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Musique : Starmania, l’intemporelle

L’opéra-rock Starmania célèbre en ce 10 avril 2024 ses 45 ans. Et pourtant, le temps n’a pas de prise sur ses chansons, qui sont aujourd’hui des classiques. Starmania et moi, que d’émois.

Luc Plamondon et la troupe de Starmania pour la 500ᵉ du spectacle à Montréal, le 14 septembre 1995. © PONOPRESSE / Gamma-Rapho / Getty Images

1979 – 2024. Cela fait déjà 45 ans que la comédie musicale Starmania a été présentée pour la première fois, à Paris. Avec ses tubes d’une actualité et d’une pertinence incroyable, Starmania a toujours fait partie de l’environnement ambiant dans lequel j’ai baigné. Les chansons passaient régulièrement à la radio et lors d’émissions à la télévision. De plus, il y avait toujours quelqu’un qui avait l’excellente idée de reprendre une chanson de l’opéra-rock lors de concerts à l’école ou lors de karaokés.

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Bref, les tubes de Starmania se distillaient dans mon existence avec un naturel déconcertant ! Ces chansons, qui datent pourtant de 1979, n’ont pris aucune ride. Intemporelles, elles sont devenues des grands classiques de la variété française. Et il faut dire que la distribution 5 étoiles de l’opéra-rock à sa création a grandement contribué au succès de Starmania. Imaginez-vous : Daniel Balavoine et France Gall, deux immenses stars ! Une autre grande vedette de cette comédie musicale n’est nul autre que… Michel Berger !

Avec Starmania, Michel Berger a montré qu’il était très en avance sur son temps! Photo: Wikicommons.
Avec Starmania, Michel Berger a montré qu’il était en avance sur son temps! Photo: Wikicommons.

Impossible d’écrire ce billet sans mentionner celui qui, avec Luc Plamondon, a créé Starmania. Chanteur et parolier de génie, Michel Berger est connu pour ses textes et ses chansons mélodieuses. Bien qu’il soit décédé en août 1992 à l’âge de 44 ans, il demeure l’un des incontournables de la musique française et francophone. Par ailleurs, les personnages créés pour Starmania confirment que Berger avait une immense créativité et qu’il était surtout très en avance sur son temps.

Starmania : devenir une star

Présenté en 1979, Starmania se déroule dans un avenir qui se veut proche, au sein d’une capitale occidentale : la ville de Monopolis. Voyez le jeu de mots ! Les élections présidentielles approchent – sont en lice, le milliardaire Zéro Janvier et le baba-cool Gourou Marabout. Les habitants de Monopolis quand à eux, n’ont qu’une seule obsession : devenir une star. C’est d’ailleurs ce rêve que leur vend la charmante Cristal, animatrice-vedette de l’émission Starmania, diffusée sur Télé Capitale, chaîne d’Information en continu. 

Loin de tout cela, terrée dans un café souterrain, Marie-Jeanne est prise dans la routine d’un morne quotidien. La serveuse automate travaille et observe, tout en rêvant au grand amour. Pendant ce temps, les Étoiles Noires, groupe terroriste qui fait régner la terreur en ville, préparent des attentats. Johnny Rockfort, chef du groupe, est sous l’emprise de Sadia, étudiante travestie. Cette dernière veut donner plus d’ampleur médiatique aux attaques du groupe. Elle réussie à négocier une interview entre Johnny et Cristal…

France Gall dans le rôle de Cristal. Photo: Bene Bouvier, Flickr, CC.
France Gall dans le rôle de Cristal. Photo: Bene Bouvier, Flickr, CC.

Ce qui me frappe, en 2024, c’est que le Starmania de 1979 nous semble étrangement familier et moderne. Les thèmes qui y sont abordés sont universels et intemporels : amour, solitude, démocratie, emprise des médias, inégalités sociales, terrorisme, identités sexuelles, quête du bonheur et de la réussite, obsession de l’image, etc. Et tout cela, une trentaine d’années avant l’avènement des réseaux sociaux. Berger et Plamondon avaient vu loin, très loin !

Dystopie

D’un point de vue musical, Starmania est une véritable mine à tubes ! Le blues du businessman, Ziggy, Le monde est stone, SOS d’un terrien en détresse, pour ne citer que cela, figurent parmi les titres les plus populaires de la comédie musicale. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas Starmania, je vous invite vivement à écouter  ces chansons! Et en guise de mise en bouche, découvrez le sublimissime Quand on arrive en ville, l’un de mes titres préférés:

Starmania qui, en 1979, se voulait être une sorte de dystopie, décrit parfaitement la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui en 2024. C’est sans doute la raison pour laquelle ces chansons restent toujours aussi populaires, 45 ans durant. C’est parce qu’elles parlent de nous, nous en 2024. Et même quand viendra l’an 2044, elles seront toujours aussi contemporaines. Que ce soit en 1979, en 2024 ou en 2044, nous tout ce qu’on veut c’est être heureux! 😉

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Nou zil, nou pays

En ce mardi 12 mars 2024, l’Ile Maurice célèbre le 56e anniversaire de son accès à l’indépendance. Cependant, pour beaucoup cette indépendance fut payée au prix fort : celui de l’excision de l’archipel des Chagos du territoire mauricien. Ce drame hante encore les mémoires.

Vue de l'archipel des Chagos. Photo: Jeff Laitila
Vue de l’archipel des Chagos. Photo: Jeff Laitila, Flickr, CC.

Ce billet part de deux timbres ! Alors que je vérifiais machinalement mon courrier (et oui, le courrier postal existe encore :-)), deux timbres côte à côte sur une même enveloppe m’ont soudainement interpellée. Le premier, à gauche, de couleur bleue, illustrant l’archipel des Chagos ; le second, à droite, de couleur orangée, célébrant le 50e anniversaire de l’indépendance de l’Ile Maurice.

Ces deux timbres m’ont interpellée. Photo: CR.

Cette juxtaposition était non seulement celle de deux timbres, mais surtout celle de deux événements inscrits dans l’ADN de l’Ile Maurice. Le pays acquit son indépendance de la Grande-Bretagne en 1968. Mais pour beaucoup, elle fut payée au prix fort : celui de l’excision de l’archipel des Chagos du territoire mauricien. L’archipel est désormais nommé British Indian Ocean Territory par les Britanniques, qui le louent aux Etats-Unis d’Amérique. Ces derniers y ont construit une importante base navale militaire. Néanmoins, en 2019, l’Organisation des Nations Unies a reconnu la souveraineté de l’Ile Maurice sur l’archipel des Chagos. Cependant, l’archipel est toujours occupé et la base militaire étasunienne est encore en activité.

Pour concrétiser un tel projet, il a fallut dépeupler l’archipel des Chagos de tous ses habitants. C’est ainsi que les autochtones furent progressivement expulsés de leurs îles natales vers la fin des années 1960s. On les déporta de force vers l’Ile Maurice ou les Seychelles. Selon plusieurs récits, c’est le Nordvaer, cargo norvégien, qui embarqua les derniers habitants des Chagos loin de leurs îles d’origine. Le Nordvaer avait été vendu au gouvernement britannique vers 1968. Il ravitaillait les Chagos chaque deux mois, transportant du courrier, du bois et d’autres fournitures cruciales.

Chagos et silence

Les récits et la transmission orale ont joué un grand rôle dans ce que nous savons aujourd’hui du drame vécu par les Chagossiens. Par ailleurs, il semble exister une sorte de tabou, d’omerta quand il s’agit d’évoquer l’excision et le dépeuplement des Chagos, qui font pourtant bel et bien partie de l’histoire de l’Ile Maurice. C’est peut-être cela qui a inspiré à l’écrivaine Shenaz Patel le titre de son roman Le silence des Chagos. C’est sans doute cela qui a aussi poussé le Pôle Régional des Musiques Actuelles de La Réunion à enregistrer les chansons de la militante chagossienne Charlesia Alexis en 2003. Le disque produit à la suite de cette initiative est intitulé Charlesia, la voix des Chagos.

Je souhaite moi aussi mettre en avant ces voix, ces récits, ces musiques. Donner voix à des voix. Qu’on les transmette, qu’on les entende, qu’on les écoute. Au dessous de chaque vidéo, se trouve un extrait des paroles en créole, suivi d’une traduction en français.

1.              Claude Lafoudre – Bourik mo tonton

Mo tonton rakonte so la vi deracine, li pa ti espere si enn zour li ti pou kit so later natal. Bato Nordvaer ti vini pou vinn pren zot pou ale. Embarke dan bato, regre dan leker, larm koule.

Mo tonton so bourik so bann zanimo ki li ti ena finn res la-ba. So la rap ki li ti abitie rap koko, so marmit ki li ti abitie kwi seraz, tousala finn res la-ba.

Bato Nordvaer pe soufle pou li kit Chagos pou li ale. Mo tonton so bourik linn rant dan dilo, li ti krwar li ousi li pou ale. Kan nou mazine tousala inn arive dan bann zil l’ocean, se ki konn listwar kone mem, se ki pa kone pa konn ditou.

Mon oncle raconte sa vie de déraciné, il n’aurait jamais cru qu’il aurait eu à quitter sa terre natale. Le bateau Nordvaer était venu pour les prendre et partir. Embarqués dans le bateau, le cœur plein de regrets, les larmes aux yeux.

L’âne de mon oncle et tous les animaux qu’il possedait sont restés là-bas. La râpe avec laquelle il râpait la noix de coco, la marmite dans laquelle il préparait le seraz, tout est resté là-bas.

Le bateau Nordvaer souffle pour quitter les Chagos. L’âne de mon oncle est entré dans l’eau car il pensait qu’il partirait également. Quand on pense que tout cela s’est passé dans nos îles de l’océan, ceux qui connaissent l’histoire le savent, ceux qui ne la connaissent pas n’en savent rien.

