, par dilatation, a fait exploser les blocs de marbre. Afin de préserver au mieux le Parthénon, les restaurateurs utilisent désormais du marbre ainsi que du titane.

Le célebre Parthénon! :-) CR
Le célèbre Parthénon ! 🙂 CR
Balade le long du Parthénon! :-)
Balade le long du Parthénon ! 🙂 CR
Interdiction de toucher au marbre :-)
Interdiction de toucher au marbre 🙂 CR

Porche des Demoiselles

Après, le Parthénon, place à la visite d’un autre magnifique temple sur l’Acropole : l’Érechthéion – construit entre 431 et 406 av. J.C. Ce monument était dédié à Érichthonios, quatrième roi d’Athènes. Les parents de ce dernier seraient le Dieu Héphaïstos et Gaïa la Terre. Six magnifiques colonnes vous accueillent à la façade nord du temple. Outre les colonnades, ce sont surtout les statues qui ornent une sorte de porche au sud de l’Érechthéion qui impressionnent !

L’appellation de ce lieu varie : Porch of the Maidens (Porche des Demoiselles), Caryatid Porch (Porche des Cariatides) ou encore Korai Porch (Porche des Jeunes filles). Quoi qu’il en soit, l’Érechthéion se distingue bel et bien grâce aux cariatides. Celles-ci sont des statues de femmes qui portent une tunique et qui soutiennent un élément sur la tête. Elles sont ainsi une alternative aux colonnes classiques. Cependant, les cariatides de l’Érechthéion sont des copies et les orignaux se trouvent au musée de l’Acropole.

L’Érechthéion se distingue grâce aux magnifiques cariatides! CR
L’Érechthéion se distingue grâce aux magnifiques cariatides! CR
La façade nord de l’Érechthéion :-) CR
La façade nord de l’Érechthéion 🙂 CR

L’Acropole d’Athènes est un site aussi majestueux que magique. J’ai ressenti une profonde émotion à chaque étape de ma visite, et devant chaque vestige, monument et temple. En effet, c’était un vrai privilège, une joie immense de voyager ainsi dans l’histoire et d’admirer ces édifices multimillénaires. Avant de quitter les lieux, Samarianzla et moi nous sommes fait un devoir de chanter le refrain d’Acropolis Adieu de Mireille Mathieu ! Acropolis, on s’est aimé quelques jours, on s’aimera toujours !

L'Acropole, lieu mythique! :-) CR
L’Acropole, lieu mythique ! 🙂 CR


Tinos, le saphir des Cyclades

Les îles des Cyclades sont connues du monde entier. Et pourtant, il y en a certaines qui le sont moins que d’autres. Découvrons ensemble Tinos, le saphir des Cyclades !

Bienvenue à Tinos!
Bienvenue à Tinos! CR

Exit les mastodontes ! Oubliés les Mykonos, Santorin et autres poids lourds du tourisme grec. Situées dans la mer Egée, au cœur du bassin méditerranéen, les Cyclades comptent environ 250 îles, îlots et îlots rochers. Uniquement 24 d’entre eux sont habités. Aujourd’hui je vous emmène découvrir la magnifique île de Tinos.

Tinos, le saphir des Cyclades! 🙂 CR

D’une superficie de 197 km2, Tinos fait figure de véritable saphir des Cyclades! Le voyage vers ce joyau se fait en ferry depuis le port de Rafina à Athènes. Il faut compter entre 2 heures de traversée par ferry rapide et 5 heures par ferry normal. J’ai eu la chance de voyager à bord des deux types de bateau et j’avoue avoir une préférence pour la traversée de 5 heures. Celle-ci s’apparente plus à une agréable croisière sur la mer Egée, avec vue et/ou arrêt sur les îles de Megalonisos, Giaros, Andros, Tinos et Mykonos.

Le port de Rafina à Athènes. CR
Le voyage se fait en ferry depuis le port de Rafina à Athènes.
Le voyage se fait en ferry depuis le port de Rafina à Athènes. CR

Pour ma part, après un arrêt impromptu à Andros, le terminus fut Tinos. Avec une arrivée nocturne, ce n’est que le lendemain que j’ai pu m’émerveiller devant la splendeur de ce joyau cycladique ! Vue imprenable sur la mer, belles maisons blanches et bleues, magnifique ciel bleu, montagnes au loin, marbre d’une blancheur étincelante… Tinos est tout simplement paradisiaque! La quiétude et la douceur de vivre qui y règnent m’ont envoûtée. Pas d’embouteillage, pas d’autoroute, pas de feux de signalisation, pas de stress… et la vie qui se déroule sereinement, tranquillement, au gré des allées et venues des bateaux au port.

Architecture cycladique! CR
Architecture cycladique! CR
Le port de Tinos.
Le port de Tinos. CR

Montagneuse et venteuse

Le port de Tinos, où se situe Tinos Town, le « centre-ville », est le véritable poumon de l’île. On y trouve le marché, le poste de police, de nombreux restaurants et commerces, un musée archéologique et surtout Panagía Evangelístria (Notre-Dame de Tinos en français).