2. Cassiya – Diego

Mo bien sagrin nou finn perdi enn zoli ti zil Diego, lwin la-ba kot larzan pa ti tro necessaire. Zot la sante ti proteze, (…) koko rafresi, ti enn zoli la vi natirel. Zot ti bizin ale, ale mem, kit ti zil natal non na pa vir derier (…) enn gran tonton ti rakonte kouma ti zoli la-ba, non pa ti komplike dimounn ti viv normal. Wouais, pa ti mank manze la-ba, isi missie la boutik, si pena larzan pa manze, non pa ti mank nanye la-bas, zot paradi finn vende, donn zot zot necessaire!

Guet zoli ti zil perdi, kitt bann gran-fami la-bas, kiltir disparet. Vremen sa fer leker fer mal kan fet la mor finn arive, enn bouke fler pena pou zot!

Je suis très triste que nous ayons perdu une belle petite île, Diego, loin là-bas, où l’argent n’était pas trop nécessaire. Leur santé était protégée (…), la noix de coco qui rafraîchit, c’était une belle vie naturelle. Ils ont dû partir, avancer, quitter leur île natale et ne pas se retourner (…). Un grand oncle racontait combien c’était beau là-bas, ce n’était pas compliqué, les gens vivaient normalement. On ne manquait pas de nourriture là-bas. Ici, Monsieur, à la boutique, si vous n’avez pas d’argent vous ne mangez pas. Non, il ne manquait de rien là-bas. Leur paradis a été vendu, donnez-leur le nécessaire !

Regardez notre belle petite île perdue, nous y avons laissé nos aïeux, notre culture disparaît. Vraiment, cela nous brise le cœur, quand vient la Fête des morts, il n’y a même pas un bouquet de fleurs pour eux !

3. Double K – Nu Zil

Retourn nou zou zil, retourn nou nou pays, Peros Banhos, Salomon, Diego Garcia. Gran-mama mo dir non pa bizin plore, mo dir ou mo souye ou lizie, enn zour mo kone sa li pou arive, zot pou trouv zot zil ek zot pou viv ere. Tou seki gran-papa la pe rakonte, mo kone sa li vre, la verite, vre mem zot la vi ti zoli la-ba (…) finn deracine, finn embarke, nou kiltir la-ba finn abandone, se pour sa gran-papa kan li rakonte so leker li fer mal parski linn deracine.

Rendez-nous nos îles, rendez-nous notre pays, Peros Banhos, Salomon, Diego Garcia. Grand-mère, non, ne pleurez pas, séchez vos larmes. Je sais qu’un jour cela arrivera : vous retrouverez votre île et vous vivrez heureux. Tout ce que grand-père racontait… je sais que c’est vrai, que c’est la vérité. Votre vie était vraiment belle là-bas (…). Nous avons était déracinés, nous avons été embarqués, notre culture a été abandonnée. C’est pour cela que grand-père a le cœur brisé quand il raconte, c’est parce qu’il a été déraciné.

4. Ton Vie – Peros Vert

Peros Vert tou entour li, sa so pep nwar, so pep nwar, so pep nwar. (…) Nou ti ena nou lakaz lapay, nou pirogue trwa plass, toute la zourne mo la vi fini bor la mer. Asise, nou mazine kot nou bann risess noun fini kite lor nou ti zil, dan l’ocean. Peros Vert, Peros Vert, so pep nwar, nou pep nwar, nou pep nwar noun deracine (…) Zozo criye, lisien zape, monn perdi mo zil. Goodbye Peros Vert, goodbye Salomon, goodbye Diego, pli zamais mo pou trouv zot mo lil, mo lil. Soley, later mo nombril, mo lil, mo lil, mo lil.

Peros Vert tout autour d’elle, son peuple noir, son peuple noir, son peuple noir (…) Nous avions nos cases en paille, nos pirogues à trois places, toute la journée, je passais ma vie au bord de la mer. Asseyons-nous, imaginons où sont toutes nos richesses que nous avons déjà quittées sur notre petite île dans l’océan. Peros Vert, Peros Vert, son peuple noir, notre peuple noir, notre peuple noir, nous avons été déracinés (…). Les oiseaux crient, les chiens aboient, j’ai perdu mon île. Au revoir Peros Vert, aurevoir Salomon, au revoir Diego, plus jamais je ne vous reverrai, mon île, mon île. Le soleil, la terre de mon nombril, mon île, mon île, mon île.

Déchirement

Déchirement, désarroi, détresse, tristesse… voilà les sentiments qui m’envahissent quand j’écoute ces ségas. Je ressens toute la nostalgie d’un paradis à jamais perdu, tout le déchirement d’un peuple à jamais expulsé de ses îles, toute une culture à jamais effacée. Et oui, parce que bien avant le dépeuplement, ces îles avaient une vie, des us et des coutumes. Les principales activités étaient essentiellement liées à la transformation de la noix de coco et à la production de coprah.

Ancienne plantation et cocoteraie en ruine sur Diego Garcia en 1970. Photo: Wikicommons.
Ancienne plantation et cocoteraie en ruine sur Diego Garcia aux Chagos, en 1970. Photo : Steve Swaye, Wikicommons.

Spiritain aux Chagos

J’ai été très émue en lisant Naufrage de la barque Diégo à l’Ile d’Aigle aux Chagos, 20 juin 1935, du Père Roger Dussercle, missionnaire spiritain en poste aux Chagos. Certes, son récit est empreint des idéologies de son temps, mais il parvient surtout à nous décrire en détail la vie quotidienne dans l’archipel. Les Chagos étaient autosuffisantes, notamment grâce à la bien nommée île Diamant :

« L’île Diamant, qui ne fait pas mentir son nom, est un véritable bijou. Là pas de plaines rocailleuses, comme dans les autres endroits ; la verdure des cocotiers et de l’herbe fine qui tapisse le sol prend les teintes chaudes d’une vie abondante. C’est le jardin du groupe Peros Banhos ; on y trouve en effet quantité de fruits et de légumes : bananes, giraumons, bringelles, pomme d’amour, piments… »

Naufrage de la barque Diégo à l’Ile d’Aigle aux Chagos, 20 juin 1935, du Père Roger Dussercle
Livre du Père Roger Dussercle missionnaire spiritain aux Chagos.
Livre du Père Roger Dussercle missionnaire spiritain aux Chagos. CR

Plat typique des Chagos

Il nous décrit également le seraz poul ou serage, plat typique des Chagos : « C’est un sérage d’oiseaux de mer : fricassée de yayés, de mariannes et de mandarins, assaisonnés au lait de coco ». Et voici ce qu’il raconte des cocotiers et de la toponymie des îles de l’archipel :

« L’île d’Aigle est entièrement plantée de cocotiers, la plupart appelés cocos Bon Dié parce qu’ils ont poussé sans aucun soin, dons de la nature ou amenés par les courants sur les cotes de l’Ile. (…) Chaque pointe récif, chaque sentier, chaque coin de cocoteraie porte son nom particulier transmis par la tradition des anciens ».

Naufrage de la barque Diégo à l’Ile d’Aigle aux Chagos, 20 juin 1935, du Père Roger Dussercle

Aujourd’hui en 2024, la plupart des membres de la première génération des natifs chagossiens qui furent déportés sont hélas décédés. Cependant, similairement à un cycle, tout nous ramène à la thématique de la voix, du récit des anciens et de la transmission. Je conclurai donc ce billet, en égrenant, telle une litanie, ces noms transmis par la tradition des anciens. Que leurs voix raisonnent dans la mienne.

Ile Diamant

Salomon

Ile Vache Marine

Diego Garcia

Ile Boddam

Péros Banhos

Ile du Coin

Six Iles

Ile d’Aigle

Pointe Marie Louise

Ile Poule

Pointe dans le Sud

Ile Grand Coquillage 

Ile Petit Coquillage

Pointe Marianne

Ile Grande Sœur

Ile Petite Sœur

Moresby

Iles du Nord

Pointe Noroit

Ile Tatamaka

Pointe de l’Est

Ile Pierre


Alsace : visite à la cathédrale de Strasbourg

En ce mercredi 14 février 2024, les catholiques du monde entier célèbrent le Mercredi des Cendres. Ce jour culminera vers la fête de Pâques. A cette occasion, suivez-moi en Alsace, à la découverte de l’une des plus anciennes cathédrales de France : la Cathédrale de Strasbourg !

La Cathédrale de Strasbourg est classée Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1988. Photo: CR.

Strasbourg et ses… strass ? Pas du tout ! C’est plutôt Strasbourg, siège du Parlement européen. Mais aussi Strasbourg et ses belles bâtisses à colombages, son incontournable marché de Noël, et surtout sa magnifique cathédrale. Classée Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1988, elle est l’un des monuments les plus célèbres de toute l’Alsace.

Bien qu’elle soit connue de tous du nom de Cathédrale de Strasbourg, l’édifice s’appelle en réalité la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg. Elle est dédiée à la Vierge-Marie. Presqu’aussi connue que sa grande sœur de Paris, la Cathédrale Notre-Dame représente une véritable encyclopédie de l’architecture médiévale. Elle a été construite entre 1180 et… 1490 !

L’architecture de la Cathédrale de Strasbourg témoigne du temps où la ville était germanique, puis allemande. Elle conjugue à partir du 13e siècle le gothique français et germanique. L’édifice arbore également une flèche qui culmine à 142 mètres, ce qui était une prouesse technique inégalée jusqu’au 19e siècle. L’entrée dans la cathédrale se fait par la façade occidentale. Les nombreuses sculptures et dentelles de pierre qui ornent cette façade témoignent du savoir-faire des tailleurs de pierre de l’époque. De plus, l’édifice est fait de grès rose des Vosges – couleur qui ressort magnifiquement bien, surtout par une belle journée d’été ! Vous l’aurez compris, la façade de la cathédrale m’a laissée bouche-bée!  

Horloge astronomique

Après avoir fait la queue et passer les contrôles de sécurité, me voici enfin à l’intérieur de la cathédrale ! Et la, c’est la…pénombre. En effet, il y fait relativement sombre en comparaison à d’autres églises. Heureusement qu’une magnifique rosace et de grands vitraux permettent à la lumière extérieure d’éclairer quelque peu les lieux. De plus, les nombreux lumignons qui entourent les différents oratoires diffusent une atmosphère chaleureuse.

Une magnifique rosace et de grands vitraux permettent à la lumière extérieure d’éclairer les lieux. Photo: CR.
Le grand orgue de la cathédrale. Photo: CR.

Outre les oratoires, l’intérieur de la cathédrale abrite de nombreux autres éléments, telle que des chapelles où l’on peut se recueillir, ainsi qu’un grand orgue qui se situe dans la nef. J’ai aussi été heureuse d’admirer le chaire gothique flamboyant. Une cinquantaine de statuettes orne le chaire, qui s’illumine quand on y dépose une petite pièce de monnaie ! Mais bien plus impressionnant que le chaire qui s’illumine, figure l’horloge astronomique !

L’horloge astronomique fut édifiée entre 1571 et 1574. Photo: CR.
L’horloge astronomique permettait de lire les astres et les planètes. Photo: CR.

Jouissant d’une renommée internationale, l’horloge astronomique, édifiée entre 1571 et 1574, est l’une des principales attractions de la cathédrale. Le terme astronomique ne signifie pas ici élevés ou très grands, au sens moderne du mot. Il faut lui donner son sens premier, c’est-à-dire relatif aux astres et aux planètes. Fruit de la collaboration entre artistes, horlogers, mathématiciens et techniciens, cette remarquable horloge représente un véritable chef d’œuvre de la Renaissance. Les rouages et engrenages datent de 1842 et sont toujours fonctionnels.

Les rouages et engrenages de l’horloge datent de 1842. Photo: CR.

Par ailleurs, l’Horloge attire surtout les visiteurs grâce à son jeu d’automates. En effet, l’horloge prend vie tous les jours à 12h30 précises, avec des automates qui font défiler les douze apôtres devant le Christ. Un automate se met aussi en mouvement pour quelques secondes à chaque quart d’heure et à chaque heure. Comme de nombreuses personnes, j’étais impatiente d’admirer ces fameux personnages d’un autre temps en action. C’était tout simplement magique !

Place de la Cathédrale

La Place de la Cathédrale, lieu de passage mais aussi de rencontre, de culture, de spectacle et de convivialité! Photo: CR

Visiter la Cathédrale de Strasbourg constitue un événement en soi ! La ville est belle et dynamique, sans compter la Place de la Cathédrale, qui est un lieu de passage mais aussi de rencontre, de culture, de spectacle de rue et de convivialité. J’ai adoré déambuler dans les rues de la ville et voir les plaques de noms des rues, à la fois en allemand et en français, témoignant ainsi du passé franco-germanique de l’Alsace. La Cathédrale de Strasbourg est un lieu unique, qui mérite vivement le détour !

La Cathédrale de Strasbourg est un lieu unique! Photo: CR.


Ile Maurice : Bernardin, Paul et Virginie

Bernardin de Saint Pierre est né le 19 janvier 1737. Botaniste et écrivain français, il est mondialement connu pour son roman Paul et Virginie qui se déroule à l’Ile Maurice. Suivez-moi au cœur de l’Océan Indien, sur les pas de Bernardin, Paul et Virginie.

J’adore admirer cette statue de Paul et Virginie au Jardin des Plantes! Photo: CR.

287 ans ! C’est l’âge qu’aurait eu aujourd’hui Bernardin de Saint Pierre. Bien qu’il soit décédé en 1814 à l’âge de 77 ans, la mémoire de ce natif du Havre a traversé les siècles. Ecrivain et botaniste, Bernardin de Saint Pierre est un globe-trotter avant l’heure. En 1768, après de nombreuses péripéties à travers l’Europe, il part pour l’Isle de France (actuelle Ile Maurice). Il y trouve un emploi de botaniste. Le Jardin Botanique de Pamplemousses, où a œuvré Bernardin de Saint Pierre contient d’ailleurs un très beau buste du Français. L’une de ses citations figure aussi sur la Colonne Liénard, mini-obélisque qui trône au centre des principales avenues du jardin:

Citation du botaniste qu'était Bernardin de Saint Pierre.
Citation du botaniste qu’était Bernardin de Saint Pierre. Photo: CR.

Un autre jardin, et non des moindres, rend également hommage à Bernardin de Saint Pierre. Il s’agit du Jardin des Plantes à Paris. En effet, Bernardin de Saint Pierre fut nommé intendant du Jardin des Plantes en 1791. J’ai été très heureuse d’y admirer l’imposante sculpture de l’écrivain lors de mes flâneries parisiennes. Le monument est constitué d’une statue représentant Bernardin de Saint Pierre. Sur le haut-relief du piédestal figurent Paul et Virginie, avec leur chien Fidèle, entourés d’une végétation tropicale.

Bernadin, Paul et Virginie au Jardin des Plantes à Paris. Photo: CR.
Bernadin, Paul et Virginie au Jardin des Plantes à Paris. Photo: CR.

Bernardin et le paradis perdu

De Pamplemousses à Paris, il est impossible de dissocier Bernardin de Saint Pierre du roman qui a fait sa gloire. Ecrit en 1788, Paul et Virginie est l’un des premiers « best sellers » mondiaux de l’histoire de la littérature. Alors qu’ils ont grandi ensemble à l’Isle de France dans une nature luxuriante et bienveillante, Paul et Virginie sont séparés quand Virginie est envoyée en France pour parfaire son éducation. Le Saint Géran, navire sur lequel voyage Virginie fait naufrage lors de son retour à l’Isle de France. La jeune fille, victime des scrupules et valeurs acquises lors de son éducation en France, se laisse emporter par les flots par pudeur.

L’œuvre de Bernardin de Saint Pierre est complexe. Elle traite de thèmes intemporels : l’amour, l’esclavage, le naturalisme, la corruption de la société et le paradis perdu, entre autres. Ce paradis perdu où se déroule l’essentiel de Paul et Virginie se nomme aujourd’hui Ile Maurice. Entre mythe et réalité, le souvenir de Paul et Virginie est bien présent dans divers lieux de l’île. De Pamplemousses à Port-Louis, suivez-moi à la rencontre de ces deux amoureux qui ont à jamais marqué l’histoire de la littérature.

Pamplemousses, dernière demeure de Virginie

Pamplemousses, situé au nord de la capitale mauricienne, est un lieu incontournable du roman. C’est à l’église de Pamplemousses que les mères de Paul et de Virginie vont à la messe dominicale. Elles « ne portaient de souliers que pour aller le dimanche, de grand matin, à la messe à l’église des Pamplemousses, que vous voyez là- bas. », écrit Bernardin de Saint Pierre. Cette église qui porte le nom de Saint-François d’Assises, existe encore, et j’aime beaucoup m’y rendre :

J’aime beaucoup me rendre a l'eglise de Saint-François d’Assises :-) Photo: CR
J’aime beaucoup me rendre a l’eglise de Saint-François d’Assises 🙂 Photo: CR

Outre, les messes qui y sont dites, l’église de Pamplemousses est d’une prime importance. Ses terres seront la dernière demeure de Virginie.

« M. de la Bourdonnays m’envoya avertir secrètement que le corps de Virginie avait été apporté à la ville par son ordre, et que de là on allait le transférer à l’église des Pamplemousses. Je descendis aussitôt au Port- Louis, où je trouvai des habitants de tous les quartiers , rassemblés pour assister à ses funérailles, comme si l’île eût perdu en elle ce qu’elle avait de plus cher (…) On l’enterra près de l’église des Pamplemousses, sur son côté occidental, au pied d’une touffe de bambous, où, en venant à la messe avec sa mère et Marguerite, elle aimait à se reposer, assise à côté de celui qu’elle appelait alors son frère ». Un peu plus loin dans le roman, nous apprenons que Paul y a ensuite été prier : «je lui demandai pourquoi il avait été prier Dieu au pied de ces bambous ; il me répondit :  » Nous y avons été si souvent ! »

Sculpture et sépulture

Comme pour donner corps au mythe, une sculpture des deux jeunes gens, signée Szuszanna Szemok a été érigée en 2005 dans les jardins de l’église de Pamplemousses :

Sculpture de Paul et Virginie dans les jardins de l’église de Pamplemousses. Photo: CR
Sculpture de Paul et Virginie dans les jardins de l’église de Pamplemousses. Photo: CR

Le souvenir de Paul et Virginie est si étroitement lié au village de Pamplemousses que ce dernier recèle même une « sépulture » dédié aux amoureux. En effet, au bout de l’avenue Paul et Virginie au Jardin de Pamplemousses se trouve un socle qui représente symboliquement le tombeau des jeunes gens. La légende raconte que le socle portait jadis une statue de Paul et de Virginie…

La légende raconte que le socle portait jadis une statue de Paul et de Virginie… Photo: CR
La légende raconte que le socle portait jadis une statue de Paul et de Virginie… Photo: CR

Poudre d’Or et le drame du Saint Géran

Quittons désormais Pamplemousses pour nous rendre à Poudre d’Or. Ce village côtier du Nord-Est de l’Ile Maurice est un autre lieu clé du roman. En effet, c’est au large de ses côtes que le Saint Géran fait naufrage, emportant ainsi la douce Virginie. Bernardin de Saint Pierre mentionne plusieurs fois le nom de Poudre d’Or dans son récit :