Notre-Dame de Tinos! :-)
Notre-Dame de Tinos! 🙂 CR

Principale église orthodoxe de Grèce dédiée à Marie, la magnifique Panagía Evangelístria est faite de marbre blanc et se trouve au haut d’une colline. Chaque année, l’église accueille des pèlerins venus de toute la Grèce car elle abrite une icône mariale miraculeuse. Bon nombre d’entre eux se rendent au haut de la colline à genoux. Une fois à l’intérieur de l’édifice, il est de tradition de faire une offrande et de saluer l’icône miraculeuse. Les pèlerins allument ensuite plusieurs cierges et prient la Vierge Marie. Chaque personne qui entre à Notre-Dame de Tinos en ressort avec un souvenir de l’icône miraculeuse, qu’il pourra emmener à chacun de ses déplacements.

Des pèlerins se rendant au haut de la colline à genoux. CR
Des pèlerins se rendant à Notre-Dame de Tinos à genoux. CR

Le meilleur moyen de profiter de Tinos Town est sans conteste de flâner à pieds dans ses magnifiques ruelles. En revanche, se déplacer ailleurs dans Tinos représente une autre aventure, car l’île est montagneuse et venteuse. ll est donc fortement conseillé de louer une voiture afin d’en découvrir chaque recoin. Pour ma part, j’ai adoré sillonner Tinos en bus. Au départ de la gare, qui se trouve non loin du port, les bus vous emmènent aux plus belles plages de l’île ou à l’intérieur des montagnes où sont nichés des villages restés authentiques.

Vue du haut des montagnes. CR
Vue du haut des montagnes. CR

Pyrgos

L’un de ses villages se nomme Pyrgos. Il se situe au nord ouest de l’île et l’on y accède après une heure de voyage aux flancs de montagnes escarpées. Entre mer et montagnes, les vues lors de ce trajet sont simplement sublimissimes ! Et une fois arrivée à Pyrgos, c’est l’émerveillement ! On a peine à croire qu’un si beau village se cache au creux des montagnes. Les voitures et les autobus n’ont pas accès à Pyrgos. Tout se fait donc à pied, aux abords de ruelles sinueuses mais ô combien belles et… blanches !

Vue sur le village de Pyrgos! CR
Vue sur le village de Pyrgos! CR

Et oui, Pyrgos est surtout connu pour son marbre d’une grande qualité et pour ses nombreux sculpteurs, tels que Giannoulis Chalepas. Le village abrite d’ailleurs le Musée des métiers du marbre. Pyrgos est un lieu d’art et de création, où tout appelle au beau et à l’esthétisme. Non loin de là, se trouve aussi le village de Panormos. Avec ses magnifiques maisons à l’architecture cycladique, et ses plages cristallines, Panormos est l’archétype du village grec, tel que l’on l’admire sur les cartes postales…

Pyrgos est connu pour son marbre d’une grande qualité :-) CR
Pyrgos est connu pour son marbre d’une grande qualité 🙂 CR

Je vous ai parlé du beau, mais il est aussi temps que je vous parle du… bon ! Et oui, parce que voyager de village en village à Tinos, ça creuse l’appétit ! Que dire, sinon que tout est délicieux ! Non non, je n’exagère pas. Des nectarines, aux melons en passant par les abricots, tous les fruits regorgent de soleil. Par ailleurs, j’ai aussi eu la chance de goûter au véritable yaourt grec, qui est de texture épaisse et au goût aigre. Cela m’a un peu décontenancée au début, mais on s’y habitue rapidement. De plus si le goût du yaourt est trop aigre, on peut y rajouter une pointe de miel ou des melons confits. J’ai aussi aimé manger la procuto de Tinos, charcuterie locale à base de porc.

Vrai régal

J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir les fromages à Tinos. CR
J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir les fromages à Tinos. CR

Outre les plats vedettes tels que la salade grecque, les gyros, les olives et la moussaka, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir les fromages à Tinos. D’abord, il y a le ΓΡΑΒΙΕΡΑ ΤΗΝΟΥ, qui est une sorte de gruyère local au lait de vache. Puis, il y a aussi eu les fromages au lait de brebis, avec leur goût très caractéristique, parfois même piquant. On les utilise dans divers plats, dont le tiropikatia, pâte triangulaire fourrée au fromage, et son cousin, le spanakopita, fourré aux épinards et au fromage. Délicieux et pas chers, le tiropikatia et le spanakopita étaient d’excellentes découvertes !

Le tiropikatia,et son cousin, le spanakopita! CR
Le tiropikatia,et son cousin, le spanakopita! CR

Vous l’aurez constaté, découvrir Tinos a été pour moi un vrai régal… à la fois pour les yeux et les papilles ! Entre mer et nature, avec ses villages construits à flanc de montagne, Tinos est un paradis hors du temps. Confetti de terre perdu en pleine mer Egée, cette île est pour moi, à bien des égards, le saphir des Cyclades !