« C’était un noir qui s’avançait à grands pas. Dès qu’il nous eut atteints, je lui demandai d’où il venait, et où il allait en si grande hâte. Il me répondit : « Je viens du quartier de l’île appelé la Poudre- d’Or : on m’envoie au port, avertir le gouverneur qu’un vaisseau de France est mouillé sous l’île d’Ambre. Il tire du canon pour demander du secours ; car la mer est bien mauvaise.  » (…) Je dis alors à Paul :  » Allons vers le quartier de la Poudre d’Or, au- devant de Virginie ; il n’y a que trois lieues d’ici.  » »

Pudeur

Mais Virginie, par pudeur, refusa tout sauvetage. Poudre d’Or restera a jamais un lieu de malheurs pour Paul : « Nous arrivâmes sur le milieu du jour au quartier de la Poudre- d’Or. Il descendit précipitamment au bord de la mer, vis- à- vis du lieu où avait péri le Saint- Géran . A la vue de l’île d’Ambre, et de son canal alors uni comme un miroir, il s’écria :  » Virginie ! ô ma chère Virginie !  » et aussitôt il tomba en défaillance. »

Si le tombeau de Paul et Virginie allie mythe et réalité, le naufrage du Saint Géran est lui bien réel. Le navire français partit de Lorient le 24 mars 1744 et fit naufrage au large de l’Ile d’Ambre, au nord est de l’Ile Maurice, dans la nuit du 16 au 17 août 1744. Un monument érigé au village de Poudre-d’Or nous fait le recit de ce ce tragique évènement.

Par ailleurs, il semble que Bernardin de Saint Pierre se soit inspiré de l’une des passagères du Saint Géran pour le personnage de Virginie. En effet, lors de leurs dépositions, des matelots sauvés du naufrage font état d’une certaine Mademoiselle Caillon, qui refusa de se jeter à la mer. «Mademoiselle Caillon était sur le gaillard d’avant avec MM. Villarmois , Gresle , Guiné et Longchamps de Montendre, qui descendit le long du bord pour se jeter à la mer, et remonta presque aussitôt pour déterminer mademoiselle Caillon à se sauver », expliquèrent-ils.

Scène d’anthologie

Mademoiselle Caillon refusa de se jeter à l’eau. Elle inspira ainsi l’une des scènes d’anthologie de la littérature française : la mort de Virginie.

« C’était Virginie (…) elle nous faisait signe de la main, comme nous disant un éternel adieu. Tous les matelots s’étaient jetés à la mer. Il n’en restait plus qu’un sur le pont, qui était tout nu, et nerveux comme Hercule. Il s’approcha de Virginie avec respect : nous le vîmes se jeter à ses genoux, et s’efforcer même de lui ôter ses habits ; mais elle, le repoussant avec dignité, détourna de lui sa vue. On entendit aussitôt ces cris redoublés des spectateurs :  » Sauvez- la, sauvez-la ! ne la quittez pas ! » Mais, dans ce moment, une montagne d’eau d’une effroyable grandeur s’engouffra entre l’île d’Ambre et la côte, et s’avança en rugissant vers le vaisseau (…). A cette terrible vue, le matelot s’élança seul à la mer ; et Virginie, voyant la mort inévitable, posa une main sur ses habits, l’autre sur son cœur, et, levant en haut des yeux sereins, parut un ange qui prend son vol vers les cieux. »

Tragiques destins

Le trépas de Virginie s’en suivra de celui de Paul qui mourra deux mois après son aimée. Il reposera auprès d’elle, au pied d’une touffe de bambous à l’église des Pamplemousses. Paul et Virginie inspira bien des artistes, dont le célèbre sculpteur mauricien Prospser d’Epinay. L’une de ses œuvres les plus connues est la sculpture en marbre de Paul et Virginie. On peut aujourd’hui la voir au Blue Penny Museum :

Sculpture en marbre de Paul et Virgnie signée Prosper d’Epinay :-) Photo: CR
Sculpture en marbre de Paul et Virginie signée Prosper d’Epinay 🙂 Photo: CR

Une réplique de la sculpture trône aussi dans les Jardins de la mairie de la ville de Curepipe:

Paul et Virginie dans les jardins municipaux de Curepipe. Photo: CR

De l’Ile Maurice à Paris, Paul et Virginie est partout (ségas, écoles, rues, hôtels, etc). Outre les monuments dédiés à Bernardin, Paul et Virginie, il y a une autre représentation, bien moins connu, qui me tient à cœur. Nul besoin de voyager bien loin pour l’admirer, puis ce qu’il s’agit d’un portrait de Paul qui fut offert à mes parents en 1979. L’image a certes été jaunie par le temps, mais cet objet a pour moi une grande valeur car il fait affectueusement partie de mes souvenirs d’enfance. Et c’est sans doute la raison pour laquelle je vous ai écrit ces quelques lignes sur Bernardin, Paul et Virginie 🙂

Ce portrait jauni de Paul avec son chien Fidèle fait affectueusement partie de mes souvenirs d’enfance 🙂 Photo: CR

Références :

DE SAINT PIERRE, B (1788) : Paul et Virginie.

ZURCHER & MARGOLE (1872) : Les naufrages célèbres, Librairie Hachette et cie.


Alsace : visite au mont Sainte-Odile

En ce jeudi 14 décembre 2023, le calendrier catholique fête la Sainte Odile. A cette occasion suivez- moi au cœur de l’Alsace à la découverte d’un sanctuaire exceptionnel : le mont Sainte-Odile !

Vue du sanctuaire du mont Sainte Odile.
Vue du sanctuaire du mont Sainte-Odile. CR

Bonne fête aux Odiles ! Et oui, en ce 14 décembre, nous célébrons toutes celles qui portent cet ancien prénom médiéval d’origine germanique. L’une des Odiles les plus connues est Odile de Hohenbourg, qui deviendra plus tard Sainte Odile. Elle est la patronne de l’Alsace. Avant de découvrir le mont Sainte-Odile, je vous propose un aperçu de l’histoire fort intéressante de Sainte Odile.

Bienvenue au mont Sainte-Odile :-) Photo: CR
Bienvenue au mont Sainte-Odile 🙂 Photo: CR

Nous sommes vers les années 660 dans le Bas-Rhin, alors qu’Aldric, Duc d’Alsace attend un héritier mâle, son épouse accouche d’une fille, aveugle de surcroit. Furieux d’avoir une enfant infirme, Aldric veut la tuer, mais y renonce que sur la promesse qu’il ne la reverra jamais. La mère de la petite Odile la confie alors à une nourrice qui se réfugie dans un village lointain. Selon la légende, un évêque fut informé en songe d’aller y baptiser l’enfant. Au moment du baptême, les yeux d’Odile s’ouvrirent à la lumière. C’est ainsi qu’Odile est aussi la sainte patronne des aveugles.

Venez et voyez

Le mont Sainte-Odile nous accueille avec un beau clin d’œil : venez et voyez ! Photo: CR
Le mont Sainte-Odile nous accueille avec un beau clin d’œil : venez et voyez ! Photo: CR

Après cette petite halte historique, revenons au mont Sainte-Odile, qui nous accueille avec un très beau clin d’œil : venez et voyez ! Et il y a tant à voir ! Le mont Sainte-Odile est un lieu qui allie spiritualité, sport, et beauté ! Situé à 753m d’altitude au cœur d’une magnifique forêt, le sanctuaire est une ancienne abbaye fondée par Sainte Odile, il a y plus de 1,300 ans. Chaque année, il accueille des milliers de pèlerins qui viennent y prier et se recueillir sur le tombeau de Sainte Odile. Les reliques de la sainte se trouvent dans un sarcophage du VIIIe siècle.

Le tombeau de Sainte Odile. Photo: CR
Le tombeau de Sainte Odile. Photo: CR
Les reliques de Sainte Odile se trouvent dans un sarcophage du VIIIe siècle. Photo: CR
Les reliques de Sainte Odile se trouvent dans un sarcophage du VIIIe siècle. Photo: CR

Juste à côté du tombeau se trouve l’église Notre-Dame de l’Assomption, autre lieu de culte du sanctuaire. On y célèbre plusieurs messes quotidiennement. De plus, une Adoration Perpétuelle du Saint-Sacrement, qui y est exposé, est assurée 24h/24, 7j/7 depuis 1931. En effet, il y a toujours une ou deux personnes qui se relaient devant le Saint-Sacrement. On y prie pour l’Alsace, pour la paix et la réconciliation, et pour les vocations sacerdotales et religieuses.

Outre le tombeau et l’église, plusieurs autres éléments et édifices composent le sanctuaire du mont Saint-Odile. Il y a notamment un magnifique Chemin de Croix avec des mosaïques qui orne les flancs de la montagne :

Chemin de Croix du mont Sainte-Odile! 🙂 Photo: CR.

Outre, le Chemin de Croix, la Chapelle des Larmes et la Chapelle des Anges sont aussi des éléments qui font la singularité des lieux. La première tiendrait son nom du fait que Sainte Odile y aurait pleuré et prié pendant plusieurs jours afin que son père, mort, puisse être pardonné de ses péchés terrestres et accéder au paradis céleste. La deuxième tiendrait son nom du fait que la chapelle soit consacrée aux anges, tout simplement.

Source miraculeuse

Entre larmes et anges, la piété populaire transmet d’une génération à l’autre plusieurs récits autour de Sainte Odile. L’un des plus connus est celui du Miracle de la source. Alors qu’elle montait au cœur de la forêt pour rejoindre le monastère, Odile entendit des gémissements. Elle découvrit auprès d’un rocher un homme malade, extenué et peut-être aveugle. Trop affaiblit, il ne pouvait gravir la montagne jusqu’au monastère. Se souvenant de Moïse qui avait frappé le rocher pour faire jaillir l’eau pour désaltérer les hébreux dans le désert, Odile en fit de même. Aussitôt une source limpide en aurait jaillit, permettant au pauvre homme de retrouver des forces. 

Une source miraculeuse coule. Photo: CR.
Une source miraculeuse coule. Photo: CR.

Depuis lors, la source miraculeuse coule… On y accède du haut comme du bas de la montagne. Pour ma part, je m’y suis rendue au terme d’une petite randonnée en forêt en descendant sur des sentiers du haut du mont. Les pèlerins boivent ou recueillent l’eau miraculeuse, et demandent la guérison des maux du cœur et du corps, notamment ceux des yeux. J’étais très heureuse de découvrir cette magnifique source, d’y prier et …d’y boire ! Et j’avais grand besoin de m’hydrater, car après la descente… ben place à l’ascension ! Et je peux vous dire que c’est du sport !

L’imposante statue de Sainte Odile tournée vers les plaines d'Alsace! Photo: CR
L’imposante statue de Sainte Odile tournée vers les plaines d’Alsace! Photo: CR

Mais quelles joie et fierté de gravir la montagne ! De la terrasse du sanctuaire, nous avons une vue à en couper le souffle sur les plaines d’Alsace. L’imposante statue de Sainte Odile et la beauté des paysages environnants font du mont Sainte-Odile un lieu magique et hors du temps, propice à la contemplation et au resourcement. J’ai été très émue en déambulant dans les magnifiques jardins du sanctuaire et en mettant mes pas dans ceux de Sainte Odile !


L’Acropole : pole position sur l’histoire

Lieu mythique, dans tous les sens du terme, l’Acropole évoque la Grèce, les Dieux, et l’histoire avec un grand H. Suivez-moi à Athènes, à la découverte de ce Patrimoine mondial de l’UNESCO !

L'Acropole, lieu mythique! :-) CR
L’Acropole, lieu mythique! 🙂 CR

L’Acropole. Qui ne connaît pas ce site emblématique de la capitale grecque ? Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987, il est l’un des sites les plus visités de toute la planète. Situé au cœur d’Athènes, l’Acropole nous contemple du haut d’une colline de 156 mètres, et surtout riche de près de 4,000 années d’histoire !

Au départ de cette visite dans le temps, il est important de souligner que l’Acropole n’est pas un élément unique, mais un site constitué de divers vestiges et monuments. L’histoire de l’Acropole est très ancienne. Les pentes de la colline où elle se trouve étaient déjà habitées au temps de la préhistoire, notamment grâce à la présence de sources d’eau. A l’époque classique, le site devint un important centre intellectuel, culturel et religieux de la vie athénienne. Au VIe siècle avant Jésus-Christ, un sanctuaire ainsi qu’un théâtre dédiés à Dionysos (Dieu du vin) y furent établis. Le théâtre de Dionysos est le tout premier théâtre de l’histoire ! Il accueillit ainsi les premières tragédies grecques !

Le théâtre de Dionysos, le tout premier théâtre de l’histoire !
Le théâtre de Dionysos, le tout premier théâtre de l’histoire ! CR
Le théâtre de Dionysos a accueilli les premières tragédies grecques ! 🙂 CR

Au Ve siècle avant notre ère, les Grecs construisirent deux monuments additionnels sur les pentes de la colline, non-loin du théâtre de Dionysos. Il s’agit de l’Odéon de Périclès (important homme d’état de la Grèce antique), où des concours musicaux étaient organisés lors des Panathénées, et du Temple d’Asclépios (Dieu de la médecine). On rajouta d’autres monuments au fil des siècles, tels que le portique d’Eumène (stoa d’Eumène), passage couvert reliant les divers sites entre eux, et l’Odéon d’Hérode Atticus (sénateur romain). L’Odéon d’Hérode Atticus date de l’an 161. Parfaitement restauré et conservé, il accueille encore des spectacles à ce jour.

L’Odéon d’Hérode Atticus date de l'an 161 :-) CR
L’Odéon d’Hérode Atticus date de l’an 161 🙂 CR

Porte d’entrée de l’Acropole

Outre les réjouissances théâtrales et musicales, le site de l’Acropole avait un rôle central dans la vie religieuse de l’Athènes antique. Dirigeons nous maintenant vers les nombreux temples antiques érigés au sommet de la colline. L’accès au sommet se fait à travers les fameuses Propylées. Ces dernières constituent une sorte de vestibule précédant l’entrée au principal sanctuaire. Et je peux vous dire qu’une fois qu’on y est, on a le cœur qui bat à cent à l’heure, car il s’agit littéralement de la monumentale porte d’entrée de l’Acropole ! Avec leurs marches et leurs immenses colonnes de marbre, les Propylées m’ont subjuguée ! Je remontais dans le temps au fur et à mesure que j’avançais. Un sentiment incroyable !

Les Propylées, porte d'entrée de l'Acropole! CR
Les Propylées, porte d’entrée de l’Acropole! CR

Une fois les Propylées franchies, c’est le crescendo ! Le Parthénon, le temple d’Athéna Nikè, et l’Érechthéion. Tous ces temples grecs, que je ne connaissais qu’au travers de mes lectures, étaient là, devant mes yeux, exhibant fièrement leurs colonnades de marbre et leur histoire presque trois fois millénaires. J’ai été submergée par une émotion intense. Mélange d’excitation et de joie d’être enfin dans ces lieux mythiques, d’émerveillement devant la beauté des lieux, et d’humilité de littéralement marcher dans les pas d’une si riche histoire. Ces premières minutes m’ont bouleversée !

Joie de littéralement marcher dans les pas de l'Histoire :-) CR
Immense joie de marcher dans les pas de l’Histoire 🙂 CR

Le Parthénon

Remise de mes émotions, je suis d’abord allée à la découverte du plus connu de tous les temples grecs : le Parthénon ! Dédié à la déesse Athéna Parthenos, patronne et protectrice de la cité, le Parthénon était le temple le plus important de la Grèce antique. Sa construction date de 447 à 438 av. J.C. De forme rectangulaire, tout en marbre, l’édifice de 15 mètres de haut impressionne surtout grâce à ses imposantes colonnades. Il y en 17 sur chaque longueur et 8 sur chacune des largeurs. Le Parthénon abritait jadis une statue d’Athéna de 12 mètres, faite de chryséléphantin (soit d’or et d’ivoire).

De plus, des fresques sculpturales décoraient autrefois les frontons du temple. La plupart des fresques ont hélas été mutilées. Le musée de l’Acropole en expose aujourd’hui certaines. Bien que ses colonnades se dressent fièrement, le Parthénon est en restauration depuis quelques décennies. Des crampons de fer furent utilises lors d’une campagne de restauration datant des années 1980s. Cependant, le fer s’est progressivement oxydé, provoquant de la rouille qui, par dilatation, a fait exploser les blocs de marbre. Afin de préserver au mieux le Parthénon, les restaurateurs utilisent désormais du marbre ainsi que du titane.

Le célebre Parthénon! :-) CR
Le célèbre Parthénon ! 🙂 CR
Balade le long du Parthénon! :-)
Balade le long du Parthénon ! 🙂 CR
Interdiction de toucher au marbre :-)
Interdiction de toucher au marbre 🙂 CR

Porche des Demoiselles

Après, le Parthénon, place à la visite d’un autre magnifique temple sur l’Acropole : l’Érechthéion – construit entre 431 et 406 av. J.C. Ce monument était dédié à Érichthonios, quatrième roi d’Athènes. Les parents de ce dernier seraient le Dieu Héphaïstos et Gaïa la Terre. Six magnifiques colonnes vous accueillent à la façade nord du temple. Outre les colonnades, ce sont surtout les statues qui ornent une sorte de porche au sud de l’Érechthéion qui impressionnent !

L’appellation de ce lieu varie : Porch of the Maidens (Porche des Demoiselles), Caryatid Porch (Porche des Cariatides) ou encore Korai Porch (Porche des Jeunes filles). Quoi qu’il en soit, l’Érechthéion se distingue bel et bien grâce aux cariatides. Celles-ci sont des statues de femmes qui portent une tunique et qui soutiennent un élément sur la tête. Elles sont ainsi une alternative aux colonnes classiques. Cependant, les cariatides de l’Érechthéion sont des copies et les orignaux se trouvent au musée de l’Acropole.

L’Érechthéion se distingue grâce aux magnifiques cariatides! CR
L’Érechthéion se distingue grâce aux magnifiques cariatides! CR
La façade nord de l’Érechthéion :-) CR
La façade nord de l’Érechthéion 🙂 CR

L’Acropole d’Athènes est un site aussi majestueux que magique. J’ai ressenti une profonde émotion à chaque étape de ma visite, et devant chaque vestige, monument et temple. En effet, c’était un vrai privilège, une joie immense de voyager ainsi dans l’histoire et d’admirer ces édifices multimillénaires. Avant de quitter les lieux, Samarianzla et moi nous sommes fait un devoir de chanter le refrain d’Acropolis Adieu de Mireille Mathieu ! Acropolis, on s’est aimé quelques jours, on s’aimera toujours !

L'Acropole, lieu mythique! :-) CR
L’Acropole, lieu mythique ! 🙂 CR


Tinos, le saphir des Cyclades

Les îles des Cyclades sont connues du monde entier. Et pourtant, il y en a certaines qui le sont moins que d’autres. Découvrons ensemble Tinos, le saphir des Cyclades !

Bienvenue à Tinos!
Bienvenue à Tinos! CR

Exit les mastodontes ! Oubliés les Mykonos, Santorin et autres poids lourds du tourisme grec. Situées dans la mer Egée, au cœur du bassin méditerranéen, les Cyclades comptent environ 250 îles, îlots et îlots rochers. Uniquement 24 d’entre eux sont habités. Aujourd’hui je vous emmène découvrir la magnifique île de Tinos.

Tinos, le saphir des Cyclades! 🙂 CR

D’une superficie de 197 km2, Tinos fait figure de véritable saphir des Cyclades! Le voyage vers ce joyau se fait en ferry depuis le port de Rafina à Athènes. Il faut compter entre 2 heures de traversée par ferry rapide et 5 heures par ferry normal. J’ai eu la chance de voyager à bord des deux types de bateau et j’avoue avoir une préférence pour la traversée de 5 heures. Celle-ci s’apparente plus à une agréable croisière sur la mer Egée, avec vue et/ou arrêt sur les îles de Megalonisos, Giaros, Andros, Tinos et Mykonos.

Le port de Rafina à Athènes. CR
Le voyage se fait en ferry depuis le port de Rafina à Athènes.
Le voyage se fait en ferry depuis le port de Rafina à Athènes. CR

Pour ma part, après un arrêt impromptu à Andros, le terminus fut Tinos. Avec une arrivée nocturne, ce n’est que le lendemain que j’ai pu m’émerveiller devant la splendeur de ce joyau cycladique ! Vue imprenable sur la mer, belles maisons blanches et bleues, magnifique ciel bleu, montagnes au loin, marbre d’une blancheur étincelante… Tinos est tout simplement paradisiaque! La quiétude et la douceur de vivre qui y règnent m’ont envoûtée. Pas d’embouteillage, pas d’autoroute, pas de feux de signalisation, pas de stress… et la vie qui se déroule sereinement, tranquillement, au gré des allées et venues des bateaux au port.

Architecture cycladique! CR
Architecture cycladique! CR
Le port de Tinos.
Le port de Tinos. CR

Montagneuse et venteuse

Le port de Tinos, où se situe Tinos Town, le « centre-ville », est le véritable poumon de l’île. On y trouve le marché, le poste de police, de nombreux restaurants et commerces, un musée archéologique et surtout Panagía Evangelístria (Notre-Dame de Tinos en français).

Notre-Dame de Tinos! :-)
Notre-Dame de Tinos! 🙂 CR

Principale église orthodoxe de Grèce dédiée à Marie, la magnifique Panagía Evangelístria est faite de marbre blanc et se trouve au haut d’une colline. Chaque année, l’église accueille des pèlerins venus de toute la Grèce car elle abrite une icône mariale miraculeuse. Bon nombre d’entre eux se rendent au haut de la colline à genoux. Une fois à l’intérieur de l’édifice, il est de tradition de faire une offrande et de saluer l’icône miraculeuse. Les pèlerins allument ensuite plusieurs cierges et prient la Vierge Marie. Chaque personne qui entre à Notre-Dame de Tinos en ressort avec un souvenir de l’icône miraculeuse, qu’il pourra emmener à chacun de ses déplacements.

Des pèlerins se rendant au haut de la colline à genoux. CR
Des pèlerins se rendant à Notre-Dame de Tinos à genoux. CR

Le meilleur moyen de profiter de Tinos Town est sans conteste de flâner à pieds dans ses magnifiques ruelles. En revanche, se déplacer ailleurs dans Tinos représente une autre aventure, car l’île est montagneuse et venteuse. ll est donc fortement conseillé de louer une voiture afin d’en découvrir chaque recoin. Pour ma part, j’ai adoré sillonner Tinos en bus. Au départ de la gare, qui se trouve non loin du port, les bus vous emmènent aux plus belles plages de l’île ou à l’intérieur des montagnes où sont nichés des villages restés authentiques.

Vue du haut des montagnes. CR
Vue du haut des montagnes. CR

Pyrgos

L’un de ses villages se nomme Pyrgos. Il se situe au nord ouest de l’île et l’on y accède après une heure de voyage aux flancs de montagnes escarpées. Entre mer et montagnes, les vues lors de ce trajet sont simplement sublimissimes ! Et une fois arrivée à Pyrgos, c’est l’émerveillement ! On a peine à croire qu’un si beau village se cache au creux des montagnes. Les voitures et les autobus n’ont pas accès à Pyrgos. Tout se fait donc à pied, aux abords de ruelles sinueuses mais ô combien belles et… blanches !

Vue sur le village de Pyrgos! CR
Vue sur le village de Pyrgos! CR

Et oui, Pyrgos est surtout connu pour son marbre d’une grande qualité et pour ses nombreux sculpteurs, tels que Giannoulis Chalepas. Le village abrite d’ailleurs le Musée des métiers du marbre. Pyrgos est un lieu d’art et de création, où tout appelle au beau et à l’esthétisme. Non loin de là, se trouve aussi le village de Panormos. Avec ses magnifiques maisons à l’architecture cycladique, et ses plages cristallines, Panormos est l’archétype du village grec, tel que l’on l’admire sur les cartes postales…

Pyrgos est connu pour son marbre d’une grande qualité :-) CR
Pyrgos est connu pour son marbre d’une grande qualité 🙂 CR

Je vous ai parlé du beau, mais il est aussi temps que je vous parle du… bon ! Et oui, parce que voyager de village en village à Tinos, ça creuse l’appétit ! Que dire, sinon que tout est délicieux ! Non non, je n’exagère pas. Des nectarines, aux melons en passant par les abricots, tous les fruits regorgent de soleil. Par ailleurs, j’ai aussi eu la chance de goûter au véritable yaourt grec, qui est de texture épaisse et au goût aigre. Cela m’a un peu décontenancée au début, mais on s’y habitue rapidement. De plus si le goût du yaourt est trop aigre, on peut y rajouter une pointe de miel ou des melons confits. J’ai aussi aimé manger la procuto de Tinos, charcuterie locale à base de porc.

Vrai régal

J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir les fromages à Tinos. CR
J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir les fromages à Tinos. CR

Outre les plats vedettes tels que la salade grecque, les gyros, les olives et la moussaka, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir les fromages à Tinos. D’abord, il y a le ΓΡΑΒΙΕΡΑ ΤΗΝΟΥ, qui est une sorte de gruyère local au lait de vache. Puis, il y a aussi eu les fromages au lait de brebis, avec leur goût très caractéristique, parfois même piquant. On les utilise dans divers plats, dont le tiropikatia, pâte triangulaire fourrée au fromage, et son cousin, le spanakopita, fourré aux épinards et au fromage. Délicieux et pas chers, le tiropikatia et le spanakopita étaient d’excellentes découvertes !

Le tiropikatia,et son cousin, le spanakopita! CR
Le tiropikatia,et son cousin, le spanakopita! CR

Vous l’aurez constaté, découvrir Tinos a été pour moi un vrai régal… à la fois pour les yeux et les papilles ! Entre mer et nature, avec ses villages construits à flanc de montagne, Tinos est un paradis hors du temps. Confetti de terre perdu en pleine mer Egée, cette île est pour moi, à bien des égards, le saphir des Cyclades !


Athènes je t’aime

Datant de l’Antiquité, la Grèce est l’une des plus anciennes civilisations au monde. Avec des vestiges qui ont traversé les siècles, Athènes figure parmi les premières capitales touristiques européennes. Suivez-moi à la découverte de la capitale grecque !

Magnifique rue au coeur d'Athènes à Plaka.
Magnifique rue à Plaka au coeur d’Athènes. CR.

Qui n’a jamais rêvé de visiter Athènes ? La pittoresque capitale grecque attire des milliers de visiteurs chaque année. Découvrir Athènes, est pour moi comme vivre un rêve éveillé. Voici, en 6 points, ce que j’en retiens !

1. Excellent réseau de transport

Que ce soit en bus, en métro ou en tramway, Athènes dispose d’un excellent réseau de transport en commun ! L’aéroport Eleftherios Venizelos d’Athènes (du nom du Premier ministre grec de 1910 à 1915) est très bien desservi. La ligne 3 du métro vous emmène rapidement de l’aéroport au centre ville de la capitale. Le métro athénien est très beau, propre et moderne… avec des escalators qui montent et descendent à quasiment toutes les stations! C’est peut-être un détail, mais pour moi ça veut dire beaucoup, surtout en comparaison au métro parisien où il y a souvent ni escalator, ni ascenseur. Par ailleurs, même s’il y en a, ils sont en panne une fois sur deux !

Autre point positif du transport athénien: le coût. Le prix des tickets de bus ou de métro est très abordable, et nettement plus bas que ceux d’autres capitales européennes. Tous les principaux sites sont facilement accessibles en transport en commun.

Le métro athénien est très beau, propre et moderne. CR
Le métro athénien est très beau, propre et moderne! CR

2. L’Acropole

L’un des sites les plus visités de la planète se trouve à Athènes. Il s’agit de l’Acropole ! Du haut de ses 156 mètres, l’Acropole surplombe la capitale grecque depuis près de 4 000 ans. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’Acropole ce n’est pas uniquement l’ensemble de colonnades impressionnantes que l’on retrouve à l’entrée. Outre l’Acropole lui-même, le Parthénon, le Temple de Dionysos et le Temple d’Athéna Nike sont d’autres merveilles qui sont aussi sur le site.

L’Acropole surplombe Athènes depuis près de 4,000 ans! CR
L’Acropole surplombe Athènes depuis près de 4 000 ans ! CR

Visiter l’Acropole était une aventure passionnante ! Il y a eu d’abord toute l’excitation et l’impatience de découvrir ce site exceptionnel. Puis, une fois sur place, l’émerveillement fut total ! Les immenses colonnades de marbre, le Parthénon, les statues et surtout la vue imprenable sur Athènes… tout contribue à faire de ce site un lieu magique, d’une richesse historique exceptionnelle, sur lequel le temps n’a point d’emprise. Et c’est justement ce lien avec ces impressionnants vestiges qui nous sont parvenues de l’Antiquité qui m’a profondément émue !

3. Le tout premier stade olympique

Outre l’Acropole, le tout premier stade olympique est un autre vestige qui nous vient tout droit de l’Antiquité. Il s’agit précisément du Stade panathénaïque, autrement dit du Stade de tous les Athéniens. Cette infrastructure fut construite entre 330 et 329 avant Jésus-Christ. Les Grecs l’ont utilisé pour la première fois lors des grandes Panathénées (festivités et concours sportifs tenus tous les quatre ans pour les habitants de la cité). C’était donc en quelque sorte l’ancêtre des Jeux Olympiques !

Les fameux gradins du Stade panathénaïque! CR
Les fameux gradins du Stade panathénaïque! CR

Impossible de rester de marbre devant le Stade panathénaïque qui est fait de 29.40m3 de… marbre ! Le stade a une capacité de 60 000 spectateurs. La piste toute en longueur, et les imposants gradins nous laissent imaginer ce que furent les premiers Jeux olympiques de l’ère moderne qui y furent organisés en 1896.

4. Monastiraki, Plaka & Syntagma

Vous l’aurez deviné, Athènes est une ville très touristique et photogénique ! Elle regorge de marbre, de vestiges millénaires et de quartiers pittoresques. En effet, on y retrouve des magnifiques bâtiments, avec de belles façades, des petites ruelles aussi sinueuses que fleuries et au charme unique, et surtout une multitude de…chats!

Parmi les quartiers athéniens qui sont les plus visités par les touristes figurent ceux de Syntagma, Plaka et Monastiraki. Avec son square, ses buildings et ses taxis jaunes, Syntagma m’a beaucoup rappelée Union Square ou encore Bryant Park à New York. Plaka et Monastiraki ont, pour leur part, un charme authentiquement grec. De plus, c’est l’endroit où aller si vous souhaitez acheter quelques petits cadeaux pour vos proches.

Bienvenue à Monastiraki! CR
Bienvenue à Monastiraki ! CR

5. Les souvenirs d’Athènes

Parmi mes principaux souvenirs d’Athènes figurent les ânes, l’œil grec et les objets de forme… phallique ! Selon la tradition antique, l’œil grec est un porte-bonheur qui nous protège contre le mauvais œil. On le retrouve partout, en bijoux, en magnet, sur les sacs, les vêtements etc. Les ânes, pour leur part étaient traditionnellement utilisés en Grèce pour le transport des hommes, des charges et des marchandises. Le pays est particulièrement montagneux, avec des pentes escarpées.

Les ânes, un des symboles d'Athènes et de la Grèce. CR
Les ânes, un des symboles d’Athènes et de la Grèce. CR

Cependant, le plus original des souvenirs demeure pour moi les décapsulateurs et porte-clés de forme phallique ! On retrouve partout à foison !! Après m’être renseignée, j’ai découvert que ces fameux objets colorées rendent hommage à Dyonysos, dieu grec de la fertilité !

Décapsulateurs de forme phallique, avec l'oeil grec! CR
Décapsulateurs de forme phallique, avec l’oeil grec! CR

6. La cathédrale de l’Annonciation

La Cathédrale de l’Annonciation à Athènes. CR
La Cathédrale de l’Annonciation à Athènes. CR

La cathédrale orthodoxe d’Athènes se trouve non loin de Monastiraki. Elle porte le nom de Cathédrale de l’Annonciation. L’intérieur de la cathédrale est vraiment magnifique. En effet, les icônes, les nombreuses dorures, les grands chandeliers et les boiseries créent une atmosphère sereine, propice au recueillement. D’une part la ferveur et la piété avec lesquelles les croyants de tout âge allument leurs cierges m’ont impressionnée. D’autre part, la présence de très nombreux encensoirs qui ornent le plafond de la cathédrale m’a beaucoup intriguée. Je n’ai hélas pas réussi à trouver la signification de leur présence en si grand nombre.

Et c’est d’ailleurs une très bonne raison pour retourner à Athènes ! 😊

 


Georges, Dumas et moi

Alexandre Dumas père est né le 28 juillet 1802. Bien qu’il ne soit jamais venu à l’Ile Maurice, Dumas a consacré un de ces romans à un personnage mauricien. Il s’agit de Georges.

Georges, personnage mauricien d'Alexandre Dumas.
Georges, personnage mauricien d’Alexandre Dumas. Photo: CR.

Georges ou Anthony ? Lequel de ces deux romans du grand Alexandre Dumas lire en premier ? La confusion était totale, d’autant plus que je les confondais souvent. Les deux œuvres ont des liens, proches ou lointains, avec l’histoire de l’Ile Maurice. Mais il a fallu choisir, et en ce jour anniversaire de Dumas, c’est Georges qui l’a emporté !

Pourquoi ? Tout simplement parce que Georges, publié en 1843, se déroule à l’Ile Maurice. J’ai souhaité voyager 180 ans en arrière et découvrir mon île telle que l’aurait vue Dumas. Sauf que ce dernier n’est jamais venu à Maurice. Il était d’usage à l’époque pour les grands auteurs d’avoir recours aux services d’écrivains moins connus, que l’on appelait des nègres. Pour de nombreuses personnes, celui qui servit de nègre à Dumas pour Georges se nommait Félicien Mallefille.

L’aigle Mallefille

A qui de Dumas ou de Félicien Mallefille (photo), attribuer la parternité de Georges?
A qui de Dumas ou de Félicien Mallefille (photo), attribuer la parternité de Georges? Photo: Wikicommons.

Pierre Jean Félicien Mallefille était un auteur mauricien né à Pamplemousses, le 3 mai 1813. Il s’était par la suite établit en France pour poursuivre une carrière de romancier et de dramaturge. Mallefille fut aussi diplomate à Lisbonne autour de 1848. Il compte 12 pièces de théâtre et sept romans à son actif. Peu d’éléments biographiques nous sont parvenus sur Mallefille, mis à part les nécrologies signées Alexandre Dumas et Théophile Gauthier en 1868. Et à la question de savoir à qui de Dumas ou Mallefille attribuer la paternité de Georges, je me contenterai de citer qu’a dit Gauthier du Mauricien : 

« C’était un aigle sans doute, et qui avait toujours l’œil fixé sur le soleil, mais son essor était parfois inégal, pénible ; il manquait quelques plumes à cette grande aile fiévreusement palpitante. La nature les lui avait-elle refusées ou avaient-elles été coupées par quelque balle jalouse, tandis qu’il cherchait sa route vers l’idéal ? On ne sait. »

Et on ne le saura jamais. Par contre, ce que l’on sait, c’est que celui qui a écrit Georges connaissait très bien l’Ile Maurice. J’ai ressenti une immense joie à suivre Georges, le héros éponyme, aux abords du Jardin de la Compagnie, du Champ de Mars, de Port-Louis, à Moka en passant par Rivière-Noire, tous ces lieux de mon quotidien. Outre la toponymie, Georges met en lumière un autre aspect de la société mauricienne du 19e : le préjugé de couleur. Autrement dit, le racisme.

Pierre Mulnier contemplant le Port-Louis de la Montagne des Signaux, tout comme moi. Photo: CR.
Je contemple le Port-Louis du haut de la Montagne des Signaux, tout comme Pierre Mulnier. Photo: CR.

Mulâtre

Toutefois, il ne s’agit pas ici du classique racisme-colon-esclave ou blanc-noir, tant de fois écrit, décrit, réécrit. Non, il s’agit ici d’un racisme dont on parle peu, voire presque plus : celui des blancs vis à vis des mulâtres. « Pas de mulâtres avec nous ! Pas de mulâtres ! Cri unanime, universel, retentissant, que tout le bataillon répéta comme un écho ! ». Cet écho a traversé les siècles.

L’origine étymologique du terme mulâtre proviendrait de la mule. Celle-ci est un croisement entre un âne et une jument, soit un hybride entre deux espèces différentes. Le mot mulâtre serait donc une allusion à la progéniture issue d’un croisement considéré à l’époque comme étant contre nature : celui d’un blanc et d’une noire.

Par ailleurs, le suffixe âtre dénote tout le mépris initial voué aux êtres issus de telles origines. Selon l’Office québécois de langue française, le suffixe âtre, exprime « l’approximation ou la dépréciation et il a parfois une valeur péjorative ». Lorsqu’on l’accole à un adjectif de couleur, il permet de créer un nouvel adjectif désignant une couleur approximative, un à peu près, mais pas tout à fait (ex. verdâtre, rougeâtre, blanchâtre etc). Les termes en âtre sont péjoratifs et rarement positifs (ex. marâtre, la méchante belle-mère ou encore douçâtre, d’une douceur fade).

La Rédemption de Cham considéré comme l’un des tableaux les plus racistes du XIXe siècle, montrant la « rédemption » à travers trois générations des personnages qui « blanchissent » au fur que l’on descend dans les générations. Photo: Wikicommons.

Nègres marrons

Georges décrit tout le mépris et la haine qu’éprouvaient les Blancs face aux Mulâtres. Ces derniers étaient pourtant parfois leur égal en termes de richesse, mais ne bénéficiaient pas des mêmes droits. Cette situation força certains Mulâtres à se séparer de leurs enfants et à les envoyer faire leur éducation en France, car l’unique lycée de la colonie (aujourd’hui devenu le Collège Royal de Port-Louis) était jadis réservé aux Blancs. «… je ne pouvais pas les mettre au collège ici. Le collège a été fondé pour les blancs, et nous ne sommes que des mulâtres», se résigne Pierre Munier, l’un des personnages du roman. A la lecture de ce passage, impossible de ne pas penser à la controverse d’un chant raciste, qui a ébranlé le Collège Royal de Curepipe en mars 2023.

Outre les Mulâtres, Georges donne aussi voix à une autre catégorie d’individus que l’histoire mauricienne a tut : les nègres marrons. C’est bien la première fois que je lis avec moultes détails à quoi s’apparentait le périple d’esclaves en fuite. Ces derniers se battaient, au péril de leur vie, pour leur liberté. Ils étaient obligés de se cacher dans les ronces et les denses forêts de la Rivière-Noire, traqués comme du vulgaire gibier par des hommes armés.

Le terme marron proviendrait de l’espagnol cimarrón, qui faisait référence à un animal domestique redevenu sauvage. Cependant, il n’y a rien de sauvage dans la quête de liberté, bien au contraire. J’ai ressenti la tension, la souffrance et le désespoir de ces êtres. Mais j’ai surtout ressenti toute leur résilience, leur combativité et leur profond désir de justice et de liberté!

Georges donne aussi voix aux esclaves. Photo: Sevde Sevan, Shutterstock.

Grasse à point

En sus de celle des esclaves, Georges traite également de la liberté des femmes. Cette incursion dans l’Ile Maurice du début du 19e siècle, m’a permis de découvrir l’étiquette, les usages et les convenances en vigueur pour l’éducation des filles ou pour une demande en mariage. Voici par exemple ce qu’on apprend de Sara de Malmédie : « voilà un père et un fils qui élèvent une héritière comme une caille en mue, pour la plumer à leur aise par un bon mariage, et quand la caille est grasse à point, arrive un braconnier qui veut la prendre pour lui . » Mais Sara, c’est surtout une jeune femme qui apprend à penser et à réfléchir par elle-même. Elle ose aller au-delà des convenances d’une société paternaliste, et s’affirme en tant que femme libre de ses choix.

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup apprécié Georges. Le roman est certes empreint des pensées et us de son époque, mais il ose aller au-delà de son temps. Cependant, 180 ans après, certains préjugés et injustices décriés par Georges sont hélas toujours présents dans la société mauricienne. « Sa lutte avec la civilisation était finie, sa lutte avec la barbarie allait commencer. » Et nul ne sait quand prendra-t-elle fin.


L’ex-Hôpital militaire : le plus ancien bâtiment des Mascareignes !

Le doyen des bâtiments des Mascareignes fête en ce mois de juin ses 283 ans. Il s’agit de l’ex-hôpital militaire, construit sous Labourdonnais. Suivez-moi au cœur de Port-Louis, capitale de l’Ile Maurice, à la découverte de ce joyau historique.

283 ans. C’est l’âge de l’ex-hôpital militaire de Port-Louis. Aujourd’hui, il est non seulement le plus ancien bâtiment de l’Ile Maurice, mais aussi celui des îles des Mascareignes (Ile Maurice, Ile de la Réunion et Ile Rodrigues). Inauguré en juin 1740, l’ex-hôpital militaire fait partie des trois premiers bâtiments port-louisiens construits par le Gouverneur Mahé de Labourdonnais (1). D’ailleurs, avant la prise de l’île par les Anglais, l’établissement s’appelait Hôpital du Roy ou Hôpital Labourdonnais.

Mahé de Labourdonnais fut Gouverneur-général des Mascareignes de 1735 à 1746. Il est largement reconnu pour avoir doté l’Ile Maurice d’une capitale digne de ce nom. Labourdonnais modernisa Port-Louis en lui dotant d’excellentes infrastructures portuaires, d’un arsenal et surtout d’un hôpital. En voici ce qu’il détaille dans ses Mémoires Historiques :

« L’île de France n’avait point d’autre hôpital; qu’une cabane construite de pieux en forme de palissade, qui pouvait à peine contenir trente ou trente-cinq lits. J’en fis construire un fort commode où l’on put en placer quatre à cinq cents. L’administration de ces hôpitaux m’a donné des peines incroyables, je me suis vu force de changer la régie cinq ou six fois. Je me suis même assujetti pendant une année à y faire journellement une visite, et malgré mes soins assidus, (…) malgré tous mes efforts pour augmenter nos troupeaux, il n’y avait pas assez de bœufs pour entretenir une boucherie journalière et j’étais souvent dans l’obligation de nourrir les malades de tortues et de gibiers. ».

Plan de l’une des ailes l’ex-hôpital militaire. Photo: CR

Absence d’eau potable

Outre l’approvisionnement en nourriture, Labourdonnais fit également face à un autre énorme problème : l’absence d’eau potable. Mais rien n’était impossible au grand bâtisseur qu’était Labourdonnais. Il fit ainsi construire un canal afin d’approvisionner Port-Louis en eau potable :

« Le seul canal de l’Isle de France qui conduit des eaux potables au port et aux hôpitaux, est de trois mille six cent toises de longueur, au moyen de cet aqueduc, non seulement l’habitant et les malades ont actuellement à leur porte l’eau qu’on était auparavant oblige d’aller chercher a plus d’une lieue ».

Avec l’inauguration de cet hôpital en 1740, Labourdonnais a démontré qu’il était un administrateur avisé et un grand bâtisseur. Aujourd’hui encore, les magnifiques pierres de taille du bâtiment ne laissent personne indifférent. Lors d’une conférence au Centre Culturel d’expression française, l’architecte Thierry de Commarmond, explique que l’ex-hôpital militaire a été construit sur un modèle architectural breton, mais avec du matériel local. Le sable et les coraux, dont le corail rouge, sont ces principaux matériaux. Les angles des bâtiments, le pourtour des portes, des fenêtres et des arches sont en pierre de taille de basalte local. Les remplissages sont en moellon de corail, hourdis et enduits d’argamasse. Celle-ci est une maçonnerie constituée d’un mélange de chaux et de sable corallien. On l’utilisait à une époque où le ciment n’existait pas encore.

Les arches sont en pierre de taille de basalte local et les remplissages enduits d’argamasse. Photo: CR

Nouvelle vie

Les Mauriciens peuvent aujourd’hui encore admirer l’impressionnante architecture de l’ex-établissement hospitalier. J’ai ressenti une énorme émotion en voyant les pierres presque tricentenaires de l’ex-hôpital militaire. Ce dernier était initialement constitué de deux ailes, partagées en deux cours. Deux ailes supplémentaires furent ensuite rajoutées au sud (1780) et au nord (1755). L’hôpital était constitué d’un ensemble de bâtiments: l’hôpital des blancs, celui des noirs, une salle de chirurgie, des salles des malades. Il y avait aussi un magasin, une chapelle, des latrines, un lavoir, entre autres. L’aile sud de l’ex-hôpital militaire a été restaurée il y a quelques années, en vue d’y accueillir un musée, et pas n’importe lequel.

Une aile de l’ex-hôpital militaire non-restaurée.
L’aile sud de l’ex-hôpital militaire après restauration.

Avec le Musée Intercontinental de l’Esclavage, c’est une nouvelle vie qui s’annonce pour l’ex-hôpital militaire. Quelques expositions temporaires y sont organisées, en attendant la grande ouverture du musée. Pour les Mauriciens, à l’instar de Simone, avoir un musée à la mémoire des esclavages était une nécessité. « Je n’arrive pas à croire que des humains ont traité d’autres humains de la sorte. C’est choquant. Sa mem ki zot inn fer zot mieux pou kitt sa la vi-la aller, pour ne pas subir. C’est choquant, mais mo kontan monn vinn isi, guett sa lexposition la.* » Roberto pour sa part aurait aimé voir des vestiges de l’hôpital lui-meme à l’intérieur du musée « Li bien interessant. Bizin konserv sa plas la. Ti bizin gard bann vie zafer, enn vie lili, vie termomet etc.** », propose-t-il.

Apaisement

Le Musée Intercontinental de l’Esclavage, une nouvelle vie pour l’ex-hôpital militaire. Photo: CR.

La symbolique de ce site pour un musée sur l’esclavage est très forte, car l’ex-hôpital est l’un des premiers chantiers sur lesquels les esclaves ont travaillé à leur arrivée à Port-Louis. De plus, l’ex-hôpital a accueilli de nombreux malades et blessés. Qu’ils aient été maîtres, militaires ou esclaves, ils étaient tous soignés dans ce qui était alors l’unique unité de santé et d’hygiène de la colonie. Avoir un musée dédié à l’esclavage dans les locaux de cet ex-hôpital représente symboliquement un pas vers la réconciliation de l’histoire et de la mémoire de l’esclavage à l’Ile Maurice. Tout comme l’hôpital était un lieu de soin et de guérison, le Musée Intercontinental de l’Esclavage contribuera certainement à l’apaisement des plaies de l’Histoire et à la réconciliation d’un pays avec son douloureux passé.

(1) Les deux autres sont l’Hôtel du Governement (1738) et la Boulangerie du Roy. Cette dernière avait ensuite hébergé l’Imprimerie du Gouvernement. Elle fut démolie en 1991 pour céder la place au siège de la State Bank of Mauritius.

Références :

LABOURDONNAIS, de B. (1827): Mémoires historiques de B.F. Mahé de la Bourdonnais, gouverneur des il̂es de France et de Bourbon: recueillis et publiés par son petit-fils.

TOUSSAINT, A (1936) : Port-Louis, deux siècles d’histoire (1735-1935), La Typographie moderne.

*« Je n’arrive pas à croire que des humains ont traité d’autres humains de la sorte. C’est choquant. C’est pour cela qu’ils ont fait de leur mieux pour quitter cette vie et partir, pour ne pas subir. C’est choquant, mais je suis heureuse d’être venue ici pour voir cette exposition. » 

**« C’est très intéressant. Nous devons conserver ce lieu. Ils auraient dû aussi garder des anciens objets, tels qu’un vieux lit, un vieux thermomètre, etc »